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Transition énergétique allemande : une stratégie gagnante sur le long terme

L’accident de Fukushima a marqué les esprits et en France les préoccupations ne cessent de grandir concernant le bien fondé d’une politique énergétique favorisant autant le nucléaire. Lorsque notre voisin d’outre Rhin annonçait l’arrêt définitif de ses centrales, les critiques de la classe politique ont fusé. L’Allemagne serait revenu à l’âge du charbon et le prix de l’électricité aurait explosé. Dans la réalité les choses sont cependant plus nuancées.

Cette sortie du nucléaire n’est pas, comme on a pu l’entendre, une décision prise dans l’urgence mais résulte d’une longue réflexion, et ce depuis des décennies. Ces débats concernent les changements climatiques, les problèmes que posent les centrales avec le traitement des déchets et le risque d’accident. Les allemands ont toujours eu un pas d’avance en matière d’environnement, et cette décision en est le reflet.

Pour compenser l’électricité issue de l’atome, Berlin a fait appel aux polluantes centrales à charbon. Sans surprise les rejets de CO2 du pays ont augmenté de 2% entre 2012 et 2013. Les prix ont également été impactés mais la hausse reste supportable puisque les dépenses énergétiques pour les ménages sont similaires de part et d’autre du Rhin. En France la facture va encore une fois s’alourdir en 2015, de 30 euros environ. Maintenir des centrales nucléaires vieillissantes aux normes coûte beaucoup d’argent.

Des créations d’emplois à la clé

Evidemment les industriels allemands comme E.on ont souffert de ce brusque changement de cap mais ils sont soutenus par l’Etat à travers l’Energiewende, la politique de transition énergétique. Cette stratégie pourrait s’avérer payante sur le long terme comme en attestent les 110 000 emplois créés entre 2011 et 2013 dans la filière énergies renouvelables. De plus, les investissements massifs dans l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie donneront à n’en pas douter une avance confortable à L’Allemagne sur ce créneau par rapport à la France.

Si un autre accident survenait dans les années à venir, il est probable que d’autres pays emboiteraient le pas à l’Allemagne. La France paierait certainement très cher son obstination.

À l’image des réformes économiques impopulaires mises en place par Gerhard Schröder au début des années 2000 et qui portent leurs fruits aujourd’hui, cette mutation forcée du paysage énergétique fournira très probablement des potentiels de croissance importants à l’avenir.

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