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Neutralité carbone : l’arnaque du siècle

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, et pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, les 195 pays signataires de l’Accord de Paris se sont fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Nous n’allons pas revenir ici sur l’aberration qui consiste à « lutter contre le changement climatique », ce qui revient à s’attaquer aux symptômes et non à la racine du mal – la société industrielle et l’extraction démentielle de matières premières et d’énergie qui sous-tend son existence. Le concept de neutralité carbone a été d’une aide précieuse pour détourner le mouvement écologiste – historiquement décroissant, en faveur de la paysannerie et s’opposant aux industriels autant qu’à l’État – afin de limiter le cadre des débats au changement climatique, à la question énergétique et à la décarbonation de l’économie.

Qu’est-ce que la neutralité carbone ?

« Celui qui pense que le système technologique s’arrêtera un jour de consumer des énergies fossiles rêve éveillé. »

– Theodore Kaczynski, Révolution Anti-Tech : pourquoi et comment ?, 2016.

Contrairement à l’idée largement répandue par les décarboneurs, en théorie la neutralité carbone n’implique pas nécessairement une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il s’agit d’une vision comptable appliquée au climat mondial où l’on cherche à atteindre l’équilibre entre les émissions de carbone et la séquestration du carbone. La définition officielle de la neutralité carbone nous est donnée par le Parlement européen :

« La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone. Pour atteindre des émissions nettes nulles, toutes les émissions de gaz à effet de serre dans le monde devront être compensées par la séquestration du carbone[1]. »

Le Parlement européen poursuit en précisant que les puits de carbone s’appliquent à « tout système qui absorbe plus de carbone qu’il n’en émet », ce qui s’applique au sol, aux forêts et aux océans. Problème, les émissions artificielles de GES – les émissions du système technologique né de la première révolution industrielle – dépassant de très loin la capacité d’absorption en carbone des systèmes naturels, la bureaucratie européenne en conclut qu’il est « essentiel de réduire les émissions de carbone pour atteindre la neutralité carbone. » Mais comme il est physiquement impossible de laisser charbon, pétrole et gaz dans la croûte terrestre sans envisager le démantèlement de pans entiers du système techno-industriel, la géo-ingénierie s’impose de plus en plus dans les débats comme une solution inévitable, et ce en particulier grâce au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Les carburants fossiles représentaient plus de 83 % du mix énergétique mondial en 2020. Il faut vraiment croire au père Noël pour imaginer qu’il soit physiquement possible de cesser de brûler du pétrole, du gaz et du charbon dans les décennies à venir sans démanteler des pans entiers du système industriel.

Le carbone, cheval de Troie de l’appropriation capitaliste de la nature

« Tout processus d’appropriation a toujours comme double inversé une expropriation. »

– Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature : critique de l’écologie marchande, 2021.

L’économiste Hélène Tordjman rappelle dans son livre les processus par lesquels le capitalisme, s’appuyant sur la science et le progrès technique, nourrit son expansion en colonisant de nouveaux domaines, élargissant constamment son emprise sur la nature. Ainsi, « des choses qui n’avaient pas vocation à être marchandises le deviennent » :

« Ressources génétiques, protection des espèces menacées et des habitats, séquestration du carbone par les forêts, une nouvelle classe de marchandises fictives apparaît. Karl Polanyi désignait ainsi la terre, le travail et la monnaie, choses non produites en vue d’un échange marchand mais devenues marchandises à travers un processus à la fois économique, juridique et politique compliqué et souvent violent. »

On assiste à une « dématérialisation de la nature », celle-ci doit être transformée en abstraction et désincarnée pour pouvoir être intégrée au marché et valorisée. Les plantes les animaux sont réduits à de l’information génétique, les forêts à des « puits de carbone » ou à un « stock de biomasse » fournissant des « services écosystémiques ».

Après avoir détaillé les étapes de construction des marchandises fictives que sont les services écosystémiques (voir l’article « Comment transformer la nature en marchandise »), Hélène Tordjman fait la lumière sur la « nature profonde de l’exercice. » Donner un prix à la nature est une entreprise à la fois « réductionniste et impérialiste. » Réductionniste, car la nature est découpée en morceaux, réduite à un « catalogue d’objets discrets, envisagés séparément les uns des autres, seule manière de pouvoir les mesurer, les comparer et leur donner une valeur en termes d’“unités de biodiversité” ou de dollars. » Il s’agit également selon Tordjman d’une « perspective impérialiste », en d’autres termes une « vision de la nature comme un capital engendrant des flux de services écosystémiques [qui] prétend rendre compte de tous les aspects de la vie sur Terre, considérés sous l’unique angle des bénéfices qu’ils apportent à l’être humain. » L’impérialisme se remarque encore dans « l’importation dans le champ de l’écologie des catégories économiques et financières pour penser la nature et nos relations avec elle. »

