Qu’est-ce que la croissance verte ?
Définition officielle
Liée à la notion de développement durable, la croissance verte consiste à mettre en place une stratégie de développement économique soutenable sur le long terme tout en veillant à ne pas déprécier le capital naturel, autrement dit les ressources naturelles et la biodiversité.
Une économie verte impliquerait aussi de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, il faudrait réduire voire supprimer notre consommation d’énergies fossiles en réalisant la transition écologique.
La réalité
La croissance verte est tout aussi dépendante des énergies fossiles que la croissance tout court : elle contribue tout autant à l’exploitation de millions de personnes travaillant dans des conditions inhumaines (industrie minière, usines, déchets produits dans les pays riches et industrialisés du Nord envoyés dans les pays du Sud pour être pris en charges par des travailleurs-esclaves, etc) ; la construction d’infrastructures et de centrales pour les énergies renouvelables anéantit des écosystèmes entiers ; la croissance verte repose sur des technologies et des industries hautement anti-démocratiques, etc.
L’idée d’une croissance verte repose sur une théorie fumeuse partant du principe qu’un découplage entre la consommation de ressources naturelles et la croissance économique serait possible. Avec une augmentation de l’efficience de nos économies (produire plus avec moins), en particulier via l’intensification énergétique et le développement technologique, nous pourrions selon cette théorie réduire la consommation globale de matières premières et d’énergie de manière à poursuivre la croissance tout en stabilisant l’empreinte écologique. Mais dans les faits, les gains d’efficacité – par exemple une machine qui consomme moins d’énergie pour produire – n’empêchent jamais la consommation globale d’énergie et de matières premières d’augmenter. C’est ce que les économistes appellent l’effet rebond ou le paradoxe de Jevons.
D’autres économsites vont plus loin, à l’instar de Niko Paech. Selon lui, la société industrielle ne peut pas être matériellement efficiente en raison de sa structure (voir cet article).
Selon l’OCDE, les politiques de croissance verte doivent inclure :
- l’optimisation de la productivité grâce à plus d’efficience pour réduire l’utilisation des ressources naturelles, la consommation d’énergie et la production de déchets ;
- un renforcement de la confiance des investisseurs grâce à une politique environnementale clairement définie ;
- l’ouverture de nouveaux marchés par une stimulation de la demande de produits, services et technologiques écologiques ;
- la réduction des risques de crise économique provoquée par la réduction des ressources de matières premières, par des pollutions devenues incontrôlables (exemple : le plastique dans les océans) ou encore par des événements climatiques.
L’OCDE précise aussi qu’il est nécessaire de trouver d’autres indicateurs que le PIB pour mesurer la performance de nos économies. Celui-ci ne prend pas en compte la dépréciation des actifs naturels ou encore le niveau de bien-être dans une société. Des indicateurs du niveau de bien-être ont déjà été produits, mais ces derniers sont forcément biaisés car conçus par des technocrates employés dans des institutions internationales aux mains des grandes puissances industrielles de l’Occident. Ces dernières veulent imposer leur modèle culturel et social hautement inégalitaire au reste du monde.
En analysant les indicateurs de bien-être de l’OCDE et de l’ONU, puis en les comparant à d’autres données, nous avons constaté que les pays où la consommation d’antidépresseurs est la plus importante obtiennent les meilleurs classements. Les technocrates des institutions internationales ont une étrange conception du bonheur.
La transition énergétique, moteur de la croissance verte
Au cours du XXème siècle et encore aujourd’hui, la croissance de l’économie capitaliste mondialisée est alimentée par les énergies fossiles : pétrole, gaz et charbon. Pour continuer à créer de la valeur sans émettre des quantités énormes de CO2 dans l’atmosphère, il faudrait selon les thuriféraires d’une croissance plus verte, plus bio, plus « propre », changer de moteur et de carburant en effectuant une transition vers les énergies renouvelables. Mais comme nous l’avons déjà écrit ailleurs, la transition énergétique est un mirage car les nouvelles énergies s’additionnent aux précédentes. La consommation mondiale de charbon augmente constamment depuis la première révolution industrielle, et ce malgré l’arrivée du pétrole, du gaz ou du nucléaire dans le mix énergétique.
Économie verte : le greenwashing se décline en plusieurs variantes
- Economie circulaire : les scientifiques cherchent à créer de nouvelles matières premières à partir de matières organiques renouvelables et biodégradables. L’éco-conception devrait devenir la norme pour mettre fin à l’obsolsecence programmée, prolonger la durée de vie des produits et réduire les déchets en fin du cycle de vie, etc. Les promoteurs de l’économie circulaire oublient simplement de préciser que la société industrielle dévastait déjà l’environnement au début du XXe siècle, quand l’écoconception et le réemploi étaient la norme.
- Des politiques publiques devraient favoriser les entreprises vertueuses et pénaliser les pollueurs. Changer les règles du jeu serait nécessaire pour faire évoluer le système ; plus difficile à dire qu’à faire dans une économie mondialisée ultra-concurrentielle. L’État providence, qui planifierait et organiserait l’économie pour redistribuer les richesses, est une aberration dans l’environnement économique actuel et n’a par conséquent aucune chance de revoir le jour.
- Recyclage des déchets systématique, même si le zéro-déchet est encore mieux. Selon les principes du biomimétisme, la notion de déchet ne devrait plus exister. Mais là encore, c’est une belle arnaque.
- Rénovation thermique des logements anciens pour améliorer leur performance environnementale et pallier à la précarité énergétique. Outre le coût pharamineux, rappelons ici que le secteur du BTP est l’un des plus consommateurs de ressources et celui qui produit le plus de déchet à l’échelle de l’Union Européenne.
Nous entendons parler de ces solutions depuis des décennies déjà, et pourtant rien ne change, tout empire. Pourquoi ? Peut-être parce que les solutions avancées par les médias de masse, les politiciens et le secteur privé sont un écran de fumée pour empêcher une vraie transformation de l’ordre social et économique.