Blog Image

La technologie entrave l’évolution de la vie sur Terre

« La technologie tire ses leçons de la nature puis les utilise pour contrôler le monde, pour renverser la manière dont les choses fonctionnent. Pas seulement pour en modifier le fonctionnement, mais pour en bouleverser l’évolution naturelle[1]. »

– Rodney Brooks, ingénieur roboticien

Cet article a pour objectif de montrer que le développement technologique et l’évolution naturelle sont deux forces antagonistes qui s’affrontent depuis l’essor des premières cités-États, de la civilisation. Alors que la technologie s’apprête à porter le coup de grâce à la nature, il devient urgent de prendre position.

Image en une : Avec ses 400 mètres de long, le Bougainville – plus grand porte-conteneur de la compagnie française CMA-CGM – pèse 52 000 tonnes à vide et consomme en navigation 330 tonnes de fioul par jour. Pour faire tourner le commerce global en croissance constante, 28 000 navires de fret mesurant plus de 100 mètres sillonnent les océans. La technologie a permis d’intensifier et d’accélérer les échanges de marchandises, ce qui perturbe considérablement l’évolution des espèces vivantes.


Rappels : le discours dominant et sa critique gauchiste[2]

Il est courant d’entendre dans le discours dominant une naturalisation de la technologie et de son pouvoir destructeur[3]. La civilisation techno-industrielle serait ainsi le produit de la sélection naturelle qui aurait favorisé les humains « les plus aptes » – autrement dit les plus puissants, les plus nombreux, les plus curieux, les plus inventifs, les plus empathiques, etc. Rien de très nouveau là-dedans puisqu’au XIXe siècle le sociologue Herbert Spencer a déjà rassemblé ces idées dans une théorie que ses adversaires ont nommée « darwinisme social[4] ». Une théorie constamment mise à jour pour tenter de la rendre (à peu près) compatible avec les dernières avancées scientifiques et techniques[5]. Ce discours qui naturalise les inégalités, les humiliations et l’extermination des espèces sert à tuer dans l’œuf toute résistance à un système délétère pour la majorité des humains[6]. L’histoire nous enseigne que dans toutes les civilisations, qui ont toujours été des régimes anti-démocratiques, autoritaires, esclavagistes et écocidaires, les élites construisent une mythologie pour légitimer leur autorité et la destruction de la nature[7].

Face à ce discours plutôt situé à droite, les contradicteurs à gauche – en particulier les adeptes de la déconstruction – affirment qu’il faut abattre la nature[8]. Convoquer l’idée de nature est automatiquement assimilé par les déconstructeurs à une pensée réactionnaire ou fasciste[9]. Sauf que cette critique se base sur une vision erronée de la nature et de l’évolution, une vision distordue par la droite qui tente de naturaliser une anomalie évolutive – la civilisation industrielle. À cela, les spécialistes de la déconstruction répondront certainement que la nature est dans tous les cas injuste, inégalitaire, violente, dangereuse, inconfortable, imprévisible, etc. La technologie leur apparaît donc comme une force émancipatrice de la tyrannie biologique[10]. Les gauchistes sont par conséquent tout aussi avides de pouvoir et de domination que leurs prétendus ennemis à droite. Ils se parent de toutes les vertus pour mieux dissimuler un ego hypertrophié et un appétit insatiable pour le contrôle total. La nature les terrifie par son « implacable indifférence », une situation qui les insupporte au plus point[11].

Nous proposons donc ci-après une liste de constats, parfois faits il y a déjà plus d’un siècle, qui démontrent l’incompatibilité matérielle entre le développement de la civilisation et l’évolution de la vie sur Terre. Les gauchistes peuvent marteler avec leur arrogance puérile que « ni la “terre” ni la “nature” ne nous dictent de lois[12] », ça ne changera rien à la réalité matérielle de ce monde. Les seules règles légitimes, les seules lois, les seules limites à respecter sur Terre sont celles imposées par la nature. Et la nature est infiniment moins contraignante qu’une civilisation hautement technologique.

L’anthropologue Philippe Descola fait partie de ces penseurs nuisibles qui veulent supprimer la notion de nature sans jamais critiquer la technologie, la ville, et plus généralement la civilisation. Descola raconte par ailleurs des choses assez douteuses sur l’histoire de la notion de nature qu’il associe uniquement aux cultures européennes. Les historiens de l’environnement comme J. Donald Hughes montrent pourtant qu’une vision abstraite et négative du monde sauvage a commencé à se développer avec l’urbanisation, avec le développement de la civilisation. Descola est en outre membre des Soulèvements de la terre qui entreprennent de bien achever la notion de nature dans leur manifeste Premières secousses. Ils affirment que « ni la “terre” ni la “nature” ne nous dictent de lois », donc pour eux le réchauffement climatique ne constitue pas une preuve évidente qu’il y a des limites à respecter pour vivre sur Terre. En bons soldats du transhumanisme, ils célèbrent les OGM et les modifications du corps humain par l’intermédiaire de la haute technologie. En supprimant l’idée de nature, il n’y a plus aucune limite à la colonisation technologique des organismes vivants, à la destruction de leur autonomie. Et ces gens-là se disent écologistes…

La technologie détruit l’espèce humaine[13]

« Le décalage entre la physiologie dont nous héritons et les régimes et modes de vie que l’on nous impose est à l’origine de nombreuses maladies, justement dites “de civilisation[14]”. »

– Christopher Ryan, écrivain

Les laudateurs de la civilisation présentent souvent comme une chose merveilleuse l’essor démographique permis par l’invention de l’agriculture céréalière intensive, de l’urbanisation et de l’État. L’industrialisation est encore davantage célébrée pour avoir considérablement diminué la mortalité et augmenté l’espérance de vie (à ne pas confondre avec la durée de vie), faisant exploser la population mondiale durant les deux derniers siècles. Toujours plus, toujours mieux. Vive le Progrès. Au-delà de cette stupide célébration du dépassement des limites, force est de constater que plus les humains se multiplient, plus leur qualité individuelle diminue. Un peu comme lorsqu’on passe d’une production artisanale de légumes à une production industrielle.