« Des flux, des stocks, du capital, des services… tous ces termes reflètent la domination sans partage d’une vision économiciste du monde. Dans l’indifférenciation qu’elle produit, cette vision nie la richesse de la nature et sa diversité : un hectare de forêt tropicale égale 3 hectares de forêt tempérée ou 1/10e d’hectare de récif corallien. Une forêt tropicale n’est qu’un “puits de carbone”, tandis qu’un récif corallien ou une mangrove sont essentiellement des protections à l’érosion des côtes. Quant à la “biomasse”, elle englobe tout ce qui vit ou a vécu sur Terre, tous les organismes non fossilisés. Les formes matérielles de la vie sur Terre, leur beauté spontanée et leur infinie diversité sont ramenées à un équivalent général quantitatif unique. D’une manière quelque peu similaire à ce qui se passe pour l’appropriation des gènes, variétés végétales et microorganismes, où toutes ces formes de vie sont évaluées à travers le prisme de l’information génétique (une succession de bits), les notions de capital naturel et de services écosystémiques conçoivent une nature indépendante de ses manifestations concrètes, désincarnée ou dématérialisée. »

Poser les bases techniques, juridiques et financières pour valoriser une forêt en termes d’équivalent carbone est une boîte de Pandore qui, une fois ouverte, aura des conséquences dont on peine à imaginer la portée.

« La valeur carbone d’un éléphant de forêt est de 1,75 million de dollars ». Voilà le genre de chose qu’on peut lire dans un article du FMI qui soutient que l’attribution d’un prix aux « services écosystémiques » fournis par les éléphants de forêt pourrait contribuer à leur sauvegarde. Dans cette perspective, le vénérable éléphant de forêt est assimilé à un vulgaire stock de carbone. Il faut le réduire à un chiffre pour qu’il devienne visible dans la comptabilité carbone, préalable nécessaire dans le processus de construction d’une marchandise.

Une révolution industrielle et financière « décarbonée »

« Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie nous dit qu’en 2050, le monde consommera encore 25 millions de barils de pétrole par jour. Ce n’est pas zéro. Cela veut dire qu’il va bien falloir capter ce carbone[2]. »

– Patrick Pouyanné, PDG du groupe Total Energies, « C’est l’argent du pétrole qui finance la transition énergétique », La Tribune, 13 septembre 2021.

Le réchauffement climatique, c’est surtout l’occasion rêvée d’attribuer des vertus écologiques et démocratiques au développement techno-industriel ou à la planification étatique. Dans La Servitude électrique (2021), les sociologues Alain Gras et Gérard Dubey rapportent une tentative de « réenchantement » similaire opérée à la fin du XIXe siècle :

« À la fin de ce [XIXe] siècle l’électricité s’apparente à une vaste entreprise de réenchantement et de revitalisation d’un monde mécanique au moment où celui-ci est en proie à de vives critiques. »

Comme « la conscience des effets délétères de l’industrialisation sur les rapports sociaux et la nature fait perdre la foi dans le progrès », l’électricité est alors présentée comme une « technique salvatrice », une « “solution” aux dégâts alors connus et débattus du capitalisme fossile. » Bref, rien de nouveau sous le soleil. Les prêtres de la technoscience sont encore et toujours à la manœuvre pour « réenchanter » la machine, louanger le techno-solutionnisme et renouveler la soumission générale du bétail humain au Saint État. On prône toujours l’électrification pour dissimuler la pollution qui se déplace alors en amont ou en aval du cycle de vie des matériaux, objets et machines. Aurélien Berlan souligne à ce propos dans Terre et Liberté (2021) la capacité du capitalisme industriel à se nourrir des crises sociales et écologiques qu’il engendre, et c’est là sa grande force.

Lors d’une recherche sur Google avec les mots clés « neutralité carbone », on s’aperçoit que les grands groupes industriels, les technocrates de l’Union européenne ou encore les médias de l’establishment squattent les premières places des résultats. On y trouve le fleuron du nucléaire français Orano (anciennement Areva), le site du Parlement européen, le site du ministère français de la Transition écologique, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), deux entreprises de conseil en transition carbone (Selectra et Carbone 4), deux plateformes proposant des services de bilan carbone et de transition carbone aux entreprises comme aux particuliers (Traace et Carbo), ainsi que le média Novethic (financé par l’État[3]) ou encore le journal Les Echos, propriété du milliardaire Bernard Arnault. Il y a manifestement de puissants intérêts économiques derrière la neutralité carbone, une nouvelle source potentielle de croissance.

Site de la marque Carbo, une solution de bilan carbone pour particuliers et entreprises. La neutralité carbone est avant tout un business florissant qui repose, entre autres, sur l’industrie numérique. En 2020, un article du journal Le Monde Diplomatique titrant « le numérique carbure au charbon » révélait que cette industrie, en plus de carburer à l’énergie fossile, a parmi ses gros clients la plupart des majors pétrolières.

Le Parlement européen nous informe que parvenir à une économie neutre en carbone peut se faire avec « des investissements dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique ou d’autres technologies à faible émission de carbone. » Il met en avant deux outils faisant appel au marché : le système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne (SEQE) et le mécanisme européen d’ajustement des émissions de carbone aux frontières. D’après Reuters, « la valeur des marchés mondiaux des permis d’émissions de CO2 a augmenté de 164 % pour atteindre le chiffre record de 760 milliards d’euros l’année dernière[4] [en 2021] ». Pour le moment, le marché européen des quotas carbone compte pour 90 % de la valeur totale, ce qui veut dire que le potentiel de croissance est énorme.

