Qu’est-ce que la RSE ?
La RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) est bien plus qu’un terme à la mode visant à redorer l’image des grandes entreprises auprès d’un public de plus en plus méfiant. Il s’agit d’une nouvelle vision, d’une stratégie innovante qui, pour être efficace, doit s’inscrire dans l’ADN même d’une entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité. Véritable travail de fond à tous les niveaux, une stratégie RSE ne peut être efficace que si elle est transversale, transparente, comprise et appliquée par toutes les parties prenantes d’une entreprise.
La RSE – ou CSR (Corporate Social Responsibility) dans la langue de Shakespeare – prend tant d’ampleur qu’elle pourrait s’inscrire sous forme de « raison d’être » dans le Code du Commerce et fait déjà l’objet d’une norme pour en définir les meilleures pratiques. Si une démarche RSE demande de repenser toute la structure managériale, elle est sans aucun doute un vecteur de performance économique directe et indirecte qui fait ses preuves. Selon une étude de France Stratégie, les entreprises impliquées dans une démarche RSE sont en moyenne 13 % plus performantes que les autres.
Une stratégie RSE efficace doit être mesurable, car elle fait l’objet d’un rapport annuel obligatoire pour les plus grandes entreprises. Les indicateurs de performance mis en place pourront aussi être utilisés dans l’obtention de certifications ou de labels.
Décryptage des enjeux d’un sigle sur lequel toutes les entreprises devront compter à l’avenir.
[Mise à jour 19/11/2019]
Comme beaucoup de gens, j’ai cru pendant un temps – ou voulu croire – que la RSE était un progrès, une première étape de la transformation écologique des entreprises. Disons-le clairement, la RSE est une vaste farce. Des multinationales comme Unilever – premier acheteur d’huile de palme au monde – sont présentées comme des pionniers en matière de RSE. Google et Facebook se sont fixés comme objectif de consommer une énergie à 100% renouvelable, mais le renouvelable n’implique pas de stopper l’extraction de minerais, ni la construction d’infrastructures et encore moins la combustion de gigantesques quantités de pétrole. La dévastation des écosystèmes se poursuit alors dans les pays du Sud loin des yeux des occidentaux qui s’imaginent que la transition écologique est en cours. La RSE se base sur des critères environnementaux comme la neutralité carbone ouvrant la voie à la compensation carbone. Résultat, une entreprise comme Total se vante de faire de la RSE en promettant d’investir 100 millions de dollars par an dans la plantation industrielle d’arbres pour séquestrer du carbone. L’entreprise obtient ainsi, grâce à la compensation carbone, un droit à émettre du CO2. Un mécanisme de compensation similaire existe et se développe avec la financiarisation de la nature.
Le mythe de l’entrepreneur s’associant au consom’acteur pour changer la société a la peau dure. C’est une impasse, un refus de voir la réalité qui pourrait nous coûter très, très cher. Si nous voulons vraiment sauver la planète, il nous faudra un changement bien plus radical qu’une simple modification des comportements de consommation. Un basculement d’ordre culturel s’avère indispensable. Nous devons évoluer d’une culture considérant la nature comme une vulgaire ressource à exploiter vers une culture vénérant la nature et montrant un profond respect pour la vie sous tous ses aspects. Nous en sommes très loin.
[Mise à jour 19/11/2019]
Démarche RSE : une nouvelle gouvernance pour les entreprises
La prise de conscience ne s’arrête pas aux modes de vie de chacun. Les entreprises de toutes tailles prennent aujourd’hui la mesure des enjeux écologiques et sociétaux du monde moderne. Les préoccupations écologiques et la recherche d’une nouvelle économie plus sociale et solidaire donnent aujourd’hui naissance à un nouveau département au sein des entreprises, celui de la Responsabilité Sociale des Entreprises.
En effet, bien qu’elle cherche à créer de la valeur et générer du profit, une entreprise doit également être tenue responsable de l’impact de ses activités, de celles de ses filiales et sous-traitants, sur l’environnement et l’écosystème sociétal dans lequel elle évolue.
C’est dans ce sens qu’une politique RSE doit être en mesure de conjuguer profit et responsabilité en repensant les modes de fonctionnement actuels pour créer de nouvelles solutions plus éthiques et plus durables.
Souvent rapprochés des branches développement durable ou du département communication d’une société, les responsables RSE définissent et mettent en place de nouvelles stratégies tournées vers les bonnes pratiques en termes d’écologie et de progrès sociaux en mettant à contribution toutes les parties prenantes de l’entreprise. Forcément vecteur de changement, la RSE permet d’innover et de se tourner vers de nouvelles solutions durables et respectueuses de l’humain et de la planète sans pour autant compromettre la création de valeur.