Au Néolithique, à cause de l’agriculture, de l’élevage, de la sédentarisation, de l’essor et de la concentration démographiques, plus de 180 maladies font leur apparition[15]. Par rapport à leurs homologues restés chasseurs-cueilleurs, les premiers agriculteurs souffrent de toutes sortes de carences (anémie, carence en vitamine D, etc.[16]). Leur croissance est retardée, la taille et la carrure moyennes des adultes diminuent considérablement. La santé bucco-dentaire se dégrade fortement, les caries deviennent courantes. De plus, les mâchoires inférieure et supérieure se décalent à cause d’une alimentation plus molle chez les cultivateurs de céréales.

Il a fallu attendre l’abondance permise par l’industrialisation pour que les membres de la civilisation atteignent à nouveau des tailles moyennes similaires à leurs ancêtres chasseurs-cueilleurs du Paléolithique (le physique d’athlète des chasseurs-cueilleurs n’a en revanche jamais été retrouvé). Avec l’industrialisation, des dizaines de nouvelles maladies ont fait leur apparition (obésité, cancers, maladies cardiovasculaires, dépression, etc[17].). Et ce n’est probablement que le début étant donné la vitesse grandissante des changements de notre mode de vie et de notre environnement matériel, les pollutions de plus en plus massives contaminant les sols, la nourriture, l’eau et l’air, sans oublier les psychopathes en blouse blanche qui s’amusent à créer de nouveaux agents pathogènes dans leurs laboratoires[18]. L’exposition aux écrans entraîne des retards de développement du cerveau chez les plus jeunes[19]. Les enfants du monde industriel souffrent de plus en plus de déficiences développementales, l’anxiété et les troubles nerveux explosent tandis que la créativité, la force et l’endurance physiques ainsi que la densité osseuse s’écroulent[20]. Selon des estimations, la moitié de la population mondiale sera obèse en 2030[21] et myope en 2050[22]. Dans le monde, la fécondité est en chute libre[23] en raison de facteurs sociologiques mais aussi environnementaux (tous les testicules humains sont par exemple contaminés par des microplastiques[24]) et biologiques (surpoids et obésité[25]).

D’après l’OMS, il y a déjà plus de 2 milliards de personnes en surpoids ou obèses sur Terre, et les scientifiques estiment que la moitié de la population mondiale devrait être touchée d’ici 2030. Une tendance aussi lourde n’a rien à voir avec la responsabilité individuelle, c’est un marqueur culturel. La civilisation industrielle produit à la chaîne des êtres humains de plus en plus malades.

Face à ce tableau désastreux, il faut vraiment avoir un sérieux problème mental pour continuer à affirmer que la civilisation, aujourd’hui devenue industrielle, est bénéfique au genre humain. Même Charles Darwin expliquait dès le XIXe siècle que la civilisation supprimait la sélection naturelle en maintenant en vie les plus faibles[26]. De nos jours, le paléoanthropologue d’Harvard Daniel E. Lieberman dit la même chose[27]. À l’opposé, les membres des sociétés traditionnelles de petite échelle sont en bien meilleure santé physique et mentale, ce malgré les persécutions qu’elles subissent depuis des siècles de la part des sociétés étatiques et urbaines. À cela les élites scientifiques répondent en général que l’évolution ne se soucie pas du bien-être des individus. Certes, mais une culture qui conduit à la dégénérescence de l’espèce humaine mène irrémédiablement vers sa disparition. Le progrès technologique n’est pas la continuité de l’évolution humaine mais son annihilation[28].

Tribu de l’île de Bornéo (peut-être les Muruts), début du XXe siècle, paru dans Charles Hose et William McDougall, The pagan tribes of Borneo.
Aborigènes australiens, Territoire du Nord, 1939.
Membres des Huaorani, une tribu de chasseurs-cueilleurs de l’Amazonie équatorienne. Il est frappant de constater que des gens qui vivent les fesses à l’air dans la forêt sont en bien meilleure santé que la plupart des membres de notre extraordinaire civilisation industrielle ultra-progressiste. La médecine progresse seulement parce que nous sommes de plus en plus malades, comme l’avait déjà remarqué Ivan Illich.

La technologie repousse les limites à la croissance

« La croissance démographique est l’un des principaux moteurs de l’intensification de l’agriculture et de l’innovation agrotechnologique [dans l’Empire romain[29]]. »

– Dimitri Van Limbergen, Sadi Maréchal et Wim De Clercq

Les scientifiques définissent la capacité porteuse du milieu ou capacité biotique maximale comme « la taille maximum d’une population que l’environnement peut supporter[30] ». Une population d’organismes vivants croit de manière exponentielle au début jusqu’à atteindre un point d’inflexion, c’est-à-dire le moment où la moitié de la capacité porteuse a été atteinte. La croissance commence alors à ralentir, car les individus reproducteurs obtiennent chacun moins de ressources ; des maladies ou des famines peuvent également sévir, ramenant la population en dessous de la capacité porteuse[31].