Problème, la croissance du PIB engendre une hausse de l’empreinte matérielle des sociétés. Le concept de découplage, c’est-à-dire la possibilité d’accroître le PIB sans augmenter l’empreinte matérielle de la société industrielle, est un « mythe[5] ». La croissance économique implique systématiquement une augmentation de l’empreinte matérielle. C’est même pire que cela. D’après l’ONU, « l’empreinte matérielle mondiale augmente plus rapidement que la croissance démographique et économique[6]. » En conséquence, le développement des marchés du carbone risque d’accroître globalement l’extraction de matières premières en amont du cycle économique, le déversement de polluants en aval, et très certainement aussi l’artificialisation des terres un peu partout sur la planète. Selon les prévisions de l’OCDE, la demande de métaux indispensables au déploiement des technologies dites « vertes » (batteries, éoliennes, panneaux solaires, smart grid, smart city et cie) devrait passer de 8 à 20 milliards de tonnes d’ici 2060 dans le monde[7].

Au-delà de l’énergie « propre » (chose qui n’existe pas et n’existera jamais), un nouveau secteur industriel est en train de naître grâce à la « lutte » contre le réchauffement climatique. Le GIEC passe en revue dans son dernier rapport d’avril 2022 les technologies de captage, de stockage et de réutilisation du CO2 (CCSU). Pour les scientifiques du GIEC, les « émissions résiduelles » (aviation et élevage par exemple) étant difficiles à supprimer, « le déploiement de dispositifs de captation du dioxyde de carbone, pour contrebalancer les émissions résiduelles, est inévitable[8]. » L’économiste Hélène Tordjman dédie un passage de son livre à ces « technologies à émissions négatives » comme on les appelle dans la novlangue des écolocrates. Les BECCS (Bioenergy and Carbon Capture and Storage) sont des techniques de géo-ingénierie déjà évoquées par le GIEC dans son troisième rapport de 2007 mais jugées trop hasardeuses à l’époque. Il n’a pas fallu longtemps pour que le GIEC retourne sa veste. Le cinquième rapport paru en 2014 « reconnaît que la plupart des scénarios aboutissant à des trajectoires compatibles avec l’objectif des 2°C incluent l’hypothèse de leur utilisation à grande échelle à partir de 2050, ou même avant si possible, vu l’urgence. »

Le magazine L’Usine Nouvelle faisait récemment le point sur le dernier rapport du GIEC et le potentiel des CCSU :

« Le déploiement d’équipements industriels pour capter les molécules de CO2 doit être accompagné par des infrastructures pour transporter ce carbone, puis l’injecter dans le sous-sol (sur terre ou en mer) de manière pérenne. Et ce, qu’il s’agisse de retirer le CO2 des fumées de combustion ou bien de l’aspirer directement dans l’air ambiant. Dans les cas, plus rares, où le CO2 serait revalorisé, des usines pour transformer les molécules de carbone en produits finis – carburants synthétiques, fertilisants, produits plastiques, etc. – doivent être installées. Recourir aux technologies de captage, de stockage et de réutilisation de carbone (CCSU) revient donc, in fine, à mettre en place toute une filière industrielle[9]. »

Avec des taux de fuite se situant sous la barre des 0,001 % par an, le GIEC juge « sûr » le stockage géologique du carbone dont les capacités tournent autour de 10 000 gigatonnes de CO2, ce qui constitue une « capacité de stockage de CO2 supérieure à ce qui est nécessaire pour limiter la température sous la barre des 1,5°C à horizon 2100. » Si « les aquifères salins (en mer) représentent près de 80% des capacités théoriques de stockages du CO2 », ce sont « les anciens gisements de gaz ou de pétrole – certes plus limités en termes de capacité de stockage – qui seront les premières infrastructures de stockage déployées. » Il y a une raison à cela. Ainsi que nous l’apprend Hélène Tordjman, « la CSC (Capture et stockage du carbone, CCS en anglais) fait partie des techniques d’Enhanced Oil Recovery (EOR) » qui, en injectant du gaz carbonique sous pression dans les puits de pétrole, permettent « d’extraire beaucoup plus d’hydrocarbures ». Utilisées depuis le milieu des années 1990, les techniques EOR ont permis d’augmenter « l’évaluation des réserves mondiales de pétrole de près de 70 %. » Il existe donc une relation symbiotique entre extraction de pétrole et stockage du carbone. On comprend mieux pourquoi les géants pétroliers, à l’instar de Total, investissent massivement dans la CCUS[10]. Pour ne rien arranger, Hélène Tordjman mentionne l’existence de fuites de CO2 sur les trois plus grands sites de stockage du carbone au Canada, en mer du Nord et en Algérie. Les fermiers canadiens des alentours ont observé de « l’eau gazeuse dans leurs mares progressivement envahies de micro-algues (le phytoplancton aime le carbone). » Sur les deux autres sites, l’injection de gaz carbonique dans la croûte terrestre a provoqué des « fractures géologiques et une activité sismique anormale », et là encore, « sans grande publicité. »

