La n°2 des Nations Unies impliquée dans la déforestation en Afrique
Amina J. Mohammed, aujourd’hui vice-secrétaire de l’Organisation des Nations Unies et présidente du groupe des Nations Unies pour le développement durable, a été accusée en 2017 par l’Environmental Investigation Agency (EIA) d’avoir participé, lorsqu’elle était encore ministre de l’environnement du Nigéria, à l’une des opérations de blanchiment de bois coupé illégalement les plus importantes de l’histoire. À ce jour, cette dame n’a été aucunement inquiétée, elle exerce toujours à son poste et a démenti les accusations de blanchiment de l’EIA dans une interview donnée au journal Le Monde fin 2017.
Dans son enquête intitulée The Rosewood Racket, l’EIA – une ONG basée à Londres et Washington réalisant un travail d’investigation du trafic de la faune et de la flore – révèle l’ampleur du trafic de bois de rose entre le Nigéria et la Chine. Un travail rigoureux d’investigation et d’infiltration des réseaux de trafiquants, des forêts nigérianes aux boutiques de luxe chinoises vendant des meubles en bois précieux, permet de prendre la mesure du commerce de bois de rose devenu le trafic de faune et de flore le plus lucratif au monde. Depuis 2012, la demande de ce bois explose en Chine et les forêts sont pillées partout sur la planète pour y répondre, l’Afrique étant aujourd’hui le principal fournisseur. Pour son enquête, l’EIA s’est concentrée sur une espèce particulière de bois de rose appelée « kosso ».
L’EIA met en lumière la corruption à toutes les étapes de la chaîne de valeur et la falsification de documents, aussi bien au Nigéria qu’en Chine. L’appétit des marchands est tel que du kosso a été prélevé sur les territoires contrôlés par l’organisation Boko Haram, les terroristes auraient donc pu bénéficier financièrement de ce trafic. En 2016, plusieurs espèces d’arbres – dont le kosso – ont été ajoutées sur l’Annexe II de la CITES, la Convention sur le commerce international d’espèces de faune et flore menacées. Suite à cette nouvelle réglementation ratifiée par tous les membres des Nations Unies, la Chine a peu après interdit l’entrée sur son territoire de plus de 10 000 containers remplis d’au moins un million de rondins illégaux de kosso en provenance du Nigéria, une cargaison estimée à plus de 300 millions de dollars.
Afin de débloquer cette précieuse marchandise, la mafia du bois de rose a payé plus d’1 million de dollars de pots-de-vin à des hauts responsables et officiels du gouvernement nigérian. C’est à ce moment-là qu’est entrée en jeu Amina J. Mohammed. La ministre de l’environnement aurait touché une partie de cette somme pour signer environ 4 000 permis CITES rétroactifs – en violation de la réglementation CITES – et permettre aux containers d’entrer sur le territoire chinois en 2017. L’EIA précise dans son rapport qu’au Nigéria, seule la ministre avait le pouvoir de signer ces permis. Ces permis ont été signés quelques jours avant qu’Amina J. Mohammed prennent ses nouvelles fonctions de vice-secrétaire générale de l’ONU à New York. En outre, l’EIA détaille dans son enquête les liens étroits entretenus par Madame Mohammed, notamment avec l’Institut Scientifique et Technique de Chine (ISTIC). Elle s’est également prononcée publiquement en faveur des nouvelles routes de la soie, un projet anti-écologique au possible visant à étendre l’influence de la Chine dans le monde par la construction d’infrastructures gigantesques.
Dans son rapport publié en 2020, l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (UNODC) précise au sujet du référencement de Pterocarpus erinaceus (kosso) dans l’Annexe II de la CITES :
« Remarquablement, après ce listing par la CITES, il n’y a jamais eu autant de bois de rose exporté par l’Afrique. À lui seul le Nigéria a exporté quelques 750 000 mètres cubes de bois de rose en 2017, soit l’équivalent d’environ 4 millions d’arbres, ou plus de 30 000 containers, avec une moyenne de 100 containers exportés par jour. »
Ironiquement, le rapport de l’UNODC pointe la corruption jusqu’aux plus hautes instances étatiques comme un problème dans la lutte contre le commerce illégal de la faune et de la flore.
Dans l’Atlas Mondial des flux illicites publié par Interpol en 2018, on apprend par exemple que 15 à 30 % du bois commercialisé légalement est issu de l’exploitation forestière illégale, preuve que l’existence d’un marché licite est souvent la condition pour qu’un marché illicite se développe. On observe d’ailleurs la même mécanique avec d’autres types de « marchandises », comme avec le commerce d’animaux exotiques.
Quand les Nations Unies sont infiltrées, qui plus est au niveau du secrétariat général, par des personnes corrompues directement impliquées dans la déforestation, il n’y a plus rien à espérer des institutions internationales, des États et de la classe dirigeante. Tous ces parasites s’engraissent en participant activement à la dévastation du monde, ils font donc partie du problème, certainement pas de la solution.