RSE : au cœur de la Loi Pacte
Aujourd’hui de nombreuses entreprises questionnent et définissent leur « raison d’être ». Ce terme évoque et comprend l’intégralité des mesures prises par l’ensemble de parties prenantes d’une entreprise pour créer de la valeur et se rendre utile à la société. La « raison d’être » constitue alors la base de la culture d’entreprise et élargit la notion de vision. L’entreprise ne se contente plus seulement d’inclure les clients dans sa stratégie, mais également toutes les parties prenantes, en répondant aux enjeux sociétaux et environnementaux.
Adoptée en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, le projet de loi de réforme des entreprises baptisé PACTE (« Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises ») comporte une mesure qui pourrait accélérer les démarches RSE auprès de nombreuses entreprises. Le projet de loi, porté par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, prévoit la possibilité pour chaque entreprise d’interroger sa « raison d’être » afin de l’inscrire dans les statuts même de l’entreprise, la transformant en obligation. Elle devient alors le cœur même de toutes les stratégies à venir. Le projet de loi prévoit également d’introduire dans le droit la notion d’intérêt social de l’entreprise et de reconnaître la possibilité aux sociétés de se doter d’une raison d’être dans leurs statuts.
De grandes entreprises françaises ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles souhaitaient interroger ou réinterroger leurs raisons d’être dans le but de se conformer à la future loi PACTE.
L’ISO 26000 : le guide des bonnes pratiques RSE
Les entreprises désireuses de se lancer dans une stratégie RSE peuvent prendre appui sur les recommandations de la norme ISO 26000. Après plus de 5 ans d’étude auprès de représentants de gouvernements, d’ONG, d’industriels, de groupes de consommateurs et des chefs d’entreprises du monde entier, l’Organisation Internationale de la Normalisation a établi une liste des meilleures pratiques à suivre pour opérer de manière socialement responsable, éthique et transparente. L’ISO 26000 lève également tout doute concernant la notion de responsabilité sociétale d’une entreprise, apportant une définition claire au terme : l’entreprise engage sa responsabilité sur l’impact de ses actions et de ses décisions sur la société et l’environnement.
Cette norme ne donne lieu à aucune certification, mais sert d’outil et de guide pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité.
Le travail des 500 experts qui ont participé à la création de l’ISO 26000 a permis d’établir trois documents clés qui servent de base à la mise en œuvre de la norme :
– Le Communication Protocol qui permet aux entreprises de connaître les bonnes formulations afin de communiquer efficacement et clairement autour de leur démarche RSE.
– Un support de formation pour l’ISO 26000 au format PowerPoint afin de sensibiliser le plus grand nombre à la démarche.
– Des Documents reliant l’ISO 26000 avec les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales et avec l’Agenda 2030 de développement durable des Nations Unies.
RSE et Management : la clé du succès
Une démarche RSE ne sera couronnée de succès que si elle est transversale et considérée par toutes les parties prenantes d’une entreprise. Elle doit avant tout être comprise et appliquée par la ligne managériale. Autrement, les actions mises en place manqueront de cohésion, de cohérence et peineront à s’inscrire dans une stratégie globale d’entreprise. Pour être comprise des salariés, une stratégie RSE doit être comprise à chaque niveau de la hiérarchie.
La RSE implique la possibilité de réaliser du profit tout en impactant positivement et de manière constructive les hommes et les femmes. Il peut donc s’avérer nécessaire de déconstruire certaines pratiques managériales peu efficaces pour en créer de nouvelles fonctionnant sur une plus grande confiance et de plus grandes responsabilités confiées à chacun.
Les managers ont la tâche cruciale de déployer et de propager la nouvelle vision et les bonnes pratiques à observer. Il est donc nécessaire de former les managers à la démarche RSE afin qu’ils en prennent toute la mesure et puissent la propager efficacement. Si une base est commune à tous les acteurs de l’entreprise, il s’agit ensuite de décliner chaque action en fonction des métiers spécifiques de chacun.
La démarche RSE doit être présente lors de chaque moment de la vie d’une entreprise où des actions concrètes et précises peuvent être mises en place : sous forme d’objectifs dans le calcul de la rémunération, sous forme de nouveaux critères dans la grille d’évaluation des salariés, comme partie intégrante d’un projet d’équipe, mais aussi être à l’origine de moments de célébration afin de créer plus de cohésion.
Les managers sont ceux qui pourront, à terme, inscrire durablement la démarche RSE au cœur de l’entreprise.