Fonctionnement de la capture du carbone : 1) Les flux de gaz contenant le CO2 sont éjectés par l’unité de production énergétique (dans le cas décrit sur ce schéma, c’est d’une centrale thermique à biomasse dont il est question). 2) Ces gaz sont ensuite refroidis et traités avant d’entrer dans une tour d’absorption. 3) À l’intérieur de la tour d’absorption, une réaction chimique extrait le CO2 du reste des gaz qui sont expulsés dans l’atmopshère. 4) Le solvant contenant le CO2 est réchauffé dans un bouilleur qui inverse la réaction chimique séparant ainsi le solvant du CO2. 5) Le solvant est ensuite réinjecté dans le circuit de capture du carbone. 6) Le CO2 pur est transporté via un pipeline pour stockage permanent dans la partie sud de la mer du Nord. (source : entreprise Drax)
Dans le Yorkshire, l’écosystème industriel dans lequel est implantée la centrale à biomasse Drax, « le plus grand projet de décarbonisation en Europe ». La centrale de Drax était la plus grande centrale thermique à charbon d’Europe avant sa reconversion en centrale à biomasse, grâce notamment à de généreuses subventions dépassant annuellement le milliard de dollars. C’est le plus important consommateur au monde de granulés de bois, dont une partie provient des forêts d’Amérique du Nord où les coupes rases se multiplient.
« Northern Lights » est un projet CCUS pilote mené par Total Energies en Norvège.

Le GIEC estime qu’il faut réduire de près de 50 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2040 par rapport à 2019 pour limiter la hausse des températures à 1,5°C[11]. Quand on sait que, selon le Fonds monétaire international (FMI), les secteurs du pétrole et du charbon absorbaient à eux seuls 87 % du total des subventions énergétiques mondiales en 2020[12], et quand sait que les énergies fossiles comptent pour plus de 83 % du mix énergétique mondial en 2021[13], on se demande comment des gens sérieux et intelligents peuvent encore croire aux objectifs extravagants du GIEC et à la transition énergétique. Sans démanteler le système industriel, sans l’abandon du mode de vie moderne reposant sur des machines et des infrastructures aux dimensions pharaoniques, ces objectifs de réduction des émissions ont très peu de chances d’être atteints.

« Au niveau mondial, les subventions aux combustibles fossiles s’élèvent à 5 900 milliards de dollars, soit 6,8 % du PIB en 2020, et devraient atteindre 7,4 % du PIB en 2025, car la part de la consommation de combustibles dans les marchés émergents (où les écarts de prix sont généralement plus importants) continue d’augmenter. » (source : FMI)

D’après le cabinet de consulting Carbone 4 cofondé en 2007 par l’ingénieur polytechnicien Jean-Marc Jancovici, les infrastructures publiques qui conditionnent nos modes de vie représentent par exemple 50 % de l’empreinte carbone de la France[14]. Cependant, chose classique chez les décarboneurs et autres escrocs de l’écologie, Carbone 4 joue un numéro d’équilibriste en prônant à la fois la « résilience » des infrastructures existantes, la construction de nouvelles infrastructures (pistes cyclables, voies ferrées, bornes électriques, biogaz, digues, etc.), et en même temps l’évitement de la construction de nouvelles infrastructures afin de restaurer les écosystèmes. À l’image du récit mensonger de Jean-Marc Jancovici dans sa BD Le monde sans fin[15], les adeptes du discours néo-hobbesien affirment que l’âge de l’énergie et des machines aurait permis d’extraire l’être humain de son état de nature où régnait la guerre de tous contre tous. Ainsi, pour ces gens-là, le démantèlement des infrastructures existantes signifierait un retour automatique à la « barbarie » (largement fantasmée) des origines. Il vaut mieux conserver la société industrielle qui menace de rendre la Terre inhabitable, cela va de soi… Ces gens ne s’inquiètent pas tant de la barbarie des guerres industrielles et des génocides à grande échelle devenus presque banals au XXe siècle, pas plus qu’ils ne se soucient de la barbarie des guerres prédatrices menées depuis des décennies par l’Occident et ses États clients à l’encontre des populations autochtones du Sud global. Quant à la violence avec laquelle les machines saccagent les forêts, arrachent des milliards de tonnes de matière à la croûte terrestre, déversent poisons, métal, béton, bitume et plastique là où autrefois prospérait la vie, elle fait tellement partie du décor moderne qu’il est devenu anormal de s’en émouvoir. En 1944, Antoine de Saint-Exupéry regrettait que des milliards d’humains « n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots[16]. » Que dirait-il aujourd’hui ?

La construction et l’utilisation des infrastructures en France sont responsables de 53,5 % des émissions de CO2 du pays d’après Carbone 4.

De toute évidence, le GIEC et ses adorateurs contribuent à légitimer la fuite en avant scientifique et technique. Dans quelques années, les experts en « résilience » useront d’un tour de passe-passe similaire avec les techniques les plus extrêmes de la géo-ingénierie, comme le contrôle du rayonnement solaire ou la fertilisation des algues océaniques pour stimuler l’absorption du CO2[17]. On imagine déjà à quoi pourrait ressembler un futur discours du GIEC : « Les efforts réalisés par les États pour réduire leurs émissions de GES ont été insuffisants et nous n’avons maintenant plus d’autre choix que d’envisager le déploiement de solutions techniques plus radicales, comme la géo-ingénierie solaire. » Ajoutons que la « résilience », cette dangereuse idéologie de l’adaptation au désastre qui semble se substituer peu à peu à la religion du Progrès, a été disséquée par Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au CNRS, dans l’ouvrage Contre la résilience – à Fukushima et ailleurs (2021).

