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« Le Führer, ami des animaux »

Adolf Hitler serait devenu végétarien au cours de sa vie selon le journaliste et écrivain Christian Roudault[1], auteur du livre À la table des tyrans (2021). Il existe un débat pour déterminer si Hitler était végétarien strict ou s’il mangeait occasionnellement de la viande. C’est le meilleur moyen de rester en surface des choses. Ce qui est instructif, c’est d’essayer de comprendre pourquoi les nazis ont montré tant d’intérêt pour le végétarisme et la cause animale. C’est en partie l’objet de cet article.

L’obsession d’Adolf Hitler et des dirigeants du parti nazi pour le bien-être animal est intéressante à plus d’un titre, d’autant que « le véganisme est tendance chez les néonazis[2] » d’après Slate. Plus récemment, on pouvait également lire une intéressante analyse dans le Fair Observer, où l’on apprend par exemple que le mouvement néonazi utilise le bien-être animal pour cultiver la haine contre les pratiques traditionnelles de certaines communautés (Juifs, Musulmans, Chinois, Coréens, etc.). Cette obsession pour la cause animale mérite une attention particulière à l’heure où une élite prétendument éclairée, composée de célébrités, d’influenceurs, d’entrepreneurs, de milliardaires, de journalistes, d’intellectuels ou de philosophes, utilise un langage toujours plus condescendant pour condamner les gueux mangeurs de « cadavres ».

J’ai traduit ci-dessous un extrait de Moral Acrobatics : How We Avoid Ethical Ambiguity by Thinking in Black and White (2021) qui fait la lumière sur l’incohérence morale qu’il y aurait chez Hitler à défendre les droits des animaux tout en massacrant des millions de juifs. En réalité, ainsi que l’explique le professeur en psychologie Philippe Rochat, l’incohérence apparente provient de la manière erronée dont nous percevons la moralité. Il démonte l’argument fallacieux couramment employé par les animalistes selon lequel un meilleur traitement accordé aux animaux induirait automatiquement un progrès pour la condition humaine.

Tout comme les élites du régime nazi, les animalistes du XXIe siècle ont l’empathie sélective, comme le remarquait l’anthropologue Philippe Descola :

« Je suis toujours gêné quand on parle de l’animal avec un A majuscule, parce qu’il y a tellement d’espèces d’animaux et que les défenseurs de la cause animale n’englobent implicitement sous ce terme que les animaux de compagnie et d’élevage les plus communs ou certains animaux emblématiques, du chimpanzé à la baleine en passant par le panda. On n’entend jamais parler d’une identification au ténia ou au hareng[3] ! »

En effet, on entend rarement animalistes et écologistes se plaindre de l’extinction en masse des parasites qui représentent 40 % des espèces animales connues[4]. Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme, évoque également cette empathie sélective à l’égard des animaux dans La loi du sang. Penser et agir en nazi (2014) :

« L’amour des animaux, tout comme la mystique de la vie, rencontre là sa limite : on n’observe pas, dans les textes nazis, de valorisation absolue des animaux, mais seulement une estime relative – référée à la puissance de vie et d’agressivité de l’animal en question. Le caniche ne suscite que le sarcasme darwinien le plus cruel. »

Il ajoute que, « comme pour toutes les réglementations de protection de la nature, les nazis ont trouvé des textes tout prêts et… les ont rarement appliqués. » Comment expliquer qu’un État totalitaire de la puissance du Troisième Reich n’ait pas mis en pratique les idées et les valeurs martelées dans sa propagande ? Plusieurs explications sont possibles. Aucun régime ne peut prendre le risque de se mettre à dos la majorité de la population. Faire appliquer strictement les lois sur le bien-être animal représentait probablement un risque politique trop important. Concernant l’écologie, le nazisme vouait un culte à la haute technologie en contradiction totale avec la préservation de l’environnement. Comme l’industrie était à la source de la puissance grandissante du Reich, il aurait été stupide d’un point de vue stratégique, et au vu des ambitions expansionnistes d’Hitler, d’appliquer une politique écologiste stricte. L’expérience nazie montre donc qu’il est possible d’associer des idées contradictoires et de mobiliser les masses sur cette base.

