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Contre l’idéologie technocratique du Club de Rome et de ses héritiers

« À l’échelle historique, la rationalité de la puissance l’emporte sur toute autre. Loin de se réduire à une caste de ronds-de-cuir au service de l’État et du Capital, acharnés à réglementer la fabrication de nos fromages, la technocratie se définit comme la classe de la puissance et de la volonté de puissance, afin d’agir sur le monde matériel ; et d’accroître sans cesse cette puissance en mobilisant les moyens propres à l’ère technologique[1]. »

– Pièces et main-d’œuvre

J’ai reproduit un morceau de l’excellent ouvrage L’imposture du Club de Rome publié en 1982 par le théoricien des relations internationales et professeur à l’université de Genève Philippe Braillard. Cette critique me paraît essentielle pour comprendre pourquoi l’on doit s’inquiéter de l’influence grandissante en France de l’ingénieur polytechnicien, homme d’affaires et lobbyiste Jean-Marc Jancovici et du think tank qu’il préside, le Shift Project. Nous ne devons pas nous laisser abuser par les architectes du désastre industriel reconvertis désormais en gestionnaires de crise pour assurer la reproduction de leur caste.

Sous couvert de défendre l’intérêt général, la décroissance et l’écologie, l’éco-technocratie a pour objectif la conservation et l’expansion du système techno-industriel, et ce peu importe le coût social et écologique. Au programme : cure d’austérité économique et énergétique sans précédent pour la majorité de la population ; relocalisation d’industries stratégiques avec leur cortège de pollutions (on prévoit d’ouvrir de nouvelles mines un peu partout en France[2]) ; amélioration des anciennes infrastructures (électrification des transports) et déploiement massif de nouvelles infrastructures pour accroître la résilience du système industriel (système à l’origine de la plupart des maux de l’époque) ; développement de nouvelles technologies de surveillance et de contrôle indispensables à la planification ; etc.

Selon toute probabilité, l’obstination pathologique de la technocratie pour empêcher l’effondrement salutaire du système-monde technologique, et ainsi préserver ses privilèges de classe, ne fera qu’alimenter le chaos global croissant qui caractérise l’âge industriel[3].


L’idéologie technocratique (par Philippe Braillard)

Si l’on cherche à découvrir la structure sous-jacente et les racines profondes du discours idéologique du Club de Rome, en dépassant donc la simple mise en évidence de ce discours et l’analyse de son thème central, il apparaît que le thème idéologique de la solidarité mondiale est de nature technocratique. La rationalité dont il procède est elle-même profondément technocratique. On peut entendre ici par idéologie technocratique une conception selon laquelle la politique doit être conduite selon les principes de l’efficacité maximale et soumise à une rationalité technique, en échappant ainsi à l’idéologie, grâce notamment à un recours aux différentes sciences. Plusieurs raisons permettent de rattacher le discours du Club de Rome au courant idéologique technocratique, qui marque sans doute profondément notre époque[4], bien que ses origines soient anciennes, ainsi qu’en témoigne par exemple l’œuvre d’un Saint-Simon.

Premièrement, comme nous l’avons déjà relevé, la plupart des travaux publiés sous les auspices du Club de Rome constituent une analyse largement tronquée des problèmes contemporains, qui tend à évacuer la dimension politique et conflictuelle des relations sociales. On constate en effet dans l’étude de la problématique mondiale, ainsi que dans les propositions d’action qui sont formulées, une absence presque totale d’analyse politique, ce qui est le propre de toute démarche d’inspiration technocratique.

Les problèmes auxquels sont confrontées nos sociétés contemporaines (croissance de la population, sous-alimentation, épuisement des ressources naturelles, dégradation de l’environnement, course aux armements, etc), et dont certains ont une dimension mondiale, sont certes des problèmes écologiques, technologiques et économiques, mais ils sont, pour la plupart, avant tout des problèmes sociaux et politiques, ou ils sont en tout cas des implications directement politiques. Une simple analyse, par exemple, des débats sur les relations Nord-Sud – relations qui recouvrent d’ailleurs une grande partie des problèmes sus-mentionnés – manifeste bien la nature avant tout politique et conflictuelle de ces débats. L’appréhension de ces problèmes, de même que la recherche de solutions, ne devrait donc en aucun cas, sous peine d’être biaisées dès le départ, négliger cette réalité. C’est pourtant ce qui apparaît trop souvent dans les rapports au Club de Rome. Ainsi, par exemple, Ervin Laszlo, dans sa recherche de buts globaux et à long terme[5], destinés à remplacer les buts actuellement poursuivis par les diverses sociétés, évacue, comme par un coup de baguette magique, les divisions et conflits politiques en recourant à une idéologie universaliste qui n’est en fin de compte qu’une projection ethnocentrique d’une rationalité et d’un mode de pensée occidentaux. De même, le rapport du groupe dirigé par Jan Tinbergen[6] cherche à analyser l’écart entre le Nord et le Sud sans vraiment prendre en considération la structure du pouvoir au plan international et les mécanismes politiques inhérents à cette structure.