Empreinte carbone : l’illusion du contrôle

Réduire l’infinie complexité de la biosphère à un bilan comptable où l’on trouverait dans la colonne de droite une dette à rembourser – les émissions en équivalent CO2 – et à gauche des actifs – les stocks de carbone – est d’une médiocrité intellectuelle abyssale. C’est malheureusement la suite logique de l’entreprise scientifique et technique qui caractérise l’ère moderne, une quête sans fin de puissance et de contrôle obtenus par une domination-exploitation croissante de la matière inerte et des êtres vivants. Comme je l’ai déjà évoqué sur Greenwashing Economy, la finalité de la transition carbone c’est la domestication du climat et de la biosphère. Cependant, il est peu improbable qu’un tel objectif soit un jour atteint. Un scénario plus plausible serait la poursuite et l’amplification du carnage jusqu’à une destruction partielle ou complète de la biosphère, ce qui pourrait sérieusement diminuer la capacité de charge de la Terre voire la rendre complètement inhabitable pour les formes de vie complexes (dont les mammifères).

Il suffit de faire quelques recherches pour mesurer l’inanité du concept d’empreinte carbone. Le calcul de l’empreinte carbone est une usine à gaz d’une infinie complexité. Celle-ci ne repose pas sur des mesures réelles des émissions et stocks d’équivalent CO2, ceci étant impossible à réaliser techniquement à une échelle planétaire. Je ne parle pas ici de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre qui elle est mesurable avec des instruments, mais des émissions liées à chaque pays, chaque secteur économique, chaque entreprise, chaque humain sur Terre. Le journal Libération affirme qu’en réalité, « les émissions de CO2 par pays ne sont pas mesurées, elles sont calculées. »

« Les émissions sont estimées à partir de données statistiques. Plusieurs données sont importantes : la quantité d’énergie consommée, l’activité d’un secteur donné et le taux d’émission moyen dudit secteur. Par exemple, vous multipliez le nombre total de voiture française par la moyenne de kilomètres parcourus par an et par la moyenne d’émission de CO2 par kilomètre.

Ce calcul n’est évidemment pas très précis. Il a d’autres limites comme le fait de prendre en compte uniquement les émissions sur un territoire donné. Mais si vous consommez des produits manufacturés à l’étranger, les émissions dues à leur production ne sont pas prises en compte. Les calculs qui la prennent en compte sont appelés “empreinte carbone[18]”. »

Ceci explique pourquoi, au fur et à mesure que le feuilleton de la transition carbone se déroule devant nos yeux, on découvre régulièrement des émissions cachées, des mesures faussées par des biais énormes dans la collecte des données, ou encore des stocks de carbone surestimés.

En 2019, l’économiste John Talberth du Center for Sustainable Economy, un think tank états-unien, révélait que si les émissions de l’industrie sylvicole étaient comptabilisées, le secteur forestier se placerait parmi les trois ou quatre premières sources d’émissions dans le monde[19]. En 2021, le média indépendant The Tyee annonçait que la Colombie britannique, une province canadienne, ne prenait pas en compte les émissions de son secteur forestier[20]. Une grande enquête du Washington Post révélait fin 2021 que la plupart des pays sous-estiment leurs émissions de GES ou manipulent constamment les chiffres dans leurs rapports soumis à l’ONU[21]. Les émissions de méthane et de gaz fluorés passent en grande partie sous les radars et 45 pays ne comptabilisent pas leurs émissions de GES depuis 2009. D’après l’enquête L’Enfer numérique du journaliste Guillaume Pitron, certains gaz fluorés ont un potentiel réchauffant « colossal » qu’on estime 2 000 fois supérieur en moyenne au CO2. Le NF3 et le SF6 retiennent respectivement 17 000 et 23 500 fois plus la chaleur dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone, ce qui fait du second « le gaz à effet de serre le plus puissant jamais produit en ce bas monde[22]. » En 2021, une étude révélait que l’Amazonie n’est plus un « puits de carbone » en raison de la déforestation[23]. Et en perturbant la couche de sédiments du plancher océanique, l’extraction minière en eaux profondes pourrait déstabiliser le cycle global du carbone et sa séquestration par les écosystèmes des profondeurs[24] (l’ironie étant que le deep-sea mining est motivé par la demande croissance en métaux indispensables aux technologies dites « vertes »). On pourrait noircir des pages avec des exemples de ce type.

Le Washington Post relève que l’écart entre les déclarations officielles des émissions mondiales de CO2 et les autres sources de suivi indépendantes se situe entre 8,5 milliards de tonnes d’émissions et 13,3 milliards de tonnes par an. Les émissions globales seraient en réalité entre 16 et 23 % plus élevées que les déclarations officielles.

