Économie du partage, évolution ou révolution ?
Les leaders de la Sharing Economy s’attaquent aux grandes industries en y bouleversant les règles du jeu. Et ce mouvement n’est pas prêt de s’arrêter. Vous avez sûrement entendu parler ou êtes déjà utilisateur régulier de BlablaCar ou AirBnB, ces petites start up qui sont en quelques années devenues des acteurs majeurs sur leur secteur. Leur point commun ? Ils surfent sur la vague déferlante de la consommation collaborative et utilisent le web comme pilier pour développer leur business.
La crise traversée par les pays occidentaux a été le catalyseur de cette nouvelle industrie du partage. Beaucoup de personnes mettent leur portefeuille sous pression pour continuer à consommer et avoir un niveau de vie décent. De plus en plus de gens ne peuvent plus se permettre d’être propriétaire d’une voiture et d’en couvrir les frais. Le succès de BlaBlaCar, la fameuse plateforme de covoiturage, était dès lors tout tracé.
On peut aussi voir le développement de ce nouveau capitalisme comme étant la conséquence de la faillite des institutions traditionnelles. On peut citer les banques qui ont, dans leur chute, précipité toute l’économie réelle. Mais ces mêmes banques renflouées par les Etats ne prêtent pas aux créateurs d’entreprise. L’apparition du Crowdfunding en est probablement une des conséquences. Les poids lourds comme KickStarter, Indiegogo ou KissKissBankBank brassent des sommes toujours plus importantes. Par l’intermédiaire de ces plateformes, les porteurs de projet s’adressent directement à leur public, peuvent tester l’attractivité de leur produit et lèvent des fonds.
Dans un autre registre, le secteur hôtelier connaît lui aussi des perturbations. Les compagnies aériennes low cost permettent à tout le monde ou presque de voyager. Dans un budget voyage l’hôtel devient la part la plus importante, les gens cherchent alors des solutions. Autre problème, certaines personnes sont lassées par les visites de ville qui se ressemblent toutes. Le nez plongé dans un guide, on erre de lieu touristique en monument pour optimiser au maximum son weekend. On a rarement l’occasion de rencontrer des locaux et partager des moments avec eux. Cela donne pourtant une toute autre dimension à l’expérience. C’est dans ces circonstances qu’AirBnB est apparu. En permettant aux particuliers de louer leur logement, les créateurs du site Brian Chesky et Joe Gebbia se sont fait beaucoup d’ennemis dans le secteur de l’hôtellerie. Le scénario se renouvelle dans les transports avec la guerre déclarée entre Uber et les taxis.
Au départ, je pensais naïvement que cette nouvelle forme d’organisation allait dans le bon sens. On allait enfin donner plus de pouvoir aux consommateurs et mettre plus d’humanité dans les échanges tout en limitant l’extraction des ressources. Après m’être documenté plus en détails, je suis plus nuancé sur la question. Si on regarde de plus près, AirBnB est la version payante du CouchSurfing. Echanger des appartements c’est bien, gagner de l’argent avec, c’est mieux.
Louer un objet au lieu de l’acheter
Un autre phénomène tend à se démocratiser et répond à une question simple : pourquoi acheter quelque chose que nous allons utiliser deux fois dans l’année ? Le partage des objets a de beaux jours devant lui. En Allemagne par exemple, il existe une application appelée « Why own it? » qui permet de trouver un « prêteur » dans les environs grâce à la géolocalisation. Pour le moment, l’initiateur du projet tient à garder le service gratuit, mais pour combien de temps ?
Déjà, des sites de location de particulier à particulier fleurissent sur la toile, Zilok en tête. La généralisation du prêt payant peut amener à se poser des questions. Dans quelques années, lorsque votre voisin viendra vous emprunter une perceuse, vous lui demanderez une contrepartie financière, et tout le monde trouvera ça normal.
On voit avec ces exemples que la consommation collaborative, séduisante au premier abord, n’a pas nécessairement pour finalité le bien-être des individus. L’image d’un nouveau modèle vertueux venant déloger le « grand méchant capitalisme » est bien loin.
Des retombées positives peuvent toutefois être anticipées. On peut supposer qu’en maximisant l’utilisation des objets (voitures ou autre), on réduira notre consommation de matières premières et par la même occasion notre impact sur l’environnement. Mais cela reste à prouver. Une voiture utilisée très souvent consommera plus de carburant, usera plus son moteur et ses pneus etc, donc nécessitera un entretien très régulier et finira à la casse plus tôt.
Selon l’auteur célèbre Jeremy Rifkin, nous assistons à la naissance d’un modèle économique qui se développera et contrebalancera le capitalisme. Personnellement, je ne crois pas que le lien entre la crise financière et l’apparition de ce modèle collaboratif implique obligatoirement la disparition ou même une modification en profondeur du capitalisme. L’avenir nous dira si l’écrivain avait raison.
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