On pourrait certes objecter que les rapports au Club de Rome sont loin d’évacuer totalement la dimension politique de leur analyse, puisque plusieurs d’entre eux proposent des changements structurels et institutionnels aux plans interne et international. C’est le cas par exemple de l’étude du groupe Tinbergen qui vient d’être mentionnée. Ainsi, ce rapport préconise un renforcement des institutions internationales, avant tout celles de la famille des Nations Unies. Cependant, on en reste là à la simple surface, à l’aspect formel et institutionnel de la sphère politique, car on ne fonde pas de telles propositions sur une analyse sérieuse des mécanismes du pouvoir au plan international. Les mesures proposées sont donc contestables car, d’une part, elles reposent sur une analyse tronquée et, d’autre part, elles ne sont pas formulées en tenant compte des possibilités de réalisation.

À l’intérieur même du Club de Rome, quelques voix se sont élevées pour déplorer cet état de fait. Ainsi, lors d’un débat sur le rapport rédigé sous la direction de Jan Tinbergen, Herman Santa Cruz, président du Centre international pour le développement, relevait l’absence d’une prise en considération des conditions de réalisation des changements proposés. « On évoque par exemple la mise sur pied d’une organisation financière mondiale. Comment est-ce possible, alors que, depuis la crise monétaire de 1971, tous les efforts visant à établir un nouveau système monétaire international ont systématiquement échoué ? On cite le contrôle des naissances et le changement des habitudes de consommation de certaines couches de la population des pays sous-développés comme un moyen devant contribuer à régler le problème mondial de l’alimentation. Comment est-ce possible, alors qu’il a été démontré de manière irréfutable que la croissance de la population dans les pays en voie de développement est le résultat du sous-développement. Il est en outre bien connu que les habitudes de consommation – de même que les aspirations et les systèmes de valeur – des élites dans les pays en voie de développement sont semblables ou même d’un niveau supérieur à ceux qu’on trouve en général dans les pays industrialisés. Cela signifie que, bien qu’elles soient situées physiquement à la périphérie, ces élites font partie d’une société de consommation. Dans ces circonstances, peut-on vraiment attendre de ces groupes qu’ils aient un intérêt suffisamment fort pour abandonner leur mode de vie afin de permettre les changements nécessaires des modes de production et de consommation[7] ? ».

On pourrait adresser une critique semblable à la proposition de Maurice Guernier de créer un système composé d’une dizaine de grandes communautés régionales « politiquement égales entre elles », formule qui, selon Guernier, serait capable de donner une solution au problème du sous-développement et d’assurer la paix[8]. Cette proposition relève en effet plus de la pétition de principe que d’une quelconque analyse politique. Rien ne nous prouve en effet – Maurice Guernier est en tout cas loin d’y contribuer – que de telles communautés, dont les contours demeurent d’ailleurs très flous, permettraient d’assurer la paix et de régler le problème du sous-développement. En outre, comment arriver à créer de telles communautés comprenant des ethnies, des idéologies et des cultures profondément diverses et même opposées ? Avant d’en venir à de telles propositions qui sont finalement vides de sens et sans intérêt pratique, il conviendrait de montrer que c’est bien l’absence de structures communautaires qui est la cause des problèmes actuels.

Ce dédain pour la dimension socio-politique des problèmes et pour les conditions politiques nécessaires à la réalisation des mesures envisagées est bien dans le droit fil d’une pensée technocratique procédant d’une rationalité qui tend à évacuer le politique de la réalité sociale en réduisant les problèmes à leurs dimensions économique et technique. Une telle attitude est, par certains côtés, assez proche de celle d’un futurologue comme Herman Kahn, si violemment critiqué par le Club de Rome et qui n’a fait qu’extrapoler des développements en cours, porteurs d’un certain nombre de nouveautés et de changements, sans prendre en considération l’évolution possible du système socio-politique dans lequel pouvaient apparaître ces changements et l’influence de ce système sur les facteurs économiques et techniques.