Par ailleurs, la Russie utilise la technologie nucléaire prétendument « bas carbone » pour alimenter en électricité ses sites d’extraction d’hydrocarbures dans les régions arctiques[25]. D’autres sources d’énergie dites « bas carbone », notamment les centrales photovoltaïques, sont également déployées pour faciliter l’extraction minière dans certaines régions isolées[26]. Même la production d’héroïne bénéficie des énergies renouvelables, les producteurs afghans d’opium utilisant les panneaux solaires pour puiser l’eau du désert et arroser leurs champs[27]. On pourrait également évoquer les biais énormes qui se sont glissés dans les mesures des émissions globales de GES de l’élevage qui démontrent une fois de plus que la mesure de l’empreinte carbone est une vaste blague. Pour finir sur ce point, ajoutons que l’ingénieur-physicien Derek Abbott de l’université d’Adélaïde en Australie, a estimé qu’une civilisation industrielle entièrement alimentée à l’électricité nucléaire nécessiterait d’ajouter au moins 15 000 nouveaux réacteurs au parc global actuel composé de 445 réacteurs.

La conclusion raisonnable que nous pouvons tirer de ces informations est la suivante : si rien n’est fait pour stopper et démanteler le système industriel, ses mégalopoles et ses infrastructures gigantesques, selon toute logique les énergies fossiles ne seront jamais abandonnées. Des centrales énergétiques, des usines et des machines continueront à émettre des quantités astronomiques de CO2, l’instabilité climatique va s’accroître et la nature sera anéantie. La neutralité carbone est bien l’arnaque du siècle.

La décarbonation menace déjà la biodiversité

J’ai déjà mentionné sur ce blog comment l’essor des marchés du carbone et l’industrie de la conservation, sous couvert de développement durable et de préservation de la diversité biologique/culturelle, servent l’intégration des peuples autochtones aux systèmes marchands et monétaires mondiaux. Dit autrement, c’est la poursuite des génocides culturels à grande échelle entamés par Christophe Colomb il y a maintenant 500 ans. Il se trouve que l’ablation de la diversité culturelle contribue à éradiquer de la diversité biologique.

Comme expliqué plus haut, la neutralité carbone se présente essentiellement comme un défi scientifique et technique. Il s’agit d’opérer une transformation de la société industrielle, donc de construire sur l’infrastructure existante alors qu’il faudrait dans l’idéal démanteler progressivement pour évoluer vers un monde post-industriel et low-tech. Rappelons encore une fois que ce sont les machines, et les infrastructures assurant leur fonctionnement, qui consomment des quantités stratosphériques de ressources. La plupart des conforts et des technologies qui caractérisent la modernité occidentale sont superflus pour mener une vie longue et digne[28].

Dans une interview de janvier 2022, Vincent Bretagnolle, directeur de recherche au CNRS, détaille en quoi la transition carbone s’oppose au maintien de la biodiversité :

« Imaginons que nous parvenions à rendre “propre” notre production d’énergie du point de vue du carbone émis, cela ne réglerait en rien le problème de la biodiversité. Pourquoi ? Parce que l’émission de CO2 dans l’atmosphère et le mode de production d’énergie ne sont pas à l’origine du déclin de la biodiversité. On croit souvent que la crise de la biodiversité résulte du changement climatique, ce qui est complètement faux. Les variations de température, du niveau des océans, leur acidification… tout cela ne va, évidemment, rien arranger. Mais il s’agit de phénomènes à venir.

Ce qui est à l’origine du déclin actuel de la biodiversité, c’est la manière dont nous utilisons l’espace[29]. »

Il ajoute que « résoudre la problématique du changement climatique ne changera rien à celle de la biodiversité. » Au contraire, « cela pourrait même l’aggraver puisqu’une partie des solutions qui sont proposées nuisent gravement à la biodiversité, notamment à travers l’usage des sols. Je pense en particulier à la bioénergie ou la fabrication d’énergies “vertes”. »

La cause numéro un d’extermination de la diversité biologique, ce sont en effet « les changements d’usage des terres et de la mer[30] » selon l’IPBES (équivalent du GIEC pour la biodiversité). L’industrialisation et la croissance urbaine des deux derniers siècles ont causé une amplification sans précédent de l’empreinte au sol des habitants des pays riches et industrialisés. La masse des constructions de la civilisation industrielle excède déjà la biomasse vivante sur Terre, une tendance qui va s’accentuer avec l’essor des marchés du carbone et les technologies décarbonées. Le développement de l’énergie solaire accentue un peu partout dans le monde l’artificialisation des terres, y compris en France[31]. De plus, les États subventionnent désormais la construction de centrales à biomasse ou la conversion des centrales à charbon en centrale à biomasse ; au lieu d’y brûler du charbon, on y consume de plus en plus souvent des arbres, un procédé encore plus émetteur en CO2. On pourrait ici aussi poursuivre la liste ad nauseam pour montrer que l’espérance d’une civilisation industrielle écologique et neutre en carbone relève de la foi religieuse plutôt que de la pensée rationnelle.

Une partie du potentiel minier de la France métropolitaine. Sans envisager une sortie de la société industrielle, la demande en métaux sera telle dans les prochaines décennies que des mines risquent de fleurir un peu partout en France et en Europe. Au Portugal comme aux États-Unis, des populations rurales se battent déjà contre des mégaprojets de mines de lithium.

