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Les parasites, acteurs essentiels de l’évolution, sont aussi exterminés

« Qu’est-ce que le parasitisme ? C’est le fait, pour un être vivant, de vivre aux dépens d’une autre espèce. En d’autres termes, l’un gagne et l’autre perd. »

« Les parasites ont joué un rôle dans clé dans l’évolution, car ils poussent les espèces à se développer. »

« Les parasites sont partout et représentent la moitié des espèces de la Terre. Il y en a au fond de la mer, mais aussi dans le désert. Cela signifie que dès que deux espèces se rencontrent, il est fort probable que l’une d’elles soit un parasite. »

« Les parasites sont en quelque sorte responsables de notre reproduction sexuée puisqu’ils nous mettent constamment au défi et nous poussent à modifier notre comportement. »

– Markus Engstler, spécialiste en biologie cellulaire et parasitologie

« Les parasites sont les êtres vivants les plus répandus de la planète, ils ont donc forcément un truc. »

« J’ai étudié les écosystèmes de la forêt de varech (kelp) qui sont des écosystèmes marins abritant le varech géant (ou kelp), une espèce de grande algue qui forme une vaste canopée flottante. Elle pousse depuis les fonds marins jusqu’à la surface de l’eau. J’ai découvert que ces algues abritaient autant de parasites que d’autres espèces sauvages. Elles hébergent environ 493 espèces sauvages et à peu près autant de parasites. Grâce aux parasites, leur réseau trophique a doublé. J’ai constaté que les parasites étaient aussi étroitement liés aux chaînes alimentaires car la plupart d’entre eux, pas seulement ceux de l’océan, utilisent la transmission trophique pour accomplir leur cycle de vie. Ils ont besoin de différents hôtes à chaque étape de leur vie et doivent être ingérés par différents hôtes pour achever leur cycle de vie. »

– Dana Morton, biologiste marine

« Les parasites stabilisent les écosystèmes dans la mesure où ils maintiennent leur population d’hôte à un niveau très bas. Ils ont pour ainsi dire une fonction régulatrice. Souvent, ils réduisent aussi la fertilité de leur hôte, ce qui crée des niches écologiques pour d’autres espèces. »

– Richard Lucius, parasitologue[1]

Traduction d’un article[2] sur la disparition des parasites publié en 2021 par Erika Engelhaupt dans National Geographic. Tout comme les virus, les parasites sont essentiels à la vie sur Terre. Si vous appréciez faire l’amour avec votre partenaire sexuel, vous devriez être reconnaissant envers les parasites, car ils auraient poussé nos lointains ancêtres à inventer la reproduction sexuée. Des études montrent même qu’ils peuvent nous protéger de maladies graves[3]. C’est aussi le cas des virus qui, pour la plupart, ne provoquent pas de maladies :

« La grande majorité des virus ne sont pas pathogènes pour les humains et ne provoquent donc pas de maladies. De nombreux de virus jouent un rôle essentiel dans le maintien des écosystèmes, d’autres préservent la santé des organismes – des champignons aux plantes en passant par les insectes jusqu’aux êtres humains. »

Mais dans la culture hygiéniste complètement timbrée qui est la nôtre, tout ce qui est considéré comme « nuisible », « sale » ou « inutile » doit être éliminé. C’est le cas des « mauvaises » herbes (ou adventices), des espèces « invasives », des virus, des clochards, des mendiants, des migrants, des moustiques, des guêpes, des rats, des fouines, des renards, des corbeaux ou encore des parasites. Bien évidemment, quand l’un de ces groupes vient à proliférer, on cherche rarement à en comprendre la raison profonde. Et quand la question est posée, c’est la désinformation qui prime. Rien par exemple sur le fait que la nouvelle Pangée artificielle, créée par les réseaux de transports mondiaux, dissémine des humains, des marchandises, des plantes, des animaux et des virus aux quatre coins du monde, créant des « perturbations écologiques sans précédent dans l’histoire de la Terre[4]. » Dans son livre 1493, le journaliste scientifique Charles C. Mann qualifie par exemple notre époque d’« Homogénocène », une ère d’uniformisation maximale des cultures et des écosystèmes[5].

Tout doit être propre, lisse et sans aspérité. Les « mauvaises » odeurs doivent être éliminées, la nourriture stérilisée, les fesses de bébé enfermées dans des couches en attendant qu’ils grandissent et soient « propres ». Il faut se laver les mains avant de passer à table (le sol c’est « crade ») et utiliser des couverts quand la majorité de l’humanité mange par terre, avec les doigts et sans avoir pris la peine de désinfecter quoi que ce soit, pas plus les mains que les aliments. Cette obsession pour l’hygiène dans la culture occidentale, qu’on retrouve jusque dans les jardins particuliers (haies taillées au carré, gazon tondu à ras pour faire « propre », et maintenant « jardin minéral »), est une maladie mentale engendrée par l’artificialisation extrême de nos milieux de vie et le culte de la machine.

