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La catastrophe, c’est la civilisation industrielle

Bill Gates affirme que « beaucoup de gens sous-estiment comment nos vies se sont améliorées durant les deux derniers siècles ». En se basant sur une infographie compilant des données inexactes sur la pauvreté, il tient à nous démontrer les formidables progrès accomplis par la civilisation industrielle. Si vous approuvez les propos du fondateur de Microsoft, vous allez très certainement trouver que cet article véhicule une vision pessimiste du monde. Je préfère appeler ça la réalité.

Au sein du monde occidental, les messages alarmistes de Greta Thunberg, Al Gore, Leonardo DiCaprio, Harrison Ford et autres pleurnicheries des membres du star-système débilitant sont largement relayés dans les médias de masse internationaux. En France, nous assistons au même cirque avec les célébrités, influenceurs, youtubeurs, collapsologues, politiciens, éditorialistes, journalistes, scientifiques et économistes. Leur principale crainte ? L’effondrement de la civilisation industrielle. Tout ce beau monde ne s’inquiète pas tant de l’extinction programmée de lycaon pictus dont il reste moins de 1500 individus, ces gens se moquent pas mal des 1 à 3 millions de hérissons finissant chaque année pulvérisés sous les roues des voitures en France, peu importe si 87 % des zones humides dans le monde aient disparu en deux siècles, ce n’est pas si grave quand de gigantesques machines arrachent 50 milliards de tonnes de sable et de gravier à la croûte terrestre chaque année, non, ces personnes – souvent membres d’une classe sociale privilégiée – redoutent surtout les conséquences de l’éradication du vivant et du changement climatique sur leur vie au sein de la civilisation industrielle. Cette posture témoigne de la profonde rupture entre l’homme civilisé et le monde sauvage, elle est symptomatique d’un narcissisme omniprésent renforcé par les réseaux sociaux, un phénomène toxique pour la société dans son ensemble.

Ces lamentations versant parfois dans l’autoflagellation occupent l’espace médiatique et ne laissent place à aucune réflexion de fond pour comprendre d’où vient le problème ni établir un diagnostic de la situation. Apporter au public les clés pour décrypter le système ne fait pas partie de la mission principale des médias de masse qui, faut-il encore le rappeler, appartiennent pour la plupart à une poignée d’oligarques en France.

« Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin. »

Henry Ford, célèbre oligarque

Selon le Global Assessment Report de l’IPBES sur la biodiversité et les écosystèmes mondiaux, les principales causes directes d’extermination du vivant – changement d’usage des terres et des mers, exploitation directe du vivant, changement climatique, pollution et espèces invasives – « découlent d’un ensemble de causes sous-jacentes, les facteurs indirects de changement, qui reposent à leur tour sur des valeurs sociales et des comportements incluant les modes de production et de consommation, la dynamique et les tendances démographiques, le commerce, les innovations technologiques et la gouvernance depuis le niveau local jusqu’au niveau mondial. »

L’IPBES identifie le système de valeurs qui sous-tend les comportements des individus, les modes de production et de consommation, l’innovation technologique ou encore la manière dont nos sociétés sont administrées. Nous avons bien affaire à un problème d’ordre culturel. Alors que la culture dominante – celle de la civilisation industrielle – nous a menés au bord du gouffre, la plupart des élites claironnent dans leurs tribunes que l’effondrement de cette civilisation serait une catastrophe, qu’il faudrait tout faire pour sauver cette culture nuisible pour les habitants humains et non humains de cette planète. Mais l’effondrement de la civilisation industrielle sonnerait surtout la fin des festivités pour les classes dominantes. On comprend mieux pourquoi ces dernières se donnent tout ce mal, entre deux jets privés, pour marteler les mêmes inepties dans les médias. Il s’agit de fabriquer le consentement des masses, d’amener le peuple à considérer les propositions des scientifiques et des dirigeants politiques comme la seule et unique voie possible pour sauver la planète. Mieux, en utilisant des célébrités et des personnages comme Greta Thunberg, les médias construisent et influencent les opinions du peuple de façon à déguiser cette manipulation en un processus démocratique.