La ville neutre en carbone, une autre fumisterie

Quid de la ville ? Sans surprise, le GIEC ne remet pas plus en question l’existence des grandes zones urbaines que l’industrialisme. Au contraire, les scientifiques présentent la concentration du bétail humain comme une excellente chose, et même une « opportunité » :

« Bien que l’urbanisation est une tendance globale souvent associée avec l’accroissement des revenus et une consommation plus importante, la concentration croissante des personnes et des activités est l’occasion d’accroître l’efficience dans l’usage des ressources et de décarboniser à grande échelle[32]. »

L’agriculture verticale est promue par le GIEC pour rendre la ville durable. La suite logique, c’est l’agriculture cellulaire ou « Ag-Cell », c’est-à-dire la production de nourriture totalement artificialisée et hors-sol, en bioréacteur, à partir des briques élémentaires du vivant (lire Jocelyne Porcher). Ça fait vraiment rêver, n’est-ce pas ?

Les scientifiques du GIEC font toute une série de recommandations : décarboner les matériaux et les chaînes logistiques, rapprocher le lieu de travail du logement, développer les mobilités douces (marche, vélo), électrifier le maximum de choses (voitures, bus, trains, chauffage, systèmes de refroidissement, cuisson), décarboner l’électricité, etc. Des systèmes intégrant des panneaux photovoltaïques sur les toits et des véhicules uniquement électriques pourraient réduire les émissions de 54 à 95 %, des technologies qui stimulent comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité la demande de métaux. Le GIEC affirme que « la construction de bâtiments en bois pour 2,3 milliards de nouveaux citadins entre 2020 et 2050 pourrait stocker entre 0,01 et 0,68 gigatonnes de CO2 par an, selon le scénario et la surface moyenne par habitant. » Il est vrai que raser les forêts pour construire des clapiers urbains tombe sous le sens à l’heure où la biodiversité recule à une vitesse sans précédent, notamment en raison de l’extraction industrielle de bois (pardon, de « biomasse » en novlangue). Toujours d’après les très rationnels scientifiques du GIEC, il faudrait également développer des « infrastructures urbaines vertes et bleus » : rues avec des arbres, parcs, systèmes de traitement des eaux usées « durables », toits et murs végétalisés, forêts verticales, agriculture urbaine, « allées vertes » (greenways) et « espaces bleus » (blue spaces), etc. On notera au passage que les toits urbains ne peuvent pas accueillir à la fois du maraîchage et des panneaux solaires… Bref, le GIEC nous sert toute la panoplie des professionnels du greenwashing pour repeindre la ville en vert dénoncée par le professeur de géographie et d’urbanisme Guillaume Faburel. Dans son essai Pour en finir avec les grandes villes : Manifeste pour une société écologique post-urbaine (2020), il montre que l’idée d’une grande ville écologique n’a aucune chance de devenir réalité :

« Pour réaliser son dessein boulimique, l’urbanisation met en place un système de réseaux – les routes, chemins de fer, voies maritimes et aériennes – afin de fluidifier et accélérer les flux entre ses différents pôles – les villes. Toute cette concentration d’activité génère, comme on ne le sait que trop bien, d’énormes quantités de polluants. À l’échelle planétaire, les villes, qui ne représentent que 2 % de la surface émergée, sont d’ores et déjà responsables de 70 % des déchets, de 75 % des émissions de gaz à effet de serre, de 78 % de l’énergie consommée ou encore de 90 % des polluants émis dans l’air. »

La ville « décarbonée » existait avant l’industrialisation et le développement des énergies fossiles. Était-elle soutenable sur le plan écologique ? Favorisait-elle le bien-être commun ? Non. Guillaume Faburel, encore :

« L’urbanisation, par son double mouvement de densification et d’extension parfois bien au-delà des limites officielles des villes, épuise l’environnement écologique dans lequel elle se déploie. Elle y exploite l’intégralité des ressources naturelles, colonise la totalité des espaces plus ou moins proches et, détruisant systématiquement les habitats naturels du vivant, bouleverse l’ensemble des écosystèmes avoisinants voire plus lointains par l’intensification de l’agriculture, l’industrialisation de l’énergie, la massification des loisirs ou encore l’accroissement des circulations à grande vitesse. Pour le cas d’une ville comme Paris, cette vampirisation ne date pas hier : “On dit que la ville de Paris vaut une province au roi de France ; moi je dis qu’elle lui en coûte plusieurs ; que c’est à plus d’un égard que Paris est nourrie par les provinces, et que la plupart de leurs revenus se versent dans cette ville et y restent, sans jamais retourner au peuple ni au roi”, écrivait déjà Restif de La Bretonne au XVIIIe siècle. »

Cette tendance à s’agglomérer, à préférer l’existence en clapier plutôt que la liberté de mouvement, n’est évidemment pas inscrite dans la nature humaine, comme le souligne Faburel :

« Mais d’où vient cette passion pour la grosseur ? Si elle ne date pas d’hier, elle n’a pour autant rien de “naturel” : son apparition est toujours l’expression d’un geste politique voulu par le pouvoir. Étymologiquement, la métropole est la capitale d’une province, la ville mère, une création des empires depuis plusieurs millénaires, mais dont la multiplication s’est accélérée à l’ère coloniale. Et, depuis les premiers regroupements de la Mésopotamie antique et les cités-États qui ont rythmé l’ensemble de l’histoire longue, elles ont toujours eu la même fonction : regrouper les populations pour satisfaire des fins économiques et politiques. »

