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Rencontres Technologos et Sciences Critiques 2023 (Compte-rendu)

Je me suis rendu aux deux journées de conférences-débats organisées par l’association Technologos et le média Sciences Critiques le mois dernier à Paris. La critique de la science était à l’honneur. Parmi les intervenants, j’en retiens trois.

Arthur Guerber sur l’histoire populaire des sciences

Auteur de La fabrique du progrès – Scientisme, système technicien et capitalisme vert (2022), ce jeune médecin a retracé l’histoire de l’accaparement de la production du savoir par la technocratie, un savoir autrefois produit de façon empirique par des paysans et des artisans – des gens qui utilisent autant leur tête que leurs mains. Les techniques précédaient autrefois le savoir théorisé, un processus qui s’est inversé. La théorie précède désormais la mise en application. Arthur Guerber est aussi revenu sur la prétendue universalité des principes de la Science (la méthode scientifique n’existe pas). Il existe une infinité de façons de produire des connaissances. Guerber a rappelé à juste titre que les scientifiques employés par de grandes firmes pharmaceutiques ont volé un peu partout dans le monde des connaissances empiriques sur les plantes médicinales accumulées durant des siècles/millénaires par des peuples autochtones (biopiraterie). Il a aussi parlé de l’uniformisation du savoir scientifique, résultat de la centralisation-normalisation imposée par les États et des instruments/technologies utilisés pour la recherche. Ce qui montre encore une fois que science et technologie ne sont jamais neutres.

Agnès Rousseaux sur la convergence NBIC

Journaliste, directrice de Politis et co-auteure avec le biologiste Jacques Testart du livre Au péril de l’humain – les promesses suicidaires des transhumanistes (2018), Agnès Rousseaux est venue parler d’un sujet peu connu, peu vulgarisé, probablement parce qu’il ne fait rêver qu’une poignée de mégalomanes : la convergence NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, sciences Informatiques et Cognitives). Avec cette nouvelle révolution industrielle, la technocratie veut prendre le contrôle des processus biophysiques et biochimiques sur Terre, domestiquer tous les êtres vivants voire créer une nouvelle biodiversité (xénobiologie). À ce sujet, je vous avais déjà parlé du Xénobot, première machine biosynthétique, ainsi que du développement de l’utérus artificiel. Le délire de puissance et de domination de la nature poussé à son paroxysme.

Pour en savoir plus sur la convergence NBIC, lire ce dossier : https://greenwashingeconomy.com/convergence-nbic-domination-totale-nature-par-technologie/

François Graner sur la nécessité d’arrêter la recherche scientifique

Biophysicien, directeur de recherche au CNRS, François Graner revendique l’héritage du mathématicien Alexandre Grothendieck qui se demandait déjà, en 1972 au CERN, si la recherche scientifique ne menaçait pas l’humanité et l’intégrité de la biosphère. Graner a montré pourquoi réguler la recherche est une absurdité, notamment parce qu’il est impossible d’anticiper les conséquences potentielles, au plan social, écologique ou politique, de chaque découverte. Comme l’expérience nous l’enseigne, le régulateur intervient toujours une fois que le mal est déjà fait, comme pour légitimer le fait accompli.

Une interview de François Graner à lire sur le site de PMO : https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/lelephant_-_itw_graner.pdf

Philippe Oberlé

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