Pour terminer ce commentaire introductif, précisons que sur le plan matériel la société industrielle est une aberration écologique en raison de l’extraction gigantesque de ressources nécessaires à son expansion et son entretien. Une étude publiée en 2020 dans la revue Nature a révélé que la masse des constructions et infrastructures en béton, métal, verre et plastique excède désormais la biomasse vivante sur Terre. Cette réalité matérielle restera inchangée peu importe le type de régime politique en place et l’idéologie défendue.

« Pour le Führer, l’amour des animaux passe avant tout le reste ! »

L’image en une de cet article est une carte postale où l’on peut voir Hitler en train de nourrir des faons. Il y est écrit « Le Führer, ami des animaux ». Des dizaines d’autres photos de propagande nazie instrumentalisant les animaux sont visibles sur Pinterest.

Ci-dessous, le texte de Philippe Rochat.


Hitler était végétarien

Hitler méprisait les mangeurs de viande, il était végétarien autoproclamé et militant en faveur de la protection des animaux. Lors d’un dîner romantique, il aurait dit à une femme qui commandait des saucisses : « Allez-y, prenez-en, mais je ne comprends pas pourquoi vous désirez manger cela. Je ne pensais pas que vous preniez du plaisir à dévorer une dépouille… de la chair d’animaux morts. Des cadavres[5] ! »

En arrivant au pouvoir en 1933, lui et ses acolytes nazis ont rapidement décrété des lois strictes de protection des animaux empêchant toute cruauté inutile et limitant l’utilisation d’animaux dans la recherche médicale, statuant sur des manières plus humaines de dépecer les porcs, les moutons ou les oiseaux. Les nazis vénéraient la nature et considéraient les animaux comme supérieurs aux personnes, en particulier aux personnes non aryennes. Une loi interdisait par exemple aux Juifs de posséder des animaux de compagnie. Chaque fois qu’on leur mettait la main dessus, les animaux domestiques des Juifs devaient être anesthésiés avec soin pour éviter toute douleur. Les lois nazies sur la protection des animaux interdisaient l’expérimentation animale et la boucherie halal. Elles préconisaient l’utilisation de l’anesthésie avant de couper les oreilles des chiens et accordaient de la considération au traitement cruel des homards ébouillantés. Hal Herzog fait un commentaire pertinent dans un récent numéro spécial de Psychology Today sur l’éthique animale :

« Nous pouvons tirer quelques leçons de la préoccupation publique des nazis pour le bien-être des animaux. […] L’existence d’une culture où les dirigeants étaient obsédés par la souffrance des homards dans les restaurants de Berlin alors qu’ils gazaient des gens dans les camps de concentration en utilisant du poison pour rats paraît être une inversion morale aux proportions incompréhensibles. […] Les nazis défenseurs des animaux sont des exemples de personnes fondamentalement mauvaises qui font de bonnes choses pour les animaux. Je pense que ce type de comportement est rare. Cependant, l’inverse – des personnes fondamentalement bonnes qui traitent mal les animaux – est courant. Aux États-Unis par exemple, plus de 150 millions d’animaux sont tués ou blessés chaque année pour le plaisir des chasseurs amateurs. De même, la plupart des actes de cruauté envers les animaux commis durant l’enfance sont perpétrés par des enfants qui deviendront des adultes parfaitement sains. (La croyance répandue selon laquelle la plupart des tireurs dans les écoles et des tueurs en série auraient abusé des animaux dans leur enfance est un mythe). Il y a aussi les 10 milliards d’animaux abattus chaque année aux États-Unis par ce que le philosophe Tom Regan appelle “la tyrannie de la fourchette[6]”. »

En ce qui concerne la chasse, Hitler a déclaré un jour : « Je ne vois pas ce qu’il y a de si intéressant dans la chasse. Vous y allez équipé d’une arme moderne très perfectionnée et, sans prendre aucun risque pour votre propre personne, vous tuez un animal sans défense[7]. »

À la fin de la guerre, prenant d’importants risques, Hitler emmène son chien Blondi se promener à l’extérieur de son bunker berlinois sous les bombardements incessants des Alliés. Le 30 avril 1945, Hitler meurt d’une blessure par balle qu’il s’est lui-même infligée. La veille, son chien avait avalé une pilule de cyanure mélangée à sa ration alimentaire quotidienne. Avant de se suicider, Hitler aurait été inconsolable de la mort de Blondi.