La frontière construite entre le monde organique et l’être humain, frontière de plus en plus hermétique au fur et à mesure que science et technologie progressent, déshabitue nos corps des relations qu’ils entretenaient autrefois avec les autres espèces. La sécurité à tout prix, une existence passée en cocon à l’atmosphère technologiquement contrôlée nous rend plus sensibles à la chaleur et au froid, à l’humidité, aux maladies. Le microbiome des Occidentaux est une catastrophe par rapport à celui des Hadza de Tanzanie[6]. Professeur en biologie humaine évolutive à Harvard, Daniel E. Lieberman liste plus de 50 maladies modernes dites de « l’inadéquation évolutive », c’est-à-dire résultant d’un environnement de moins en moins adapté à notre corps[7]. Le progrès des technosciences s’obtient au prix de la dégénérescence du genre humain et de la dévastation continue de la biosphère.

Représentation de la chaîne alimentaire des forêts de kelp (Dana Morton et al.). En bleu, les espèces hôtes, en vert les plantes et en rouge les parasites. (Source : https://www.nature.com/articles/s41597-021-00880-4.pdf)

Image en une : Certains vers (nématomorphes) infectent les grillons et s’y développent. Les vers ont besoin d’eau pour s’accoupler, ils poussent donc les insectes à sauter dans les cours d’eau, où ils deviennent une source de nourriture importante pour les poissons.


Les parasites sont en voie d’extinction. Voici pourquoi nous devons les sauver. (par Erika Engelhaupt)

Ils sont « dégoûtants, visqueux, flasques et frétillants ». Mais les parasites sont tout aussi importants que les animaux plus charismatiques – et beaucoup d’entre eux sont peut-être sur le point de disparaître.

En grandissant, Chelsea Wood rêvait de devenir biologiste marine et d’étudier les requins ou les dauphins – le genre de grands animaux passionnants que les biologistes regroupent sous les termes de mégafaune charismatique. Au lieu de cela, lors d’un stage universitaire, elle s’est retrouvée à observer les entrailles d’un mollusque à travers un microscope.

Ce coquillage, elle le connaissait bien. Enfant, elle collectait souvent des bigorneaux Littorina littorea des rochers sur les côtes de Long Island puis les disposait dans un seau pour observer leur façon de se déplacer. Mais elle n’avait jamais vu à quoi ressemblait l’intérieur d’un bigorneau. Après avoir disséqué un individu puis retiré les parties molles, elle a pu admirer à l’aide de son microscope « des milliers de petites choses blanches en forme de saucisses qui sortaient du corps de l’escargot ».

Ces saucisses, c’étaient les larves du ver plat Cryptocotyle lingua, un parasite commun chez les poissons. Vu au microscope, chacun d’eux avait deux yeux sombres, ce qui les rendait étonnamment mignons et charmants. « Je n’arrivais pas à croire que j’observais des bigorneaux depuis si longtemps sans avoir connaissance de toutes les choses passionnantes qui se tramaient dans leurs entrailles », précisa Wood, aujourd’hui écologue spécialiste des parasites à l’université de Washington. « Je suis tombée amoureuse des bigorneaux. J’aime bien dire que je les ai dans la peau. »

Wood est devenue l’avant-garde d’un nouveau mouvement conservationniste visant à sauver la minifaune peu charismatique du monde.

Selon Wood, près de la moitié de tous les animaux connus sur Terre sont des parasites. Une étude suggère qu’un dixième d’entre eux pourrait déjà être voué à l’extinction dans les cinquante prochaines années en raison du changement climatique, de l’extinction de leurs hôtes et des tentatives délibérées d’éradication. D’autres estiment que jusqu’à un tiers des parasites pourraient disparaître. Pour l’instant, peu de gens s’en soucient ou même le remarquent. Sur les plus de 37 000 espèces signalées comme étant en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN, seuls un pou et quelques moules d’eau douce sont des parasites.