De nombreux écologistes considèrent à tort la ville comme l’habitat écologique par excellence, car la surface des logements y est plus réduite pour chaque habitant. Le problème de l’urbanisation n’est pourtant pas difficile à comprendre : la concentration démographique rend impossible l’autonomie matérielle (énergétique, alimentaire, etc.) et génère une quantité de déchets organiques que le territoire occupé par une ville est incapable d’absorber. Résultat, la ville doit importer toutes ses ressources et exporter tous ses déchets. On cherche à rendre les villes « intelligentes » et « durables » au lieu de prendre les mesures radicales qui s’imposent : il faut les démolir, et avec, leurs infrastructures. Les grandes villes condamnent l’humanité à la fuite en avant technologique et aux désastres socioécologiques, ceci est une constante depuis les premières cités-États.

Une courte interview de Guillaume Faburel réalisée par la Fondation de l’Écologie Politique.

En conclusion, réduire drastiquement et rapidement les émissions mondiales de GES sans remettre en question la société industrielle et urbaine relève davantage d’un vœu pieux, du subterfuge ou de la pensée magique que d’une entreprise raisonnable, pragmatique et réalisable sur le plan matériel et technique.

Philippe Oberlé

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  1. https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20190926STO62270/qu-est-ce-que-la-neutralite-carbone-et-comment-l-atteindre-d-ici-2050

  2. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/patrick-pouyanne-totalenergies-c-est-l-argent-du-petrole-qui-finance-la-transition-energetique-892212.html

  3. https://www.novethic.fr/qui-sommes-nous.html

  4. https://www.reuters.com/business/energy/global-carbon-markets-value-surged-record-851-bln-last-year-refinitiv-2022-01-31/

  5. https://www.vice.com/fr/article/qj4z9p/la-croissance-verte-est-un-mythe

  6. https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/wp-content/uploads/sites/4/2020/03/ODD_12_Rapport2019.pdf

  7. https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/industries/transition-energetique-la-france-avance-en-terrain-minier_GN-202112020044.html

  8. https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/rechauffement-climatique-ce-qu-il-faut-retenir-du-nouveau-rapport-du-giec-sur-les-solutions-pour-limiter-la-crise_5060818.html

  9. https://www.usinenouvelle.com/article/ce-que-dit-le-giec-sur-les-technologies-de-captage-de-stockage-et-d-utilisation-de-carbone.N1992672

  10. https://ep.totalenergies.com/fr/joining-forces-you/totalenergies-investit-massivement-dans-le-ccus-carbon-capture-utilization-and

  11. https://www.carbone4.com/article-giec-groupe3-points-cles

  12. https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2019/05/02/Global-Fossil-Fuel-Subsidies-Remain-Large-An-Update-Based-on-Country-Level-Estimates-46509

  13. https://www.connaissancedesenergies.org/bp-statistical-review-world-energy-2021-les-chiffres-cles-de-lenergie-dans-le-monde-220218

  14. https://www.carbone4.com/publication-infrastructures-france

  15. https://www.partage-le.com/2022/01/11/jancovici-en-bd-mensonges-pre-historiques-et-negation-de-la-domination-par-nicolas-casaux/

  16. https://www.partage-le.com/2017/03/21/je-hais-mon-epoque-de-toutes-mes-forces-par-antoine-de-saint-exupery/

  17. https://e360.yale.edu/features/geoengineer-the-planet-more-scientists-now-say-it-must-be-an-option

  18. https://www.liberation.fr/checknews/2019/06/14/comment-sont-mesurees-les-emissions-de-co2-par-pays_1731785/

  19. https://www.newscientist.com/article/2215913-logging-study-reveals-huge-hidden-emissions-of-the-forestry-industry/

  20. https://thetyee.ca/News/2021/06/24/Climate-Disaster-Hidden-BC-Forests/

  21. https://www.washingtonpost.com/climate-environment/interactive/2021/greenhouse-gas-emissions-pledges-data/

  22. https://www.partage-le.com/2021/09/24/le-desastre-numerique-et-la-betise-renouvelable-de-guillaume-pitron-par-nicolas-casaux/

  23. https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/amazonie-foret-amazonienne-nest-plus-puits-carbone-87147/

  24. https://miningwatch.ca/sites/default/files/nodule_mining_in_the_pacific_ocean.pdf

  25. https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/la-premiere-centrale-nucleaire-flottante-russe-est-arrivee-a-destination_3616865.html

  26. https://www.partage-le.com/2021/01/20/un-monde-de-plus-en-plus-vert-par-nicolas-casaux/

  27. https://www.bbc.com/news/science-environment-53450688

  28. https://www.partage-le.com/2022/02/02/sans-medecine-moderne-longue-vie-bonne-sante-par-philippe-oberle/

  29. https://vivant-le-media.fr/biodiversite-et-changement-climatique/

  30. https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr

  31. https://reporterre.net/L-energie-solaire-se-developpe-au-detriment-des-sols-naturels

  32. https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_FinalDraft_Chapter08.pdf

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