Hitler était également un fils dévoué. Il fut dévasté par la mort de sa mère. Ses ambitions artistiques l’ont conduit à la soupe populaire et à la rue. Il mena une vie de bohème durant quelques années, errant dans les rues de Vienne, dormant sur les bancs publics et faisant la manche avant de s’engager en 1914 dans l’armée bavaroise qui faisait partie des forces de l’Empire allemand pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Cet enrôlement fut à l’origine d’un renouveau de son patriotisme et d’une exaltation héroïque pour le groupe. Il devint aussi la source d’un grand ressentiment national après la défaite et l’humiliation du traité de paix de Versailles de 1919 amputant l’Allemagne de 13% de ses territoires, y compris toutes les colonies.

Contrainte de signer le traité, l’Allemagne fut forcée d’abandonner le pouvoir sur un neuvième de sa population d’origine et de contracter une énorme dette de réparation qui a handicapé sa reconstruction. Combiné à la crainte d’une contamination communiste par la révolution bolchevique russe à partir de 1917, l’humiliant traité de Versailles a contribué à la rapide effervescence nazie et à « l’alchimie » qui a mobilisé la majorité du peuple allemand et toute son industrie en un temps record.

À la lecture de Mein Kampf, l’autobiographie d’Hitler datée de 1925, il apparaît que l’idéologie et la politique étrangère nazies trouvent principalement leurs racines dans le profond ressentiment à l’égard de Versailles, événement marquant leur donnant un prétexte de ralliement et agissant comme le moteur principal du parti nazi. À partir de 1936, Mein Kampf devient le cadeau de l’État allemand à tous les jeunes mariés, à l’instar du « petit livre rouge » de Mao Zedong pendant la révolution culturelle chinoise. Seulement 20 ans plus tard, l’Allemagne est prête à conquérir le monde, en promouvant le pangermanisme et la pureté aryenne bien au-delà de ses frontières d’origine.

L’image d’Hitler comme artiste mendiant, sans abri et en difficulté ne cadre pas avec les défilés de masse nazis, en particulier sous l’objectif impeccable des films de propagande de Leni Riefenstahl. Adolescent, déterminé à devenir un artiste visuel, le jeune Hitler échoue deux fois à son examen d’admission à l’école des beaux-arts de Vienne, en 1907 et l’année suivante. Que serait-il advenu du monde s’il avait été admis ? Peut-être un monde plus pacifique, car six ans seulement après son arrivée au pouvoir, Hitler dirigeait et parvenait, avec la dévotion inconditionnelle de ses partisans transis, à mettre en place la machine de terreur totalitaire que nous connaissons. Une machine qui a massacré des millions de personnes, de la manière la plus systématique (industrielle) et sadique de l’histoire. Les apparatchiks nazis reproduisent les acrobaties morales qui ont lieu dans la tête d’Hitler, des propensions génocidaires absolues à l’empathie animale, comme l’illustrent les images plutôt troublantes d’Hitler se livrant à des caresses affectueuses (voir ci-dessous, figure 5.1).

Hitler et son chien Blondi à gauche. À droite, Hitler en train de prendre soin d’un faon.

Souvent qualifié de « criminel du siècle », le chef de la Gestapo Heinrich Himmler était responsable de la gestion de tous les camps de concentration et d’extermination nazis. Il était également un végétarien invétéré farouchement opposé à la chasse. Voici ce qu’il aurait déclaré de façon volontaire à son médecin :

« Comment pouvez-vous trouver du plaisir, Herr Kerstein, à tirer à couvert sur de pauvres créatures qui broutent à l’orée d’un bois – des créatures innocentes, sans défense, sans méfiance ? Vraiment, c’est purement et simplement un meurtre. La nature est si merveilleusement belle, chaque animal a le droit de vivre. C’est ce point de vue que j’admire tant chez nos ancêtres. Ils ont par exemple déclaré officiellement la guerre aux rats et aux souris, qui devaient cesser leurs déprédations et quitter une zone déterminée dans un délai défini avant qu’une guerre d’anéantissement ne soit engagée contre eux. Vous trouverez ce respect pour les animaux chez tous les peuples indo-germaniques. J’ai été très intéressé d’apprendre récemment qu’aujourd’hui encore, les moines bouddhistes, lorsqu’ils traversent un bois le soir, portent sur eux une cloche pour faire fuir les animaux des bois qu’ils pourraient rencontrer, afin qu’il ne leur soit fait aucun mal. Mais chez nous, chaque limace est piétinée, chaque ver détruit[8]. »

