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Neutralité carbone, une aubaine pour l’industrie minière

Qui est capable aujourd’hui de dresser la liste des matières premières composant son smartphone, son ordinateur ou sa voiture ? Qui connaît le lieu et les conditions d’extraction ? Personne, pas même les ingénieurs responsables de la conception des innombrables objets et machines ayant envahi notre quotidien.


Il y a un aspect de la civilisation industrielle largement occulté ou ignoré par la plupart des personnalités se réclamant de l’écologie : l’extractivisme. Il faut donc leur rappeler que nickel, bauxite, fer, cuivre, et l’ensemble des métaux ne poussent pas dans les arbres, ils sont arrachés à la Terre par de gigantesques machines carburant au diesel.


D’après la Banque Mondiale,

« le cuivre est stratégique pour la transition énergétique. Lors des 5 000 ans passés, environ 550 millions de tonnes de cuivre ont été produites. Le monde aura besoin de la même quantité dans les 25 prochaines années pour répondre à la demande. »


Le Green New Deal va faire exploser la demande de cuivre et, d’après le site Mining.com, média en ligne leader sur l’exploitation minière, il faudrait extraire et traiter 130 milliards de tonnes de roche vu la teneur actuel des gisements en cuivre pour alimenter la croissance verte et déployer les technologies dites « propres » (éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques, etc.).


Extrait de l’article de Mining.com :

« Les héroïnes improbables de l’industrie minière : Greta Thunberg et Alexandria Ocasio-Cortez


L’expansion exponentielle de l’exploitation minière mondiale est le sale petit secret – et l’angle mort flagrant – des évangélistes du Green New Deal, des guerriers du climat et de la neutralité carbone. »


L’industrie minière remercie chaudement le Mouvement Climat et ses apôtres, de Greta Thunberg à Alexandria Ocasio-Cortez et Al Gore, en passant par le climatologue Jean Jouzel et l’économiste Joseph Stiglitz, pour leur lobbying intense en faveur du déploiement de nouvelles technologies très gourmandes en métaux.


D’après un article de la revue scientifique The Conversation, une voiture électrique contient trois à neuf fois plus de cuivre qu’une voiture thermique. Éoliennes et panneaux solaires engloutissent également des quantités très importantes de cuivre, bien plus que les technologies précédentes de production énergétique par rapport à la puissance installée. Les secteurs consommant le cuivre : biens de consommation (29 %), construction (25 %), industrie (19 %), transmission et télécommunication (15 %), transport (12 %).


En photo d’illustration pour cet article, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde : Chuquicamata au Chili, dans le désert d’Atacama, l’endroit le plus aride de la planète. Escondida, une autre mine de cuivre géante située elle aussi dans l’Atacama, propriété à hauteur de 57 % du groupe anglo-australien BHP, pompe du sol 1 400 litres d’eau par seconde.


Ouverte au début du XXe siècle et située à 2 800 mètres d’altitude, Chuquicamata produit 450 000 tonnes de cuivre par an. Codelco, la firme nationale propriétaire de la mine, emploie directement et indirectement 67 000 personnes et assure à elle seule 11 % de la production mondiale du précieux métal, soit 1,7 million de tonnes sur 20 millions au total en 2019.
Premier producteur de cuivre, le Chili a extrait 5,6 millions de tonnes en 2019, soit 28 % de la production mondiale. Diego Candia, un responsable de Codelco précise :

« La Chine utilise le cuivre pour fabriquer des gadgets électroniques comme des tablettes, des téléphones portables et des appareils photo qui contiennent de fines fibres de cuivre. »


D’après un article de China Dialogue, la Chine consomme 40 % du cuivre produit mondialement pour fabriquer câbles électriques, voitures, motocyclettes, réfrigérateurs, tuyaux de plomberie et bien d’autres produits et machines parasitant le quotidien de la chose humaine en milieu industriel. En 2012, 80 % du cuivre exporté par le Chili avait pour destination la Chine.


Pour transporter le minerai, des camions circulent 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7 à Chuquicamata. Les plus « petits » modèles japonais possèdent une capacité de charge de 330 tonnes, et les mastodontes allemands (Liebherr) peuvent quant à eux déplacer 400 tonnes en un voyage. Leur consommation ? Trois litres de diesel à la minute ou 4 320 litres par jour, soit environ la capacité du réservoir de 4 700 litres pour un Liebherr T 282B. Selon Diego Candia, les monstres d’acier évacuent de la mine 400 000 tonnes de déchets chaque jour.



Toujours selon China Dialogue, après l’extraction du minerai, un procédé nécessitant des températures de 200°C et de grandes quantités d’eau sépare le cuivre du sulfure et des oxydes qu’il contient. Le produit raffiné est ensuite transformé en poudre concentrée noire ou envoyé par blocs en Chine. D’après Diego Candia, « le processus de fusion contamine énormément l’air » ; il émet de grandes quantités de particules fines et des gaz toxiques dont l’oxyde de soufre.


Autrefois, la zone de Chuquicamata était habitée par 25 000 personnes travaillant pour la mine. Mais la dernière famille a quitté le site en février 2008 pour la ville de Calama située à 17 kilomètres, car l’endroit est désormais hostile à la vie en raison de la pollution. De leur côté, les mineurs souffrent d’asthme et de silicose, leur système immunitaire périclite.
Yery Luza, écologue travaillant pour la ville de Calama, précise :

« Assurément, il s’est produit durant les 50 à 60 dernières années une forte contamination de l’air, du sol et de l’eau à Calama. Avant, la ville était située sur une route commerciale importante pour les Chiliens de l’intérieur. L’agriculture était aussi un secteur important. Cette zone est devenue exclusivement minière en raison de la pression étrangère. »

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