Earth Hour 2019 : une diversion du WWF, l’expert du greenwashing
Préparez-vous, le 30 mars et comme chaque année depuis 2007, le WWF nous invite tous à éteindre les lumières pour sauver la planète. Un geste « symbolique » censé nous mobiliser contre l’éradication de la biodiversité et le changement climatique. Comme d’habitude, une belle opération de communication pour lesquelles les équipes de la multinationale au panda sont très douées.
Au-delà du marketing et de la com’, que fait le WWF avec la montagne de pognon qu’il récolte chaque année ? 767 millions d’euros juste en 2017, plus de la moitié en donations provenant de particuliers ! Cela mérite qu’on s’y intéresse.
Etant donné l’urgence de la situation actuelle sur le climat et la biodiversité, nous ne pouvons plus tolérer que des ONG environnementales d’envergure internationale usent et abusent du mensonge pour maintenir un système qui détruit le vivant et qui menace notre avenir à tous sur cette planète.
Nous pouvons accepter des erreurs ou un dérapage, cela peut arriver à tout le monde. A fortiori dans le cas d’une structure possédant des antennes dans plus de 100 pays. Mais dans ce cas, des mesures pour corriger le tir et pour se restructurer seraient la bienvenue pour éviter que cela ne se reproduise.
Mais dans le cas du WWF, force est de constater que les années se suivent et se ressemblent. Abonné aux scandales et passé maître dans l’art de l’éco-blanchiment, il y a un bien gouffre entre ce qu’il considère être sa mission et ses actions concrètes.
Et comme si cela ne suffisait pas, Pascal Canfin, ancien directeur du WWF France, vient de rejoindre la liste LREM pour les élections européennes aux côtés de Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteurs, un syndicat agricole pro-glyphosate et pro agriculture industrielle. Après son Make Our Planet Great Again, Emmanuel Macron et son parti LREM persistent et signent dans le greenwashing politique. Je rappelle au passage qu’en dépit des promesses, le glyphosate ne sera pas interdit et les aides aux agriculteurs en conversion bio, une période délicate pour eux, passeront de 5 à 3 ans. Merci Manu ! 😉
Cette nouvelle est en parfait accord avec la ligne directrice du WWF comme vous allez pouvoir le constater en lisant la suite.
Le WWF est une organisation nuisible servant les intérêts des irresponsables menaçant notre avenir à tous. Une organisation qui mériterait d’être démantelée vu sa « contribution » au bien commun et qui ne mérite certainement plus le titre de « Fondation reconnue d’utilité publique » comme il est indiqué dans leurs mentions légales.
Voici quelques exemples qui vous feront peut-être réfléchir avant de confier votre argent au panda.
Le Earth Hour ne sert à rien
Pour ceux qui douteraient de mes propos, je vous invite à consulter le site du Earth Hour. A part de la communication, des vidéos, des brochures, un kit pour vous expliquer comment propager le buzz, c’est le néant côté action climatique.
Le bilan énergétique d’une telle opération médiatique dépasse probablement l’économie réalisée en éteignant nos lumières.
Sur le site du Earth Hour, regardons de plus près le paragraphe « Se mobiliser » :
Ensemble, reconnectons-nous à la nature ! Redécouvrons les espaces verts de nos villes, végétalisons nos immeubles, développons l’agriculture urbaine, choisissons une alimentation qui privilégie une agriculture respectueuse de l’environnement, mobilisons-nous contre des projets économiques destructeurs d’espaces naturels, luttons contre le trafic d’espèces sauvages ! La biodiversité est dans notre nature, il suffit de lancer la conversation et de proposer d’agir concrètement. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer dans la protection de la nature.
Retenez le terme « alimentation qui privilégie une agriculture respectueuse de l’envrionnement », j’y reviens plus loin.
Mis à part éteindre nos lumières et la tour Eiffel, à part faire un buzz sur les réseaux sociaux, le Earth Hour n’est autre qu’une énième opération de communication minable organisée par des spécialistes du brassage de vent.
Des exactions dénoncées par une enquête de BuzzFeed
Une enquête très documentée du site BuzzFeed publiée le 4 mars 2019 révèle que le WWF finançait des unités anti-braconnage responsables de tortures, de meurtres et de viols sur des peuples autochtones aux abords ou dans des aires protégées en Afrique et en Asie.
Le WWF n’a pas démenti ces accusations et a lancé une enquête.
L’ONG Survival International spécialisée dans la sauvegarde de la culture et du mode de vie des peuples premiers dénonce depuis des années déjà les expulsions et les persécutions que subissent les Pygmées en Afrique centrale.