C’est là que les sociétés urbaines et étatiques se distinguent fondamentalement des sociétés de petite échelle. Là où une petite société, peu organisée, avec une « technologie à petite échelle[32] », reste subordonnée aux lois naturelles[33], une société urbaine détruit rapidement la capacité porteuse de son milieu. Elle mobilise alors des savants pour concevoir des canaux d’irrigation, inventer de nouvelles techniques agricoles, ou encore construire des infrastructures (ports, routes, etc.) pour importer des ressources lointaines quand les ressources locales ont été épuisées. L’historien Arnold Toynbee a théorisé que les civilisations se développaient grâce à des « minorités créatrices[34] » (scientifiques, ingénieurs, etc.) capables d’apporter une « riposte » à un « défi[35] » que leur opposait la nature – croissance démographique, épuisement d’une ressource vitale, changement climatique, etc[36]. C’est également ce que j’ai tenté de montrer dans une récente série d’articles. Le progrès technique sert depuis les premières civilisations à dépasser les limites environnementales, à subvertir les lois de la nature.

Quelques annotations ont été ajoutées sur ce graphique représentant l’explosion démographique qui fait suite à l’invention de l’agriculture céréalière intensive, des villes et des États. Le pic que l’on voit apparaître il y a quelques siècles est essentiellement dû à la baisse de la mortalité, une tendance que l’on observe généralement chez les animaux sauvages élevés en captivité. Dans les zoos, les animaux sauvages ont en effet tendance à vivre bien plus longtemps qu’en liberté dans la nature. L’histoire de la civilisation, c’est l’histoire de la transformation par des élites parasitaires de sociétés humaines en élevage de bétail humain.
Dans les manuels universitaires pour biologistes en herbe, on nous explique que « dans la nature, on observe couramment qu’il y a des limites à la croissance d’une population ». Dans le cas de la population humaine, l’exploitation de plus en plus intensive de la nature permise par le progrès technique a repoussé cette limite en augmentant de manière artificielle (et provisoire) la capacité porteuse du milieu. La chute n’en sera que plus brutale. C’est ce qui arrive lorsqu’on méprise les lois de la nature. (Robert E Ricklefs, Rick Relyea, Écologie: l’économie de la nature, 2019)

La théorie d’Arnold Toynbee est encore appuyée par l’expansion démographique aux États-Unis au cours du XXe siècle. Des scientifiques avaient anticipé en 1920 que la capacité porteuse du territoire était au maximum de 197 millions d’habitants. Mais « les avancées technologiques technologiques ont permis aux agriculteurs de produire des denrées alimentaires de manière plus efficace » ; « une quantité importante de ressources alimentaires est également importée » ; « des avancées majeures en matière de santé publique et de traitements médicaux ont augmenté les taux de survie de manière considérable notamment chez les nouveau-nés et les enfants » ; et la prévision des scientifiques « n’a pas intégré les millions d’immigrants qui sont arrivés aux États-Unis depuis 1910[37] ». Dans le même esprit, l’historien Jean-Baptiste Fressoz explique que le développement de la vaccination suit celui de la démographie au XVIIIe siècle, et avait entre autres pour « but de maximiser la population au nom de la richesse et de la puissance du royaume[38] ».

C’est bien la volonté de puissance – et certainement pas une motivation humaniste – qui stimule le progrès scientifique et technique en vue de repousser les limites naturelles. La civilisation ressemble davantage à un élevage de bovins à grande échelle qu’à une société humaine.

La technologie évolue trop vite pour les êtres vivants

« Nous avons modifié si radicalement notre milieu que nous devons nous modifier nous-mêmes pour vivre à l’échelle de ce nouvel environnement[39]. »

– Norbert Wiener, mathématicien

Le paléoanthropologue Daniel E. Lieberman a consacré un ouvrage à l’inadaptation croissante entre notre corps, qui a été façonné par plusieurs millions d’années d’évolution en milieu naturel, et le milieu de plus en plus artificialisé de l’humanité industrialisée[40]. Pour lui, il existe un décalage entre l’évolution biologique et l’évolution culturelle à cause des innovations qui ont permis l’essor de l’agriculture puis de la civilisation.

« Avec l’accélération de l’innovation, surtout depuis l’apparition de l’agriculture, nous avons élaboré ou adopté une liste toujours plus longue de pratiques culturelles nouvelles qui ont eu des effets contradictoires sur notre corps. […] De nombreux changements culturels ont modifié les interactions entre nos gènes et notre environnement, tant et si bien qu’ils ont contribué à une large gamme de problèmes de santé. Ces pathologies sont des maladies de l’inadéquation, définies comme des maladies résultant du fait que notre corps paléolithique est médiocrement ou insuffisamment adapté à certains comportements et conditions modernes[41]. »

Le tableau des maladies de l’inadéquation fourni par le paléoanthropologue Daniel E. Lieberman dans son livre L’histoire du corps humain.

Selon l’anthropologue et paléogénéticienne Céline Bon, « la plupart des maladies naissent de la mal-adaptation à l’environnement qui nous entoure[42] ». Depuis le Néolithique, les transformations des modes de vie sont de plus en plus profondes et accélèrent constamment depuis la révolution industrielle, accentuant l’inadaptation corps-milieu. Le philosophe écologiste et anti-industriel Ivan Illich avait également remarqué cette « inadaptation croissante de l’homme à son environnement[43] ». Rappelons que les changements technologiques de plus en plus rapides depuis la révolution urbaine il y a 5 700 ans[44], se sont produits sur une période qui équivaut à seulement 1,9 % du temps de présence de notre espèce sur Terre[45].

