The Guardian, le média britannique gardien des intérêts des puissants
Le média aux plus de 140 millions de visites mensuelles sur le web – et l’un des plus cosmopolites – illustre à lui seul la médiocrité des médias de masse. Suite à la sortie du documentaire de Jeff Gibbs, Ozzie Zehner et Michael Moore « Planet of the humans », le Guardian a été l’un des premiers chiens de garde du système à riposter avec un article titrant « Les experts climatiques appellent à retirer le dangereux film de Michael Moore ».
Bienvenue dans le nouveau monde. Un monde où il n’est plus toléré de critiquer les choix de société faits par les élites mondiales qui se réunissent pour décider de notre avenir sans nous consulter, par exemple en signant des accord internationaux anti-écologiques et antidémocratiques comme l’accord de Paris. Pour rappel, les quelques milliers de manifestants (d’imbéciles ?) défilant dans les rues pour demander que l’accord de Paris soit respecté, ce n’est pas une consultation démocratique.
Dans son article, Oliver Milman nous explique que Bill McKibben aurait à nouveau changé sa position (pour la 54ème fois) sur la biomasse, les énergies « vertes » seraient moins coûteuses que le charbon, etc. Toujours la même soupe. Jamais rien sur l’extraction des matières premières, leur transformation, leur transport, l’assemblage de pièces pesant des centaines de tonnes et la nécessité de brûler du pétrole à chacune de ces étapes, tout ce qui est pourtant dénoncé dans le documentaire. D’ailleurs, le film a fait l’impasse sur le deep-sea mining, sur l’exploration minière, pétrolière et gazière en Afrique, voire même en Arctique alors que le monde du business s’y prépare et en discute chaque année durant un événement réservé aux dirigeants mondiaux : The Arctic Circle.
Sans surprise le contre-argument central arrive à la fin :
« En fait, la technologie utilisée pour l’éolien et le solaire s’est grandement améliorée ces dernières années, alors que les coûts ont chuté. »
Pour résumer, continuons à prier les divinités de la Sainte Technologie et du Saint Marché pour notre salut.
Ces derniers mois, nous avons pu lire plusieurs autres articles surprenants dans le Guardian. Par exemple, des tribunes vantant ouvertement les mérites d’une transition de la production de nourriture de l’agriculture vers une production entièrement hors sol, industrielle et en laboratoire :
La production de nourriture en laboratoire peut-elle sauver la planète ?
Bref, le « progrès » quoi.
Grand promoteur du végétarisme, l’éditorialiste George Monbiot est un habitué des tribunes les plus loufoques et incohérentes. Le 25 avril 2019, il publie « Osez déclarer la mort du capitalisme – avant qu’il nous emporte tous avec lui dans sa chute ». En janvier 2020, il publiait « La nourriture produite en laboratoire va détruire l’agriculture ». En 2018, il publiait aussi « Nourriture électrique – le régime de science-fiction qui pourrait sauver notre planète ».
On voit mal comment fabriquer de telles unités de fabrication à grande échelle sans le capitalisme techno-industriel responsable du désastre écologique planétaire, mais passons.
Pour finir, le journal britannique héberge aussi du contenu sponsorisé par la fondation Bill & Melinda Gates. En fait, c’est toute la rubrique Global Development qui est sponsorisée. Très pratique pour faire la promotion en Occident de ses actions auprès des paysans africains par exemple. Ainsi, Bill Gates peut nous raconter qu’il sauve le monde et réduit la pauvreté quand il finance à hauteur de 47 millions de dollars, avec la fondation Howard G. Buffett, des programmes de développement de maïs OGM dirigés par les géants des semences et de la chimie Monsanto et BASF.
En 2016, basé sur les travaux de la petite ONG Grain, j’avais déjà écrit un article sur la fondation Gates et son influence calamiteuse sur l’agriculture en Afrique.
Donc le Guardian qui publiait en janvier 2019 une tribune de l’anthropologue Jason Hickel titrant « Bill Gates dit que la pauvreté décroît. Il ne pourrait pas plus se tromper » publie maintenant des interviews du milliardaire et des papiers reprenant les graphiques de sa fondation nous montrant comment le « développement » améliore le quotidien dans les pays du Sud. Mais le Guardian nous assure qu’il reste totalement indépendant sur le contenu de la rubrique Global Development.
Comme nous venons de le démontrer en faisant appel uniquement aux sources produites par les acteurs que nous dénonçons, The Guardian est un média parfaitement fiable et indépendant, avec une ligne éditoriale cohérente, sur lequel nous pouvons compter pour vous informer…
Il n’y aucun complot, tout se déroule sous nos yeux.