Le WWF est partenaire de l’industrie de la chasse en Afrique australe
En Namibie et en Afrique du Sud, les responsables locaux du WWF soutiennent ouvertement l’industrie de la chasse ainsi que la chasse aux trophées quand elle est « strictement régulée et gérée », or les faits montrent que ça n’est jamais le cas. La chasse aux trophées est considérée comme bénéfique pour la conservation des espèces menacées, pour les communautés locales et pour l’économie des pays africains. C’est aussi la position de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Or des études – dont ironiquement une étude de l’UICN ou encore celle-ci – montrent que la chasse a un impact négatif sur les écosystèmes, génère un revenu ridicule à l’hectare et n’apporte quasiment aucun bénéfice aux communautés locales. A cela s’ajoute la corruption qui empêche toute forme de régulation de cette industrie et des dysfonctionnements à répétition pour l’organisme chargé de réguler le commerce international d’espèces menacées, la CITES.
Les partisans de la chasse aux trophées mettent en avant les populations d’animaux qui se portent plutôt bien en Afrique du Sud et en Namibie. Mais bien souvent, les animaux sauvages sont parqués dans des réserves clôturées où ils sont élevés comme du bétail. Les animaux sont achetés et revendus sur des marchés. La conservation comme business prime sur la préservation du monde sauvage. Ce système a été pensé et construit sur l’illusion que le marché peut régler tous nos problèmes.
L’histoire de John Hume a fait du bruit. Ce sud-africain s’est lancé dans l’élevage intensif de rhinocéros blancs – plus de 1600 sur sa ferme sur une population estimée à 20 000 en Afrique du Sud – dans l’unique but de revendre les cornes sur le marché asiatique. Problème, leur commerce n’est pas autorisé et inonder le marché avec des cornes de rhinocéros pourrait créer un appel d’air.
Voilà la définition de la conservation de la nature pour le « World Wildlife Fund ». Je les invite donc à retirer le terme « wildlife » de leur nom car, à ce rythme, le monde sauvage ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.
La Cour des comptes épingle le WWF France pour manque de transparence
L’année dernière, la Cour des comptes a taclé le WWF France pour ses campagnes de fundraising centrées sur des animaux emblématiques. Il semblerait que les fonds récoltés ne soient pas forcément affectés à des programmes de conservation pour ces espèces.
Bref, faire un don au WWF c’est prendre le risque de se faire entuber. Vous êtes maintenant prévenu.
Quand Cash Investigation accuse le WWF de greenwashing
Le reportage met en lumière le partenariat entre le Crédit Agricole, investisseur notoire dans les énergies fossiles mais s’autoproclamant précurseur sur le « green banking », et le WWF. Ce juteux contrat rapportait 400 000 euros par an à l’ONG. Visiblement d’après le rapport d’activités 2016-2017, la banque est toujours partenaire du WWF dans le cadre du Science Based Targets pour s’aligner sur une trajectoire « 2 degrés ».
Je note que l’objectif a été réhaussé de 0,5°C par rapport aux 1,5°C. Bravo, une belle preuve d’engagement !
Survival International attribue un prix du greenwashing au WWF
En 2017, l’ONG Survival International attribuait un prix du greenwashing à la firme au panda :
« Ce prix est attribué aux entreprises et organisations qui font passer pour de la protection de la nature la destruction de forêts appartenant à des territoires autochtones. »
Le WWF et d’autres mastodontes de la pseudo-conservation de la nature comme la WCS (Wildlife Conservation Society) sont accusés de donner leur bénédiction à des firmes pratiquant l’exploitation forestière illégale et expulsant les Pygmées Baka et Bayaka de leurs terres ancestrales dans le bassin du Congo. Parmi ces entreprises, on retrouve les groupes Bolloré, Danzer, Decolvenaere, Pasquet, Rougier, SEFAC, Vicwood et Olam.
Un documentaire Arte un peu orienté montrait en 2013 « l’exploitation durable » de la forêt par le groupe Danzer. Dans tous les cas, même avec très peu d’arbres abattus à l’hectare, l’impact généré sur la biodiversité est dévastateur. Les forestiers aménagent des routes au milieu de la forêt qui donnent accès à des coins reculés riches en animaux, une aubaine pour les braconniers.
Le reportage d’Arte met en avant les efforts du groupe Danzer pour participer au développement de la ville de Ngombé en République du Congo. Mais ce développement n’est pas durable et provoque des dommages collatéraux. La consommation de viande de brousse explose et le braconnage commercial tourne à plein régime pour répondre à la demande.
Même si les gorilles des plaines ne semblent pas trop souffrir de ce trafic pour le moment, la forêt est littéralement pillée de ses animaux.