Mais cette inadaptation ne touche pas seulement les humains. En reliant tous les continents avec des moyens de transport rapides, en contaminant les écosystèmes planétaires avec des polluants persistants (plastique, composants perfluorés, retardateurs de flammes, radioactivité, etc.), en rejetant massivement du carbone dans l’atmosphère, le système techno-industriel génère des perturbations gigantesques dans la biosphère, et à un rythme de plus en plus rapide à mesure que la technologie progresse. La plupart des espèces vivantes sont incapables de s’y adapter[46]. La technologie est bien une force hostile à la vie.

Un graphique fourni par l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité. On remarque une accélération du taux d’extinction chez les amphibiens, les mammifères, les oiseaux et les reptiles qui coïncide avec le début de ce qu’on a appelé « l’échange colombien » (voir ci-dessous). L’accélération des progrès techniques et scientifiques s’accompagne d’une intensification des mouvements de marchandises, d’espèces et de personnes. L’exploitation de la nature s’intensifie, il est possible d’extraire toujours plus de ressources, dans des zones éloignées, par exemple au beau milieu des océans et dans des zones difficiles d’accès sur tous les continents.

La technologie a créé une nouvelle Pangée

« Il y a 250 millions d’années, tous les continents de la planète étaient réunis en une large masse continentale (un “supercontinent”) appelée la Pangée. La mondialisation est, en effet, un retour à la Pangée[47]. »

– Ray Grigg

Comme nous l’avons vu plus haut, pour comprendre le progrès technologique, il faut l’envisager comme une guerre contre la nature. L’objectif recherché, pour reprendre les termes du stratège militaire Clausewitz, est de réduire « l’effet de friction[48] » que constitue le milieu naturel. Rivières, vallées, montagnes, déserts, océans sont des obstacles qui restreignaient autrefois le mouvement des espèces – humains inclus. Il y avait bien sûr au Paléolithique des migrations de groupes humains et des échanges entre ces groupes sur de longues distances[49]. Mais leur technologie à petite échelle limitait considérablement la vitesse et l’ampleur des mouvements de personnes et de biens. Les perturbations des milieux naturels restaient à des niveaux soutenables pour une majorité d’espèces[50].

Les États et les Empires – et aujourd’hui les firmes transnationales – cherchent toujours à contourner ou supprimer les limites naturelles à leur expansion, source de leur puissance. Ils y sont parvenus en développant des « technologies à grande échelle[51] » telles que les réseaux de transport et de communication longue distance. Des progrès techniques dans les transports (roue, construction navale, navigation, etc.) ont permis au fur et à mesure d’accélérer les échanges et d’accroître leur volume. Dans le monde antique, les Grecs et les Romains ont très fortement perturbé les écosystèmes sur le pourtour méditerranéen[52]. La colonisation de l’Amérique et le commerce transatlantique démarrés avec Christophe Colomb ont provoqué un énorme choc culturel et écologique. Les cultures, les modes de vie et les paysages ont commencé à s’uniformiser[53]. Ces perturbations se sont constamment renforcées avec le progrès technologique, et plus encore avec la révolution industrielle qui a permis les transports à grande vitesse et la communication instantanée[54]. Ces perturbations monumentales que génèrent la construction, l’entretien et l’exploitation des infrastructures de transport et de communication, sont bien la preuve que ces systèmes constituent une anomalie évolutive. Un peu comme si la surface de la planète était constamment bombardée par une pluie d’astéroïdes.

La Pangée était un supercontinent (à gauche) qui a commencé à se disloquer il y a plusieurs centaines de millions d’années en raison de l’activité du manteau terrestre. Les terres émergées se situent sur des plaques tectoniques qui se déplacent constamment, mais très lentement. Le développement technoscientifique des derniers siècles, puis la révolution industrielle et l’avènement des transports à grande vitesse ont complètement chamboulé l’évolution géologique sur laquelle s’était calquée l’évolution des espèces vivantes depuis plusieurs milliards d’années.
Voici une carte qui représente les routes commerciales maritimes. Les continents sont reliés en permanence par des navires qui se suivent les uns après les autres, déversant un flux constant de marchandises provenant de tous les endroits du globe et générant des perturbations majeures pour l’évolution culturelle et biologique.

La technologie uniformise le monde, l’évolution le diversifie

« Rathenau avait annoncé de manière prophétique cette mécanisation de l’existence, la prépondérance de la technique, comme étant le phénomène le plus important de notre époque. Or, jamais cette déchéance dans l’uniformité des modes de vie n’a été aussi précipitée, aussi versatile, que ces dernières années. Soyons clairs ! C’est sans doute le phénomène le plus brûlant, le plus capital de notre temps[55]. »

– Stephen Zweig, écrivain

Zweig avait déjà compris en 1925 la menace incarnée par la technologie. En maintenant connectés de manière permanente les continents, les infrastructures de transports modernes créent un nouveau milieu qui se substitue au milieu naturel, un environnement technique, une « technosphère » qui fonctionne selon ses propres lois[56]. Ces infrastructures permettent de faire circuler à grande vitesse des flux croissants de marchandises[57], d’humains, d’animaux, de plantes et d’agents pathogènes. Plus aucun endroit n’est isolé, des espèces et des cultures ayant évolué séparément depuis des siècles ou des millénaires sont mis en contact. Beaucoup disparaissent au moment du choc, tant et si bien que certains ont nommé notre époque « Homogénocène[58] ».