Hitler et ses partisans attribuaient une grande partie de la décadence de la civilisation occidentale à la consommation de viande, source d’impureté et de vulgarité crasse, sans compter l’insensibilité à l’égard de la Nature et un manque d’empathie général. Ils ont suivi les pas du compositeur Richard Wagner, dont ils admiraient beaucoup la musique et les textes grandioses, une œuvre à laquelle les nazis s’identifiaient. Wagner était en effet un fervent défenseur du végétarisme, même s’il ne pouvait s’y conformer strictement pour des raisons de santé. Le numéro deux du parti nazi, Hermann Goering, était un formidable collectionneur et amateur d’art. Dans l’idéologie nazie, L’Anneau du Nibelung de Wagner représentait l’exaltation lyrique incontestée et le modèle esthétique des vertus aryennes. Ce modèle artistique était inséparable du culte de la force et de la beauté de la nature, d’où découlait le traitement humain des animaux et, en fin de compte, l’art et l’inspiration de Wagner, comme en témoigne une lettre qu’il a écrite en 1858 à Mathilde Wesendonck, poète allemande et amie proche (née en 1828 et décédée en 1902) :

« Récemment, alors que j’étais dans la rue, mon regard a été attiré par la boutique d’un volailler ; je regardais sans y penser ses marchandises empilées avec soin et de façon appétissante, quand je me suis aperçu qu’un homme, à côté, s’affairait à plumer une poule, tandis qu’un autre homme venait de mettre la main dans une cage, où il saisit une poule vivante et lui arracha la tête. Le hurlement affreux de l’animal et les faibles bruits de soumission qu’il émettait lorsqu’il fut accablé ont pétrifié mon âme d’effroi. Depuis lors, je n’ai pu me débarrasser de cette impression, bien que je l’aie souvent éprouvée auparavant. Il est terrible de voir comment nos vies – qui, dans l’ensemble, restent dépendantes du plaisir – reposent sur un tel puits sans fond de misère la plus cruelle ! C’est une évidence pour moi depuis le début, et elle est devenue encore plus centrale dans ma pensée à mesure que ma sensibilité s’est accrue. […] J’ai observé de quelle manière je suis attiré dans cette direction (de l’empathie pour la misère) par une force qui m’inspire de la sympathie, et que les choses qui me touchent profondément doivent susciter en moi un sentiment de camaraderie, c’est-à-dire de la compassion. Je vois dans cette compassion le trait le plus saillant de mon être moral, et c’est vraisemblablement là que se trouve la source de mon art[9]. »

Il se trouve que la progéniture de l’être moral compassionnel de Wagner est également la morale meurtrière à la base du parti nazi. Incohérent ? Pas vraiment, si l’on gratte la surface et que l’on va au-delà de notre réaction instinctive et de notre stupéfaction première. Dans le contexte occidental actuel de la classe moyenne des pays riches et industrialisés, nous avons tendance à associer le refus de manger de la viande à des préoccupations relatives au bien-être des animaux et à la nature en général, et pas seulement à des problèmes potentiels de santé. Comme mentionné précédemment, être végétarien est typiquement perçu et présenté comme un choix politique, écologique, voire religieux. Il s’accompagne généralement d’un positionnement implicite caractérisé par le dégoût de la viande et le refus de tuer des animaux. Dans un tel contexte de classe moyenne occidentale, qui aurait pu penser que le nazisme et le végétarisme étaient compatibles ?

En fait, la réaction de stupéfaction face à cet engouement des nazis en faveur du végétarisme et du sentiment anti-chasse reflète la vision radicale, dualiste, essentialiste et fondamentalement compartimentée que nous avons tendance à avoir de la moralité. Le fait que la plupart d’entre nous ressentent une telle incohérence révèle la nature étroite et l’aspect rigide de notre position fondamentalement dichotomique en matière de morale et de diabolisation : une chose peut être soit bonne, soit mauvaise, jamais bonne et mauvaise, comme l’exprime non seulement l’aversion d’Hitler pour la cruauté envers les animaux, mais aussi l’amour des tueurs en série pour leurs enfants ou la violence actuelle des bouddhistes à l’égard des musulmans au Myanmar. Une violence si brutale de la part d’un groupe religieux prêchant la sérénité et le végétarisme ressemble à bien des égards à la politique nazie de déportation et d’élimination systématique des Juifs, des Tziganes et des homosexuels. C’est incongru, mais seulement en surface et pour ceux qui ne s’attardent pas sur l’histoire culturelle ni sur les autres théories d’anthropologie sociale qui donnent un sens à cette incongruité ressentie au premier abord.