Résultat, des milliers de personnes manifestent pour demander à ce que l’Accord de Paris soit respecté par leurs dirigeants, un accord qui a été pondu par ces mêmes dirigeants et les multinationales responsables du désastre, un accord s’apparentant à un plan de sauvetage du capitalisme techno-industriel moteur de cette civilisation, un plan dont la mise à exécution sonnera le glas pour la planète.

Alors que les médias de masse concentrent délibérément l’attention du public sur le changement climatique pour ouvrir la voie à de nouvelles opportunités de croissance fondées sur le concept de neutralité carbone, cet article présente une longue liste des innombrables conséquences désastreuses de la civilisation industrielle. Cette liste sera mise à jour régulièrement mais elle n’a pas vocation à être exhaustive, les impacts négatifs de cette culture sont bien trop nombreux et nous n’en connaissons qu’une partie seulement.

Cet article a pour objectif de rétablir la vérité : la catastrophe, c’est la civilisation industrielle.

 

40 millions d’esclaves, 152 millions d’enfants victimes du travail des enfants

 

Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il y a dans le monde 40 millions de personnes victimes d’esclavage moderne, 71 % sont des filles et des femmes. Environ 152 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent, principalement dans l’agriculture (70,9 %), puis dans le secteur des services (17,1 %) et dans l’industrie (11,9 %).

 

2 milliards d’adultes en surpoids et obèses

 

L’Organisation Mondiale de la Santé chiffrait en 2016 à 1,9 milliard le nombre de personnes adultes âgées de 18 ans et plus en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses.

Sur les enfants et adolescents, les chiffres sont tout aussi apocalyptiques :

– 41 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en surpoids ou obèses
– Plus de 340 millions d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses.

 

Plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim

 

D’après la Food and Agriculture Organization (FAO), la dénutrition touche plus de 820 millions de personnes dans le monde, un chiffre en hausse depuis 2015.

Ce chiffre pourrait significativement augmenter en raison des vagues de sécheresses intenses touchant l’Afrique depuis plusieurs années.

 

1/3 de la nourriture produite dans le monde est gaspillée

 

Un tiers des aliments produits dans le monde pour la consommation humaine sont perdus ou gaspillés, ce qui représente 1,3 milliards de tonnes de nourriture chaque année.

Cette nourriture non consommée représente des pollutions supplémentaires (émissions de CO2, intrants chimiques, etc) et un gaspillage de ressources naturelles (terre, eau, énergie, semences, intrants).

 

200 espèces disparaissent chaque jour

 

D’après l’UNEP (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), entre 150 et 200 espèces végétales, d’insectes, d’oiseaux et de mammifères disparaissent toutes les 24 heures. Cela correspond à 1000 fois le rythme d’extinction observé comme « normal » sur les périodes historiques antérieures à la civilisation industrielle.

 

1 million d’espèces pourraient être menacées d’extinction

 

D’après le Global Assessement Report on Biodiversity and Ecosystem Services publié par l’IPBES – équivalent du GIEC pour la biodiversité -, jusqu’à 1 million d’espèces pourraient disparaître au cours des prochaines années si rien n’est fait pour stopper le carnage qu’est la civilisation industrielle.

Ce rapport se base sur une estimation d’environ 8 millions d’espèces sur Terre et reste très probablement éloigné de la réalité, nous ne connaissons qu’une infime partie du vivant que nous détruisons chaque jour et des espèces disparaissent sans avoir jamais été répertoriées. D’autre études ont estimé le nombre d’espèces à 12 millions, d’autres encore à 2 milliards voir 1 trillion d’espèces. La leçon à tirer, c’est que nous ignorons encore beaucoup de choses sur le vivant. C’est dire l’océan de bêtise dans lequel nous baignons.