Ce qui a joliment été appelé « échange colombien » marque en réalité le début d’une ère d’accélération sans précédent des génocides, des ethnocides et des écocides partout sur la planète. En cause, la volonté de puissance des États, des progrès techniques en navigation et construction navale qui ont permis d’accroître la vitesse et le volume des échanges.

Problème pour les tenants du discours dominant qui tentent de naturaliser l’essor de l’Empire techno-industriel moderne, les manuels de l’enseignement supérieur nous disent que l’évolution du vivant est un processus de diversification et non d’uniformisation :

« Tout au long de l’histoire de la vie sur Terre, les phénotypes [attributs d’un organisme, tel que son comportement, sa morphologie ou sa physiologie] des organismes ont changé et se sont extrêmement diversifiés. C’est le processus d’évolution qui consiste en un changement dans la composition génétique d’une population en fonction du temps[59]. »

Nous avons déjà souligné ailleurs que la technologie appauvrit la diversité culturelle et biologique alors que l’évolution l’enrichit. Le progrès technique, quand il atteint un certain stade avec la multiplication des technologies à grande échelle, produit manifestement un résultat opposé au processus d’évolution. Nous avons affaire à deux phénomènes contradictoires qui, de toute évidence, ne peuvent coexister ensemble sur une même planète.

Nous espérons que ce schéma permettra de clarifier notre propos pour le lecteur. L’évolution ressemble à un arbre dont les branches (cultures et espèces) se diversifient au cours du temps. Le développement de la technologie a tendance au contraire à uniformiser les espèces et les cultures. On pourrait nous rétorquer que l’évolution technologique produit de la diversité sous forme de machines et d’objets de toutes sortes. Certes, mais ces choses-là n’ont plus rien à voir dans leur nature et leur manière de fonctionner avec des organismes vivants.

Conclusion

Premièrement, les joutes verbales entre les classes dominantes et leurs opposants factices de l’intelligentsia gauchiste font office de spectacle, c’est un divertissement comme un autre pour la plèbe. Les élites sont prêtes à raconter n’importe quoi pour conserver leurs privilèges, leur statut social et leur confort – les avantages matériels qu’elles tirent du bon fonctionnement du système techno-industriel. Le mathématicien Theodore Kaczynski a montré ici et en quoi le gauchisme, particulièrement la mouvance « woke », formait le principal rempart à une révolution contre la technologie. En second lieu, notre analyse nous permet d’y voir plus clair dans un monde complexe et de mettre le doigt sur la « contradiction principale » de notre époque. Ainsi que le formulait un génie de la stratégie :

« Dans l’étude de tout processus complexe où il existe deux contradictions ou davantage, nous devons nous efforcer de trouver la contradiction principale. Lorsque celle-ci est trouvée, tous les problèmes se résolvent aisément[60]. »

À l’instar de tous les leaders révolutionnaires marxistes, l’erreur de Mao Zedong a été de considérer que les deux forces principales en contradiction dans le monde moderne étaient « le prolétariat et la bourgeoisie[61] ». Cette faute de diagnostic, cette propension à considérer la technologie comme une force politiquement et socialement neutre s’est à chaque fois soldée par un échec cuisant lors de la mise en application de la théorie marxiste[62]. Depuis l’essor des premiers États et des grands Empires, c’est la technologie qui est la force dominante, et si la nature ne riposte pas rapidement, de la Terre il ne restera bientôt plus « qu’un caillou désolé — une planète sans vie, à l’exception, peut-être, d’organismes parmi les plus simples — certaines bactéries, algues, etc. — capables de survivre dans ces conditions extrêmes[63]. »

En conclusion, il est parfaitement légitime, c’est même notre devoir en tant qu’être humain de tout mettre en œuvre pour stopper les nazis 2.0 qui font consciemment le choix d’exterminer la vie en prêtant allégeance à la technologie.


  1. Propos tirés du film documentaire Welcome to the machine (2013) réalisé par Avi Zev Weider.

  2. J’emploie le terme « gauchiste » dans le même sens que le mathématicien Theodore Kaczynski dans son manifeste La Société industrielle et son avenir (1995). Il cible en particulier le « gauchisme moderne » qui n’a plus grand-chose à voir avec le marxisme révolutionnaire du début du XXe siècle. Pour faire simple, le gauchiste formule une critique superficielle, souvent incohérente et irrationnelle, pour détourner les individus en colère d’un combat révolutionnaire véritablement efficace. Il emploie la déconstruction comme arme rhétorique pour nier l’existence de la nature, de la nature humaine, de la vérité, de la biologie, etc. Il milite surtout en vue d’améliorer sa position sociale, d’obtenir des privilèges et du pouvoir. En instrumentalisant le concept de domination, il en profite pour imposer sa propre domination. Le sacrifice au nom d’un idéal qui le dépasse est une notion qui lui est étrangère. Les gauchistes sont les premiers gardiens du système techno-industriel.

  3. On peut par exemple citer le psychologue ultra-libéral Steven Pinker (La Part d’ange en nous, 2011), l’ingénieur décroissant Jean-Marc Jancovici ou le philosophe marxiste et darwiniste Patrick Tort (L’intelligence des limites, 2019), trois auteurs influents mais très différents sur le plan idéologique. En revanche, ils se rejoignent dans leur discours de naturalisation de la civilisation techno-industrielle et du progrès technique. Pour eux, l’éradication de la diversité culturelle et biologique par la civilisation industrielle, c’est l’évolution naturelle qui poursuit tranquillement son cours. Pour Jancovici, voir cet article où il révise totalement l’histoire de l’évolution du genre humain sans jamais mentionner qu’il existait – et existe encore – des milliers de groupes humains qui ont choisi des cultures/techniques – donc des voies évolutives – différentes : https://jancovici.com/transition-energetique/choix-de-societe/leconomie-peut-elle-decroitre/

    J’ai traduit aux Édition Libre une critique du livre de Pinker par Edward S. Herman et David Peterson, Déni de réalité : Steven Pinker et le mythe du déclin de la violence humaine, 2012.