Une deuxième raison pour laquelle on peut rattacher le discours du Club de Rome au courant idéologique technocratique réside dans la tendance très manifeste à déprécier le politique. On retrouve en effet dans la conception de la mission que s’est fixée le Club de Rome, telle qu’elle apparaît à travers la plupart des rapports, la conviction qu’il est nécessaire de dépasser les idéologies, vu la gravité et l’urgence des problèmes actuels qui ne laissent plus de place pour un jeu politique stérile et dangereux, mais qui requièrent au contraire une gestion rationnelle de la planète. L’idéologie, et la lutte politique à laquelle elle est directement liée, sont donc perçues comme des facteurs négatifs, qui doivent disparaître. Pour ne prendre qu’un exemple, dans son rapport au Club de Rome, Bohdan Hawrylyshyn, après avoir montré la nécessité d’une intégration mondiale, affirme avec force que « les luttes idéologiques doivent être dépassées, car elles sont un important obstacle à une telle intégration et elles s’opposent à une meilleure efficacité des différentes sociétés[9] ».

C’est ainsi la fin des idéologies qu’annonce, après bien d’autres, le Club de Rome. Toutefois, au lieu de fonder cette thèse sur le développement économique et technologique qui permettrait une gestion scientifique et non conflictuelle d’une société post-industrielle opulente, le Club de Rome la fait reposer avant tout sur la communauté de destin et sur l’urgence de la problématique mondiale, la lutte pour la survie de l’espèce devant alors remplacer la lutte des classes.

Proclamer la fin des idéologies et prétendre soi-même dépasser l’idéologie par une analyse et une action déterminées par les seuls intérêts généraux de l’ensemble de l’humanité, n’est en fin de compte rien d’autre qu’une tentative d’occulter sa propre option idéologique. La gravité et l’urgence de certains problèmes constituent sans doute des facteurs qui devraient renforcer la volonté de s’entendre sur une politique commune. Cependant, elles ne signifient en rien une disparition des enjeux, des luttes pour le pouvoir, des conflits d’intérêts, des divergences idéologiques. L’existence de problèmes mondiaux n’implique donc pas, comme on tend à vouloir nous le faire croire au Club de Rome, qu’en prenant de la hauteur et en adoptant une perspective globale, on puisse, comme par miracle, dépasser les conflits et réconcilier tout le monde[10]. Peut-on d’ailleurs vraiment prendre de la hauteur et adopter une perspective globale ?

On est ainsi en droit de se demander si ce discours à prétention transidéologique, qui répudie le politique, n’est pas, en dernière analyse, très proche de ce que Jean Meynaud appelait l’avenirisme et qu’il considérait comme une idéologie de la conservation sociale[11]. En effet, en proclamant l’urgente nécessité d’un consensus et donc d’un abandon des luttes idéologiques, afin de permettre une gestion rationnelle de la planète et de nos sociétés, vu la gravité des dangers qui nous menacent, n’est-on pas très proche de l’idéologie véhiculée par l’optimisme technicien d’un Louis Armand ou d’un Herman Kahn, qui consiste à détourner l’attention des véritables enjeux politiques et des structures de pouvoir, en mettant l’accent sur un avenir meilleur ? Le rôle joué par le mythe du progrès dans les modèles du monde de demain que véhicule le discours du Club de Rome ne peut d’ailleurs que donner du poids à un tel rapprochement.

Cette idéologie d’inspiration technocratique se rapproche par ailleurs de l’idéologie fonctionnaliste qui, après la Deuxième Guerre mondiale, a profondément marqué l’étude des processus de coopération et d’intégration et a influencé sans conteste le développement et le fonctionnement d’un certain nombre d’organisations internationales. On trouve en effet dans la théorie fonctionnaliste de l’organisation internationale – notamment chez David Mitrany qui en est le principal inspirateur[12] – une très nette tendance à négliger l’importance des facteurs politiques. Le fonctionnalisme postule ainsi que la coopération internationale doit se situer d’abord au plan des tâches fonctionnelles de nature économique et technique, hors de l’emprise des conflits idéologiques stériles, et, qu’à partir de là, elle se développera quasi-automatiquement au stade institutionnel et politique. Dans cette perspective, qui repose sur une évidente foi technocratique, l’intégration ne procède pas d’une dynamique politique, mais économique et technique.