Le WWF France est en partie financé par de grands groupes industriels
Une ONG financée par une brochette de grands groupes de l’agroalimentaire, de la grande distribution et par de grandes banques :
Le WWF accompagne le groupe Bel, un géant industriel des produits laitiers dont le chiffre d’affaires avoisine les 3 milliards d’euros, pour développer des filières durables de production de soja et d’huile de palme – nourriture principale des vaches laitières – respectivement au Brésil et en Indonésie. Mais qui peut croire qu’une agriculture industrielle puisse devenir durable ?
La carte ci-dessous issue d’une récente étude montre les zones où les activités humaines ont l’impact le plus important sur les espèces menacées. L’Indonésie en rouge est littéralement ravagée par la culture d’huile de palme, le Mato Grosso l’est de plus en plus par la culture du soja.
Dans un système alimentaire industrialisé qui gaspille un tiers de la nourriture à destination de la consommation humaine chaque année – soit 1,3 milliard de tonnes -, il n’y a pas de place pour le « durable ». Pour produire toujours plus de lait et de viande à un coût toujours plus bas, il faut raser les forêts à l’autre bout de la planète et planter des monocultures souvent OGM largement arrosées d’intrants chimiques. C’est tout le système qu’il faut repenser.
Même le groupe Petit Navire fait partie des partenaires financiers du WWF alors qu’il est accusé par Greenpeace depuis des années d’utiliser les pires techniques de pêche qui vident nos océans, comme le DCP ! Et le WWF ose nous parler de pêche responsable dans son rapport d’activité ? Mais quelle blague !
Cerise sur le gâteau, le pull moche de Noël à 180 balles
Durant une opération de com’ (encore une) lancée en décembre 2018, on a pu voir plusieurs personnalités arborer le pull moche de Noël made in WWF avec des petits cyclones et des ours blancs tout mignons. L’ONG a cherché à rebondir sur la tendance des pulls kitsch de Noël qui a dernièrement fait le buzz sur les réseaux sociaux. Comme d’habitude, on est plus dans le marketing pur et dur que dans l’action concrète sur le terrain.
Quand la fast-fashion est de plus en plus critiquée pour sa pollution et son gaspillage colossal de ressources naturelles, le WWF nous sort donc un pull à usage unique que les gens ne mettront qu’à Noël ou au boulot pendant une journée histoire de prendre 2 ou 3 selfies. Ils n’ont décidément rien compris à l’écologie au WWF…
Alors on fait quoi ?
Nous sommes en 2019. Depuis la COP 21 en 2015, rien n’a avancé sur la question climatique. Seulement 16 pays sur 197 respectent l’Accord de Paris. Parmi eux, aucun membre de l’Union Européenne, pas même la France qui a accueilli la COP21 et qui devrait se montrer exemplaire. Je ne parle même pas de l’état critique de la biodiversité. L’effondrement des écosystèmes nous pend au nez. Le dernier rapport de la FAO sur le sujet parle même d’une possible pénurie alimentaire mondiale en raison du manque de diversité des cultures les rendant sensibles aux maladies et parasites, mais aussi en raison de la disparition des pollinisateurs.
Des opérations de communication stupides à l’image du Earth Hour ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux. Pire, elles ne servent qu’à détourner l’attention du public des vraies questions. Notre mode de vie à l’occidentale n’est plus tenable et il temps de changer radicalement nos habitudes, notre façon de consommer, de voyager et notre vision du monde.
Avant de donner à une ONG, renseignez-vous un minimum sur ses actions, son historique, ses partenaires et son rapport d’activités. Trop d’ONG font simplement des campagnes de communication ou de sensibilisation. Mais quel est le bilan ? Est-ce suffisant pour changer les choses ou faut-il passer à un niveau supérieur dans la mobilisation ? C’est ce que certains préconisent.
D’autre part, si mettre la pression sur les décideurs est important, chacun doit faire sa part pour accompagner le changement et transformer notre économie.
Selon l’étude publiée par le cabinet B&L Evolution, rester dans la trajectoire des 1,5°C implique de profonds changements :
- Division par 3 de la consomation de viande et de produits laitiers
- Chauffage à 19°C pour tous
- Multiplication par 4 de la durée de vie des appareils électroniques
- Division par 3 du flux de données échangées
- Plus d’artificialisation des sols (pour rappel on bétonne 65 000 hectares/an en France, soit un département moyen tous les 8 ans)
- Terminés les produits transformés et emballés
- etc
Il s’agit de repenser complètement le système. Non seulement cette métamorphose donnerait à la France la résilience nécessaire pour affronter les chocs climatiques à venir, mais elle pourrait créer plus d’1 000 000 d’emplois en 5 ans.
Je termine par cette citation de Darwin en guise de conclusion :
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».
(Mise à jour 09/11/2019 : le « chacun doit faire sa part » est une vision libérale de l’écologie, c’est une impasse. Je vous conseille de lire l’article « Oubliez les douches courtes ! » de Derrick Jensen pour mieux comprendre.)