  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Darwinisme_social

  5. La sociobiologie est par exemple une mise à jour du darwinisme social, une pseudo-science fondée par le célèbre et influent biologiste Edward O. Wilson : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sociobiologie

  6. Avec le développement de la science comme nouvelle religion de l’âge industriel, la même rhétorique naturaliste a été employée pour présenter les populations non blanches comme des races inférieures. Avant, on tuait et réduisait en esclavage les infidèles et les mécréants, aujourd’hui on continue de faire exactement la même chose en le justifiant selon les croyances de l’époque moderne. Les peuples autochtones qui refusent d’intégrer la civilisation industrielle dominante sont génocidés ou ethnocidés, et on appelle ça « développement » ou « progrès ». Quant aux personnes qui souhaitent vivre en dehors des règles imposées par le système industriel (État, économie, etc.) dans les pays industrialisés, elles sont marginalisées, persécutées et emprisonnées.

  7. Voir l’épopée de Gilgamesh, le plus ancien poème épique au monde, où il est raconté que la civilisation naît de la destruction de la nature sauvage.

  8. Voir cette recension du livre de la philosophe Virginie Marris, La part sauvage du monde : https://laviedesidees.fr/Qui-veut-la-mort-de-la-nature

  9. Renaud Garcia, Le désert de la critique. Déconstruction et politique, 2015. Voir également cette interview du philosophe anarchiste et anti-industriel : https://www.philomag.com/articles/renaud-garcia-le-vrai-probleme-pose-par-les-deconstructionnistes-est-leur-attaque-de

  10. L’idée d’un progrès technique émancipateur a été brillamment disséquée et démontée par le philosophe-jardinier Aurélien Berlan dans Terre et liberté. La quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance (2021).

  11. L’écrivain et militant écologiste Edward Abbey a magnifiquement résumé la chose dans Désert solitaire (1968) :

    « Seul dans le silence je comprends un instant la terreur que le désert primal suscite chez de nombreuses personnes, la peur inconsciente qui les force à dompter, altérer ou détruire ce qu’elles ne peuvent comprendre, à réduire le sauvage et le préhumain pour lui donner taille humaine. Tout plutôt que d’affronter de face l’ante-humain, l’autre monde qui ne terrifie pas par son danger ou son hostilité mais par quelque chose de bien pire : son implacable indifférence. »

    D’autres comme Bill Watterson sont arrivés à un constat similaire :

    « Ça offense l’ego humain de voir la nature si indifférente à notre sort. La nature se fiche de ceux qui vivent ou qui meurent. Elle refuse de se laisser dompter. Elle fait ce qu’elle veut. C’est comme si les gens ne comptaient pas. Elle ne nous reconnaît pas le droit d’être là. Ça exaspère les gens. Ils ne peuvent pas supporter d’être ignorés. C’est insultant. »

    Cité dans cet article de la revue Écologie & Politique : https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2018-2-page-151.htm

  12. Voir le manifeste des Soulèvements de la Terre, Premières secousses, 2024.

  13. Dans cette section, il ne s’agit en aucun cas de montrer du doigt les individus atteints de pathologies et de les accuser d’en être responsables. Lorsque la maladie devient aussi omniprésente dans une société, lorsqu’une part croissante de la population est sous traitement médical, le phénomène ne peut être réduit à la responsabilité individuelle. Il s’agit d’une caractéristique culturelle.

  14. Christopher Ryan, Civilisé à en mourir. Le prix du progrès, 2019.

  15. Voir le film documentaire Dans les cuisines de la préhistoire, 2022.

  16. Ibid. La peau claire serait apparue chez les agriculteurs. Elle serait le résultat d’une mutation qui aurait été sélectionnée pour pallier les carences en vitamines D de l’alimentation des premiers agriculteurs.

  17. Voir Christopher Ryan, op. cit. Voir aussi Daniel E. Lieberman, L’histoire du corps humain. Évolution, dysévolution et nouvelles maladies, 2013.

  18. Voir Pièces et main d’œuvre, Le règne machinal. La crise sanitaire et au-delà, 2021.

  19. Voir Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital, 2019. De nouvelles études viennent constamment appuyer le constat du chercheur de l’Inserm : https://www.europe1.fr/societe/sante-une-etude-japonaise-revele-des-retards-de-developpement-chez-les-bebes-a-cause-des-ecrans-4200511

  20. Angela J. Hanscom, Dehors, les enfants ! Réapprendre aux enfants à jouer dehors et à oublier les tablettes, 2018.

  21. Voir le film documentaire Un monde obèse, 2020

  22. https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/des-scientifiques-alertent-sur-un-boom-de-la-myopie-et-ses-facteurs-de-risque-1382926

  23. https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/20/la-baisse-de-la-fecondite-humaine-dans-le-monde-pourrait-etre-plus-rapide-que-prevu_6223140_3244.html

  24. https://www.huffingtonpost.fr/life/article/des-microplastiques-reperes-dans-tous-les-testicules-humains-leurs-consequences-sur-la-fertilite-a-l-etude_234229.html

  25. https://www.slate.fr/story/226473/infertilite-parcours-pma-fiv-sopk-grossesse-francais

  26. Voir l’extrait suivant tiré de Charles Darwin, La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, 1871. Comme la plupart des scientifiques célèbres, Darwin était atteint de dissonance cognitive. Après avoir écrit cela, il explique longuement que la civilisation est malgré tout le sommet de l’évolution humaine, ce qui montre qu’il confondait progrès/développement et évolution.