La prétention du Club de Rome à transcender les idéologies et à être non politique, en échappant à tout engagement politique national ou partisan[13], n’empêche pas ce groupement de chercher à influencer les décisions politiques en présentant, à travers les rapports, divers modèles d’action. On peut même constater dans certains rapports une prétention à une application directe des propositions et des modèles élaborés. On retrouve bien dans cette démarche les deux caractéristiques essentielles de l’idéologie technocratique, à savoir l’absence d’analyse politique et la volonté d’imposer au champ politique une rationalité technique et scientifique.

À cet égard, l’attitude de Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel est sans doute la plus représentative. En effet, les auteurs du deuxième rapport au Club de Rome ont cherché à proposer leur modèle d’analyse du système mondial à un certain nombre de gouvernements, dont ceux de l’Iran et de l’Egypte, en pensant qu’il pourrait être directement appliqué au processus d’élaboration de la politique de ces pays. Il est d’ailleurs frappant de constater que l’image que cette opération a suscitée dans les médias reflète bien la foi technocratique de ses auteurs. On en trouve un exemple, certes extrême mais nullement fortuit, dans la description que donne l’hebdomadaire Paris-Match de ces tentatives d’application du modèle[14]. Sous le titre fracassant « Les cent “lynx” du Club de Rome ont mis l’avenir sur ordinateur : Michel Clerc est allé interroger les fameux oracles qui, après avoir fait sensation en 1972 en dénonçant la croissance à tout prix, fournissent maintenant aux chefs d’État, sur commande, les données chiffrées des famines et des récoltes futures », on peut y lire : « Cent mille équations, soixante millions de signes électriques enregistrés sur trois bandes magnétiques. Toute l’affaire tient dans une valise. Cette valise, les deux grosses têtes du Club de Rome, Mesarovic et Pestel, l’ont ouverte à Téhéran l’autre semaine. (…) Les trois bandes magnétiques proposées à l’Iran par les commis-voyageurs du Club de Rome réunissent une somme astronomique d’informations. Elles établissent un lien mathématique entre des phénomènes apparemment dissociés. Entre le pétrole et la natalité, entre l’alimentation et l’emploi, entre la croissance et la misère. Cette somme constitue un ensemble appelé « modèle » – « le modèle mondial » – qui permet, avec l’aide d’un ordinateur, d’apprécier au premier coup d’œil l’ensemble de la situation et de ramener à tel ou tel cas particulier les lois du mécanisme global. Tout est chiffré, net, sans bavure. À l’abri de ces fantaisies humaines qui vous dressent des barricades sur la route du progrès. Le cabinet iranien a été séduit. Huit jours durant, sous l’œil vigilant de Pestel et Mesarovic, il a tripoté le « modèle » et manipulé l’ordinateur. Le Shah lui-même, alerté, sera le premier chef d’État du monde à proposer à l’ordinateur des hypothèses de travail et le premier sans doute à en tirer les conséquences. Le président vénézuélien est sur le point de faire la même chose. Sadate, l’Égyptien, étudie l’affaire. »

Un troisième élément permet de fonder le rattachement du discours du Club de Rome à l’idéologie technocratique. Il s’agit de l’importance qu’y prend la planification et la façon dont cette dernière est envisagée.

Comme nous l’avons montré, une des principales options politiques sous-jacentes aux modèles d’action du Club de Rome est celle de la société planifiée. Il s’agit toutefois d’une planification qui doit, étant donné la nature globale de la problématique et l’interdépendance des diverses sociétés, se faire à l’échelle du monde. Peccei n’hésite d’ailleurs pas à affirmer qu’à l’ère technologique seule une planification mondiale peut permettre de contrôler avec succès la problématique mondiale[15]. L’humanité doit ainsi prendre en charge l’ensemble du système mondial.

Qui dit planification dit automatiquement refus de laisser les diverses interactions sociales opérer dans le désordre, en suivant leur propre dynamique, refus de laisser à la seule initiative et à la liberté de l’individu le soin de déterminer l’évolution de nos sociétés. Dans le domaine économique, par exemple, cela implique un refus de laisser les forces du marché opérer librement. C’est une telle position qu’adopte par exemple le groupe dirigé par Jan Tinbergen, pour lequel « si le jeu inexorable des forces du marché a contribué à créer les problèmes, il est évident qu’il ne sera pas en mesure de les résoudre si on l’abandonne à ses propres règles[16] ».