RSE : vecteur de performance pour l’entreprise
Selon un point de vue capitaliste, le lien entre démarche RSE et performance de l’entreprise ne semble pas toujours évident. La mise en place de nouvelles actions peut s’avérer coûteuse et ne pas créer d’impact direct sur la vente des produits ou services de l’entreprise. Pourtant, une stratégie RSE à succès aura forcément des retombées positives sur une entreprise. Selon une étude menée par France Stratégie, les entreprises menant une politique RSE sont en moyenne 13 % plus performantes économiquement que les entreprises qui ne sont pas impliquées dans une démarche RSE. Si cette valeur passe à 5 % lorsqu’on observe la dimension « relation client », elle grimpe à 20 % lorsqu’on examine le domaine des Ressources Humaines.
En effet, si la démarche prouve des avantages économiques directs, elle permet aussi une amélioration globale du fonctionnement de l’entreprise, de ses process en passant par le bien-être des salariés et la productivité générale. La recherche de nouvelles solutions innovantes, plus économiques et plus éthiques est également susceptible, à terme, de réduire les coûts, d’augmenter le rendement de la production et de mener à la création de nouveaux produits.
Les actions RSE permettent aussi d’implémenter de nouveaux indicateurs de performance à moyen et long terme. Le domaine des Ressources Humaines bénéficie également des retombées positives d’une démarche plus sociale et écoresponsable. L’image de l’entreprise s’en trouve améliorée permettant ainsi de recruter de nouveaux talents, de gagner la confiance des salariés et de forger ainsi une véritable culture d’entreprise responsable, transparente et consciente des enjeux sociétaux.
Les bénéfices matériaux nés de la démarche RSE contribuent sur le long terme à améliorer les performances économiques de l’entreprise de manière indirecte.
Rapport RSE : faire preuve de transparence
Une stratégie RSE réussie se doit d’être mesurable et quantifiable. Outre la définition et la mise en place de la stratégie, le responsable RSE aura également pour tâche de rédiger un rapport RSE, obligatoire pour toutes les entreprises cotées en bourse de plus de 500 employés et/ou totalisant un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros.
Ce rapport annuel est un rapport extra-financier visant à améliorer la transparence sur les activités de l’entreprise. Il permet de mesurer ses actions sur l’environnement et sur la société. Ce document clarifie également les enjeux RSE spécifiques auxquels fait face une entreprise et identifie les actions menées.
Le rapport explore trois thématiques :
– La thématique sociale qui englobe l’emploi, la formation, la santé et la sécurité au travail, l’organisation du travail, les relations sociales, la diversité et l’égalité des chances ainsi que la promotion et le respect des conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du Travail.
– La thématique sociétale prenant en compte l’impact territorial, économique et social de l’activité de l’entreprise, les relations entretenues avec les personnes ou organisations intéressées par la ou les activités de l’entreprise, la sous-traitance et les fournisseurs, la loyauté des pratiques, le respect des droits de l’Homme.
– La thématique environnementale avec la politique générale en matière environnementale, la pollution et la gestion des déchets, l’utilisation durable des ressources, le changement climatique et la protection de la biodiversité.
L’entreprise devra indiquer les impacts de son activité sur chaque axe ainsi que les actions écoresponsables mises en place.
Les labels RSE : certifier l’engagement
Le grand public est aujourd’hui très sensible aux engagements écoresponsables et éthiques d’une entreprise ou d’une institution. La possession d’un label ou d’une certification permet à une entreprise de signifier son engagement réel auprès du grand public et de le rappeler à toutes les parties prenantes. Il en existe aujourd’hui plusieurs, à un niveau national comme international. Certains mettent à votre disposition des experts dédiés jusqu’à l’obtention de la certification, d’autres valident les actions mises en place.
Dans la jungle des labels et certifications RSE, on retrouve par exemple :
– Le Label Afnor qui peut être obtenu par les très grandes comme les très petites entreprises. Le label s’appuie sur un référentiel construit selon les normes ISO 26000 et SD 21000. Un expert est mandaté pour évaluer les performances éthiques de l’entreprise, sa capacité à identifier les enjeux RSE qui lui sont propres et la pertinence de la stratégie déployée.
– Le Label Lucie 26000 qui s’engage à venir en aide aux entreprises, associations et collectivités désireuses de mettre en place une démarche RSE calquée sur la norme ISO 26000. Au contact des entreprises, le label développe de nouveaux outils innovants capables d’optimiser les stratégies RSE.
– La charte UN Global Compact qui impose le respect de 10 principes relatifs aux Droits Humains, aux normes internationales du travail, à l’environnement et à la lutte anticorruption. Cette charte est reconnue internationalement.
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