    « Chez les sauvages, les faibles de corps ou d’esprit sont bientôt éliminés ; et ceux qui survivent affichent généralement un état de santé vigoureux. Nous autres hommes civilisés, au contraire, faisons tout notre possible pour faire obstacle au processus de l’élimination ; nous construisons des asiles pour les idiots, les estropiés et les malades ; nous instituons des lois sur les pauvres ; et nos médecins déploient toute leur habileté pour conserver la vie de chacun jusqu’au dernier moment. Il y a tout lieu de croire que la vaccination a préservé des milliers d’individus qui, à cause d’une faible constitution, auraient autrefois succombé à la variole. Ainsi, les membres faibles des sociétés civilisées propagent leur nature. Il n’est personne qui, s’étant occupé de la reproduction des animaux domestiques, doutera que cela doive être hautement nuisible pour la race de l’homme. Il est surprenant de voir avec quelle rapidité un manque de soins, ou des soins mal adressés, conduisent à la dégénérescence d’une race domestique ; mais excepté dans le cas de l’homme lui-même, il n’est presque personne qui soit si ignorant qu’il permette à ses pires animaux de se reproduire. »

  27. Daniel E. Lieberman, op. cit., par exemple page 203. Dans l’expression « développement culturel », il inclut également le progrès technique :

    « […] il ne fait aucun doute que certains développements culturels ont neutralisé pour d’innombrables humains la sélection naturelle qu’ils auraient pu subir. Songez à quel point la pénicilline a dû affecter la sélection une fois que ce médicament est devenu largement accessible dans les années 1940. Des millions de gens sont encore en vie qui autrement seraient morts des maladies comme la tuberculose ou la pneumonie s’ils possédaient des gènes qui augmentent leur prédisposition. »

  28. C’est exactement l’objectif des transhumanistes, ces nazis de notre temps : exterminer le primate humain, cette « sous-espèce ». Voir l’excellent Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumaniste, par Pièces et main d’œuvre, un collectif anti-industriel grenoblois qui publie des enquêtes bien documentées depuis une vingtaine d’années. Ils citent le scientifique et cybernéticien Kevin Warwick, manifestement un grand malade mental :

    « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles gardées au pré. »

    « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. »

  29. Dimitri Van Limbergen, Sadi Maréchal et Wim De Clercq, The Resilience of the Roman Empire, 2020.

  30. Robert E Ricklefs, Rick Relyea, Écologie: l’économie de la nature, 2019.

  31. Ibid.

  32. Voir Theodore Kaczynski, La Société industrielle et son avenir, 1995. Kaczynski définit les technologies à petite échelle comme celles ne nécessitant pas une société de masse, hiérarchique et organisée. Ce sont essentiellement les activités artisanales.

  33. Ce respect des lois de la nature peut être conscient ou inconscient. On sait par exemple que les groupes de chasseurs-cueilleurs présentent une forte mortalité infantile. Les enfants trop faibles meurent ou sont tués. Ces sociétés pratiquent l’avortement ou l’infanticide notamment pour éviter que de trop nombreuses bouches à nourrir deviennent un fardeau pour un groupe nomade. Une mère ne peut en effet pas transporter plusieurs enfants à la fois, il faut donc attendre que le nouveau-né soit assez indépendant pour avoir un autre enfant. Voir par exemple Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki, 1972 ; voir aussi Erik O. Kimbrough, Gordon M. Myers, Arthur J. Robson, « Infanticide and Human Self Domestication », Frontiers Psychology, 2021 : « Chez les fourrageurs modernes, les taux d’infanticide ont été estimés à 15-50%. » Voir aussi David F. Lancy, The anthropology of childhood, 2008. Voir encore le film documentaire Dans les cuisines de la préhistoire, 2022. L’anthropologue et médecin Alain Froment y explique que les sociétés de chasseurs-cueilleurs sont stables, car elles font peu d’enfants, soit parce qu’il y a une forte mortalité infantile, soit parce qu’il y a un espacement plus important des naissances en prolongeant l’allaitement.

  34. https://fr.wikipedia.org/wiki/Arnold_Toynbee

  35. Les historiens sérieux le disent très explicitement : l’apparition de la civilisation coïncide avec le développement d’une culture qui se perçoit comme en guerre permanente avec la nature sauvage et son imprévisibilité, son indomptabilité. Voir Fernand Braudel, Grammaire des civilisations (1963) ou plus récemment J. Donald Hughes, Environmental Problems of the Greeks and Romans: Ecology in the Ancient Mediterranean, 2014.

  36. Voir ce livre sur le développement durable : https://catdir.loc.gov/catdir/samples/cam032/99031467.pdf

  37. Robert E Ricklefs, Rick Relyea, op. cit.

  38. Jean-Baptiste Fressoz, L’apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, 2012.

  39. Norbert Wiener, Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains, 1950.

  40. Sans surprise, comme la plupart des scientifiques, Lieberman arrive à pondre un livre décrivant le désastre qu’est le Progrès civilisationnel pour l’espèce humaine tout en célébrant les avancées technologiques réalisées depuis l’avènement de la civilisation. Il trouve par exemple génial que l’agriculture ait permis d’augmenter les ressources et de multiplier les humains comme du bétail.