Il ne peut donc y avoir planification sans un certain nombre de principes directeurs. Or, l’idéologie technocratique du Club de Rome apparaît très nettement à travers les principes sur lesquels repose la conception que ce groupement a de la planification. On a en effet souvent l’impression, à la lecture de certains rapports et surtout des analyses d’Aurelio Peccei, que la planification mondiale envisagée, loin de reposer sur une évaluation politique des problèmes mondiaux et sur un véritable débat politique, serait guidée par le seul critère de l’efficacité[17] et de l’équilibre du système mondial, sans que soit prise en considération la structure du pouvoir sous-jacente à cette recherche de l’efficacité et au maintien de cet équilibre[18].

En d’autres termes, même si le Club de Rome fait preuve d’une attitude critique à l’égard de la technologie, en adoptant un certain pessimisme technologique, son analyse de la situation mondiale et sa recherche de propositions d’action, qui débouchent sur l’appel à une planification mondiale opérée par un homme meilleur et développant pleinement toutes ses potentialités, ne s’affranchissent pas vraiment d’une attitude technocratique caractérisée par la négligence de la dimension politique et conflictuelle des problèmes. Ce n’est certes plus l’idéologie technocratique triomphaliste de l’ère de l’opulence, mais une attitude technocratique orientée vers une gestion rigoureuse et rationnelle d’une planète en crise.

On peut, à cet égard, considérer comme très révélatrice la proposition de Peccei de s’inspirer du modèle des sociétés multinationales, dans l’instauration de cette planification mondiale que le président du Club de Rome considère comme une innovation sociale. Cela implique en effet que l’on abandonne la rationalité qui préside aux choix politiques dans les institutions étatiques, vu sa prétendue inadaptation aux problèmes contemporains, pour s’inspirer de la rationalité des sociétés multinationales qui ont fait la preuve de leur efficacité et de leur capacité à adopter une perspective globale et à long terme.

Philippe Braillard


  1. https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1813

  2. https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/industries/transition-energetique-la-france-avance-en-terrain-minier_GN-202112020044.html

  3. Lire La Red Team, Ces guerres qui nous attendent : 2030-2060, 2022

  4. Voir par exemple Jean Meynaud, « La technocratie. Mythe ou réalité ? », Paris, Payot, 1964. Voir aussi « Texte zur Technokratiediskussion », herausgegeben von Klaus Koch und Dieter Senghaas, Francfort, Europäische Verlagsanstalt, 1971.

  5. « Goals for Mankind », op. cit.

  6. « Nord-Sud : du défi au dialogue », op. cit.

  7. « Some Socio-political Elements Oversighted in Current Schemes for a New International Order. A Contribution to the Club of Rome Discussions on « New Horizons for Mankind », April 1976, mimeo, p. 6.

  8. « Tiers Monde : trois quarts du monde », op. cit., p. 136.

  9. « Road Maps to the Future », op. cit., p. 175.

  10. Voir à ce sujet les remarques de Jean-Jacques Lentz, dans Mondialité et conflit, « Esprit », 12, 1975, p. 762.

  11. Voir « Les spéculations sur l’avenir », op. cit., p. 97.

  12. Voir « A Working Peace System. An Argument for the Functional Development of International Organization », Londres, National Peace Council, 4th ed., 1946.

  13. Voir Aurelio Peccei, « L’heure de la vérité », op. cit., p. 44.

  14. « Paris-Match », 11 octobre 1975. Ce texte, notamment le passage que nous reproduisons ci-dessous semble à tel point extrême que l’on pourrait être tenté de l’interpréter comme l’expression d’une attitude de dérision à l’égard du Club de Rome. Or, si l’on examine l’ensemble de l’article, on peut constater que cela n’est nullement le cas.

  15. « L’heure de la vérité », op. cit., p. 29.

  16. « Nord-Sud : du défi au dialogue », op. cit., p. 6.

  17. Voir par exemple Aurelio Peccei, « An Appeal to all Men and Women in the Spirit of the Club of Rome, on the Occasion of the Launching of the International Year of the Child », mimeo., 1975.

  18. Cette attitude technocratique est assez proche de celle qui est inhérente à l’élaboration d’un certain nombre de modèles systématiques en sciences sociales, qui mettent l’accent sur les processus homéostatiques permettant d’assurer l’équilibre et la survie des systèmes sociaux. Voir par exemple Pierre Birnbaum, « La fin du politique », Paris, Le Seuil, 1975, ainsi que Wolf-Dieter Narr, Systemzwang als neue Kateforie in Wissenschaft und Politik, in « Texte zur Technikratiediskussion », op. cit., pp. 218-245.

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