Il existe des raisons historiques qui expliquent pourquoi le nazisme a mis en place des lois sur les animaux considérés comme supérieurs à certains groupes humains, dont les Juifs. Comme tout régime totalitaire et génocidaire, l’idéologie nazie était obsédée par la pureté du groupe aryen, obsédée par le nettoyage des éléments impurs, un modèle universellement décrit dans les massacres tribaux et autres massacres ethniques, du Cambodge, du Rwanda et de la Serbie aux conflits actuels en Syrie, au Yémen, en Ukraine ou au Myanmar. L’affiliation forte et totalitaire à un groupe est proportionnelle à la peur de la contamination par l’extérieur et venant de l’intérieur, ce principe est universel. La frénésie d’élimination des membres parasites venant d’un groupe extérieur est toujours corrélée à une obsession de la détection des traîtres impurs dans le groupe intérieur (ennemis intérieurs) qu’il faut constamment « purger ».

Ce type de purges était particulièrement courant par exemple durant la période de terreur de la Révolution française, lorsque les dirigeants étaient envoyés à la guillotine, leur élection par l’assemblée du peuple faisant d’eux des ennemis de la république. L’opposition pur/impur avec l’utilisation typique de métaphores corporelles et biologiques est universelle dans les régimes totalitaires. Ces derniers qualifient généralement les membres impurs du groupe extérieur et du groupe intérieur (traître) de vermine, de cafards, de rats, de poussière ou de virus. Or, la dynamique de purification du groupe interne/externe peut revêtir de nombreuses formes et expressions différentes, en fonction des circonstances historiques et culturelles, des mythes et tabous existants, ainsi que des réalités économiques qui jouent un rôle dans l’expression de cette dynamique. Les ennemis peuvent être des Juifs, des Bosniaques, des Tutsis ou des Chrétiens, la justification des combats et des purges s’adapte simplement aux circonstances historiques et culturelles de l’époque. À l’époque nazie, il y avait le besoin pangermanique d’unifier le groupe autour d’une langue et d’une identité, de tracer des lignes culturelles, de s’appuyer sur la nostalgie néo-romantique exprimée dans le lyrisme de Wagner, sur des traditions antisémites vieilles d’un siècle, sur l’humiliation d’une défaite, sur la menace communiste et sur un chaos économique – autant d’ingrédients multifactoriels pour la recette nazie.

Philippe Rochat

Commentaire et traduction : Philippe Oberlé

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  1. https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/hitler-est-devenu-vegetarien-selon-l-ecrivain-christian-roudaut-7900019225

  2. http://www.slate.fr/story/153122/vegan-tendance-neonazis

  3. https://www.erudit.org/fr/revues/as/2015-v39-n1-2-as01900/1030849ar/

  4. https://www.nationalgeographic.com/science/article/parasites-are-going-extinct-heres-why-we-need-to-save-them

  5. Waite, R. (1977). The psychopathic god. New York, NY: Basic Books, p. 19.

  6. Herzog, H.  (2011, November 17). Was Hitler a vegetarian? The Nazi animal protection movement:  What can we learn from Hitler’s love of animals? Psychology Today. Retrieved from https://www.psychologytoday.com/us/blog/animals-and-us/201111/ was-hitler-vegetarian-the-nazi-animal-protection-movement

  7. Toland (1976, pp. 424–425); cited by Arluke, A. & Sax, B. (1992). Understanding Nazi animal protection and the Holocaust. Athrozoos, 5(1), 6–31.

  8. Wykes, A. (1972). Himmler. New York, NY: Ballantine, pp. 89–90.

  9. 5 Wagner, R. (1987). Selected letters of Richard Wagner (S. Spencer & B. Millington, eds. and trans.). New York, NY: Norton.

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