  41. Daniel E. Lieberman, op. cit.

  42. Voir dans Hervé Guy et Alain Froment, Archéologie de la santé, anthropologie du soin, 2019.

  43. Ivan Illich, Némésis médicale : l’expropriation de la santé, 1974.

  44. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/carbone-14-le-magazine-de-l-archeologie/6-000-ans-de-revolution-urbaine-6146762

  45. Homo sapiens est apparu il y a environ 300 000 ans : https://www.mnhn.fr/fr/depuis-quand-l-humain-existe-t-il

  46. Voir John Kricher, Balance of Nature – Ecology’s Enduring Myth, 2009 :

    « Les écologues ont appris que des niveaux de perturbation intermédiaires semblent conduire à un niveau maximal de biodiversité. Si les perturbations sont trop faibles, la concurrence entre les espèces éliminera certaines d’entre elles et réduira la diversité des espèces. Si les perturbations sont trop importantes, peu d’espèces seront capables de tolérer la fréquence des perturbations. »

  47. Un intéressant article originellement publié sur le média en ligne The Commen Sense Canadian et traduit ici : https://www.partage-le.com/2015/07/26/la-mondialisation-les-ravages-de-la-nouvelle-pangee-ray-grigg/

  48. Clausewitz, De la guerre, 1832.

  49. Voir le site du Muséum national d’histoire naturelle : « Les groupes humains du Paléolithique supérieur sont peu nombreux et assez dispersés. Sur le territoire français actuel, on estime la population à quelques dizaines de milliers d’humains. Les groupes se déplacent, se rencontrent et communiquent. Ils font circuler des matériaux ou des objets, des outils, des parures, sur de vastes réseaux d’échange. »

    https://www.mnhn.fr/fr/cro-magnon-vivait-il-en-societe

  50. Les populations humaines du Paléolithique ont pu causer des extinctions d’espèces en sortant d’Afrique et en arrivant sur de nouveaux territoires, notamment des espèces de grands mammifères qui prospéraient durant le Pléistocène. Ces extinctions sont largement instrumentalisées à des fins politiques par les laudateurs de la civilisation industrielle. Ils veulent présenter l’être humain comme un éternel nuisible, une sorte d’anomalie évolutive, ce qui légitime la poursuite de la destruction du monde par la technologie. Il y a pourtant de vigoureux débats autour de cette question entre archéologues et biologistes, et les preuves archéologiques d’une chasse excessive manquent pour étayer définitivement la thèse d’une éradication rapide, d’autant que dans plusieurs cas, en Australie ou en Sibérie, la coexistence entre humains et mégafaune a parfois duré des dizaines de milliers d’années. En outre, ces extinctions ne nous disent rien sur le taux d’extinction global des espèces dans les milieux où vivaient ces humains du Paléolithique. Encore une fois, il faut rappeler qu’il y a un taux normal d’extinction, que les espèces s’éteignent naturellement depuis l’apparition de la vie sur Terre, que toutes les espèces qui vivent aujourd’hui s’éteindront un jour et seront remplacées par d’autres. La caractéristique majeure de l’Holocène, qui a vu naître la révolution agricole et urbaine, et qui correspond aux 10 000 dernières années, c’est d’avoir un taux d’extinction de 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel.

    Pour plus d’infos sur ce sujet, voir cette traduction : https://greenwashingeconomy.com/les-humains-nont-pas-extermine-le-rhinoceros-laineux/

    Voir aussi cet article : https://greenwashingeconomy.com/carnage-repeindre-lantispecisme-en-vert/

    Voir encore cet article du Guardian : https://www.theguardian.com/science/2020/may/19/humans-australia-megafauna-to-extinction-climate-queensland

  51. Theodore Kaczynski, op. cit.

  52. J. Donald Hughes, op. cit.

  53. Cette histoire passionnante est racontée par le journaliste scientifique Charles C. Mann dans son livre 1492 (2011).

  54. La colonisation de l’imaginaire des populations africaines se poursuit par l’intermédiaire des écrans, voir cette interview du sociologue gabonais Joseph Tonda : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/06/29/nicki-minaj-est-la-transfiguration-du-mythe-vaudou-de-mami-wata_5323238_3212.html

  55. Stephen Zweig, L’uniformisation du monde, 1925.

  56. Voir par exemple le pionnier de l’analyse systémique de la technosphère, Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, 1954.

  57. En 2014, le transport maritime, qui représente 90 % des volumes transportés, a déplacé 10 milliards de tonnes de marchandises à la surface du globe : https://start.lesechos.fr/societe/culture-tendances/5-chiffres-incroyables-sur-le-commerce-maritime-1179685

  58. Voir ce texte du journaliste scientifique Charles C. Mann extrait de son livre 1493. Cela dit, Mann trouve notre époque géniale, il ne voit pas du tout l’uniformisation du monde comme un problème.

    https://orionmagazine.org/article/the-dawn-of-the-homogenocene/

  59. Robert E Ricklefs, Rick Relyea, Écologie: l’économie de la nature, 2019.

  60. Mao Zedong, De la contradiction, 1937.

  61. Ibid.

  62. Toutes les promesses de libération du prolétariat n’ont jamais été remplies lors de la prise de pouvoir des communistes en Russie, en Chine, à Cuba et ailleurs. C’est notamment parce que la théorie marxiste considère la technologie comme une force neutre politiquement et socialement. Voir Marius Blouin, De la technocratie : la classe puissance à l’ère technologique, 2023.

  63. Theodore Kaczynski, Révolution Anti-Tech. Pourquoi et comment ?, 2016.

Print Friendly, PDF & Email