 

Les populations d’animaux d’eau douce en chute de 88 % depuis 1970

 

La mégafaune peuplant les eaux douces de la planète – incluant poissons, reptiles, amphibiens et mammifères supérieurs à 30 kg – est en diminution de presque 90 % sur quatre décennies en raison de la surexploitation et de la perte d’habitat principalement. Les grands poissons d’eau douce tels que les esturgeons, les saumons et les siluriformes sont en diminution de 94 %.

Les reptiles – crocodiles, tortues et serpents aquatiques – sont en diminution de 72 %.

Lacs et rivières ne couvrent que 1 % de la surface terrestre mais abritent plus d’un tiers des espèces de vertébrés.

 

En 2048, des océans vidés de leurs poissons

 

La surpêche décime les écosystèmes marins. Au rythme actuel, les pêcheries commerciales devraient s’effondrer en 2048 laissant une masse liquide sans vie dans leur sillage. Des millions de personnes, principalement dans les pays du Sud, se retrouveront privés de leur principal source de subsistance.

 

La mort programmée de la forêt équatoriale d’Afrique

 

La forêt du bassin du Congo, seconde forêt équatoriale au monde derrière l’Amazonie, pourrait disparaître d’ici la fin du siècle si la déforestation se poursuit au rythme actuel. D’après une étude récente, c’est l’agriculture sur brûlis la principale responsable, pour le moment.

 

La consommation d’antidépresseurs augmente dans les pays riches

 

Au sein de l’OCDE (Organisation de Coopération et de développement économiques) – organisation composés des pays industrialisés -, la consommation d’antidépresseurs est en augmentation dans tous les pays.

Nous pissons du glyphosate et chions du plastique

 

Deux autres accomplissements majeurs du merveilleux « progrès » au sein de notre civilisation industrielle. Le plastique étant omniprésent dans nos vies, il contamine tous les écosystèmes jusqu’à notre microbiote intestinal. Le glyphosate, un désherbant créé par la firme Monsanto et abondamment utilisé dans l’agriculture industrielle, se retrouve lui aussi dans nos assiettes puis dans nos urines.

La civilisation industrielle extermine les peuples autochtones

 

Les peuples autochtones sont en danger sur tous les continents. En leur imposant le « progrès », la civilisation industrielle éradique les innombrables sociétés humaines existant parfois depuis plusieurs millénaires. Le patrimoine culturel de l’humanité s’appauvrit, une menace sérieuse pour la survie de notre espèce. Les peuples autochtones font partie des rares sociétés humaines ayant réussi à créer une culture capable d’enrichir le vivant au lieu de le détruire.

 

68 % de la population sera urbaine en 2050

 

Selon les Nations Unies, la part de la population mondiale vivant en zone urbaine s’établissait à 55 % en 2018, soit 4,2 milliards de personnes évoluant quotidiennement au milieu des blocs de béton et respirant un air pollué. D’après le chiffre de la Banque Mondiale datant de 2010, la superficie mondiale des zones urbaines se chiffrait en 2010 à plus de 3,6 millions de km². Soit une surface plus grande que l’Inde (3,287 millions de km²) entièrement sous le béton.

Avec l’industrialisation des pays du Sud et l’exode rural, la part de la population urbaine pourrait grimper à près de 70 % en 2050.

En 2018, les plus grandes villes étaient les suivantes :

– Tokyo : 37 millions d’habitants
– New Dehli : 29 millions d’habitants
– Shanghai : 26 millions d’habitants
– Mexico et Sao Paolo : 22 millions d’habitants

En 2030, le monde comptera plus de 43 mégacités avec chacune une population dépassant les 10 millions d’habitants, la plupart dans les pays du Sud. Cette expansion urbaine mènera à une augmentation des surfaces urbaines de 1,2 million de km², c’est plus de deux fois la surface de la France métropolitaine. C’est aussi dans les pays du Sud où la biodiversité est encore la plus riche sur la planète. Je vous laisse imaginer les conséquences de cette expansion urbaine sur les forêts, savanes et autres habitats naturels.

 

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