Empreinte écologique

L’empreinte écologique est un indicateur mesurant la pression exercée par les activités humaines au sein de la civilisation industrielle sur la nature. Nous précisons ici « civilisation industrielle » car d’innombrables autres cultures à travers le monde, bien plus proches de la terre et dépendantes d’écosystèmes en bonne santé, n’ont jamais ressenti le besoin de concevoir une statistique chiffrée pour évaluer leur impact.

Pour calculer l’empreinte environnementale, on comptabilise la surface terrestre et marine, ainsi que la quantité d’eau nécessaire pour subvenir aux besoins d’un individu, d’une ville ou d’un pays. Cette mesure prend également en compte le territoire nécessaire à l’absorption des déchets. Dans le cadre d’une démarche de développement durable et de mesure d’impact – donc de greenwashing -, cette donnée fournit une indication de l’incidence d’un individu, d’une entreprise, d’une ville ou d’un pays sur les ressources naturelles disponibles dans un territoire donné.

Définition de l'empreinte écologique.

Définition de l’empreinte environnementale

Elle correspond à une comptabilité environnementale et s’obtient en prenant en compte la biocapacité, c’est-à-dire la capacité d’une zone bioproductive à produire des ressources naturelles et à absorber les déchets générés sur cette même zone. Il y a déficit écologique lorsque l’empreinte écologique est supérieure à la biocapacité.

Calculé par l’ONG Global Footprint Network depuis 2003, le célèbre « jour du dépassement » ou « Earth Overshoot Day » repose sur la notion d’empreinte écologique et signifie qu’à partir de cette date, l’humanité développée et industrialisée a épuisé les ressources naturelles produites par les systèmes vivants en une année. Chaque année, cette date avance dans le calendrier. En 2018, l’Earth Overshoot Day survenait le 1er août ; en 2019, c’était le 29 juillet.

Calcul de l’empreinte écologique

Pour calculer l’Earth Overshoot Day, le Global Footprint Network fait le rapport entre la biocapacité et l’empreinte écologique de l’humanité multiplié par 365.

L’empreinte écologique est la pression exercée par l’homme sur le « capital naturel » (ressources naturelles et services écologiques), pour employer les mêmes termes que les experts, financiers et autres bureaucrates considérant la nature comme une marchandise. La biocapacité correspond à la surface bioproductive sur la planète, c’est-à-dire qui produit de la matière organique.

La biocapacité englobe 5 types de surfaces bioproductives :

• Champs cultivés
• Pâturages
• Forêts
• Pêcheries
• Terrains construits

Pour l’empreinte écologique, il y a 6 types d’empreintes correspondant aux surfaces bioproductives puisque les forêts produisent deux types de « services » qui entrent en compétition. Soit elles stockent du carbone, soit elles produisent du bois, mais elles ne peuvent pas faire les deux à la fois.

L’unité de calcul est l’hectare global (hag) qui mesure l’unité de surface utilisé pour subvenir à nos besoins en produits et services ainsi que pour traiter nos déchets. D’après le Global Footprint Network, il y avait 12 milliards d’hectares de surfaces terrestres et marines bioproductives en 2013 sur Terre. En divisant par la population mondiale, soit 7 milliards d’habitants, cela donne 1,72 hectare global par personne.

Pour vous amuser à calculer votre impact écologique, vous pouvez vous rendre sur le calculateur du Gobal Footprint Network. Mais n’allez pas imaginer qu’il suffit de connaître son empreinte écologique et de changer sa façon de consommer pour sauver la planète.

Cette mesure de l’empreinte environnementale est fausse

Les auteurs d’une étude parue en 2013 dans la revue PLOS BIOLOGY prétendent que les mesures servant à construire l’empreinte écologique globale du Global Footprint Network, des mesures utilisées pour définir l’Earth Overshoot Day, sont « si trompeuses qu’elles sont inutilisables dans tout contexte scientifique ou politique sérieux. »

D’après Linus Blomqvist, un des auteurs de l’étude, l’indicateur se base presque entièrement sur les émissions de CO2 et ne comptabilisent pas l’épuisement des ressources dans les autres catégories mesurées : agriculture, pâturages, forêts et pêcheries. Pas parce que cet épuisement est négligeable, mais parce que l’empreinte écologique est un « indicateur complètement faux ». Pour le dire autrement, le désastre environnemental est largement sous-évalué par cette mesure de l’empreinte écologique.

Selon Blomqvist :

« Pour être en équilibre ou en excédent écologique, un pays doit être autosuffisant en matière de cultures vivrières, de pâturages, de poissons, etc. Mais l’empreinte écologique ne nous dit pas si ces denrées sont produites de manière durable. Ainsi, la Belgique, un petit pays disposant de peu de terres agricoles et de forêts, est dans le rouge. De son côté, la Finlande, avec beaucoup de forêts mais une consommation de ressources par habitant similaire, est dans le vert. L’empreinte environnementale n’est pas une mesure de la soutenabilité écologique d’un pays, c’est une mesure de son autarcie écologique. »

Un concept révélateur de l’aveuglement général

Que l’on soit obligé de construire un indicateur chiffré pour comprendre l’origine et les mécanismes à l’oeuvre dans la dévastation environnementale planétaire en dit long sur notre aveuglement au sein du monde civilisé. Un Européen vit dans un environnement artificiel très complexe sur lequel il n’a aucune emprise. Il est par exemple incapable de faire la liste des pays d’où proviennent les produits agroalimentaires présents dans son réfrigérateur, ni la manière dont ces derniers sont fabriqués. Il n’est pas non plus capable d’énumérer les matériaux présents dans chacun des quelques centaines ou milliers d’objets composant son salon, sa chambre ou sa cuisine, encore moins l’origine de ces matériaux ainsi que les conditions d’extraction, de production ou de transport. Réduit à l’état de consommateur et prisonnier d’un mode de vie, d’une culture uniforme, l’Européen moyen est presque totalement impuissant pour réduire son empreinte écologique dans le cadre du système technocapitaliste dominant actuellement sur le globe.