Par définition, les parasites vivent dans ou sur un hôte en lui prenant quelque chose. C’est ce qui en a fait les parias du monde animal. Mais tous les parasites ne causent pas de dommages notables à leurs hôtes, et seul un petit pourcentage d’entre eux affecte les humains. Les scientifiques mettent en garde contre les conséquences désastreuses que pourrait avoir le fait de ne pas tenir compte des parasites. Non seulement nous avons beaucoup à apprendre sur eux et sur les moyens de les utiliser pour nos propres besoins (comme les sangsues encore employées lors de certaines opérations chirurgicales), mais nous commençons également à comprendre qu’ils jouent un rôle crucial dans les écosystèmes, en maintenant certaines populations sous contrôle tout en aidant à en nourrir d’autres.

Certains experts affirment qu’il existe également une raison esthétique en faveur de leur sauvegarde. Si vous passez outre le « dégoût » et apprenez à les connaître, vous trouverez peut-être l’audace des parasites étrangement charmante. Ils ont développé d’ingénieux moyens de survie, du crustacé qui devient la langue d’un poisson à la guêpe émeraude qui paralyse une partie du cerveau d’un cafard et le conduit ensuite au nid par l’intermédiaire de ses antennes, comme un chien en laisse.

« Les gens pensent que les parasites sont dégoûtants, visqueux, flasques et frétillants, et c’est parfois vrai », reconnaît Wood. « Mais si vous les regardez au microscope, ils sont d’une beauté stupéfiante. »

Selon Kevin Lafferty, scientifique expérimenté de l’U.S. Geological Survey à l’Université de Californie de Santa Barbara, le mouvement conservationniste moderne n’est évidemment pas censé se soucier de l’apparence ou du charisme. Il y a beaucoup de plantes quelconques et d’invertébrés familiers, spongieux ou rampants qui sont protégés. « Aucun de ces êtres n’est mignon et personne n’a envie de leur faire des câlins », ajoute Lafferty. « Le public s’en moque éperdument. Mais les biologistes de la conservation moderne considèrent toujours que ces êtres vivants ont une place importante au sein de la biodiversité. »

Un monde de parasites

Lorsque nous autres humains regardons un paysage, qu’il s’agisse d’une savane africaine ou d’un récif corallien australien, nous voyons les autres espèces hôtes qui sont en fait comme nous. Mais les lions, les zèbres et les poissons ne sont que des foyers pour la plupart des espèces vivantes que nous ne voyons pas [une antilope héberge en moyenne 5 parasites et un lion pas moins de 30 parasites, NdT].

Au total, 40 % des animaux connus sont des parasites, et il ne s’agit là que de ceux qui ont été décrits. Les scientifiques pensent que cela ne représente qu’environ 10 % de tous les parasites existants, ce qui laisse potentiellement des millions d’autres à découvrir. À elles seules, les espèces de guêpes parasites sont probablement plus nombreuses que tout autre groupe d’animaux, dépassant le nombre d’espèces de coléoptères.

Il s’avère que la plupart des espèces sont parasitées par plusieurs autres. Prenez les humains : malgré nos efforts pour être inhospitaliers, nous faisons d’excellents hôtes. Plus d’une centaine de parasites différents ont évolué pour vivre en nous ou sur nous, et beaucoup d’entre eux dépendent désormais de nous pour la survie de leur espèce [d’après le documentaire Arte cité plus haut, un tiers de la population mondiale est infectée par Toxomplasma gondii, mais la plupart des personnes porteuses ne montrent aucun symptôme[8], NdT].

Les parasites prolifèrent parce que tout être vivant est un buffet de nutriments et d’énergie, et qu’être un prédateur de haut niveau n’est pas la seule façon de profiter de cette abondance. Les parasites sont complètement absents de la course aux armements entre prédateurs et proies. Ils ont choisi un chemin plus facile. Quand on y pense, c’est intelligent. Et c’est exactement pourquoi le parasitisme est si commun. « La nature a horreur du vide. S’il y a une opportunité, quelque chose évoluera pour en profiter », explique Wood.

Le parasitisme a évolué comme mode de vie encore et encore, pendant des milliards d’années, des microbes les plus petits et les plus simples aux vertébrés les plus complexes. Il existe des plantes parasites, des oiseaux parasites, un éventail ahurissant de vers et d’insectes parasites, et même un mammifère parasite, la chauve-souris vampire, qui survit en buvant le sang des vaches et d’autres mammifères. Sur les quarante-deux branches principales de l’arbre de la vie, on trouve en majorité des parasites dans trente-et-une d’entre elles.

Pourtant, nous avons à peine commencé à identifier tous les parasites, et encore moins à connaître leur mode de vie ou à surveiller leurs populations. « Ce n’est tout simplement pas une priorité pour nous », déclare Skylar Hopkins, écologue à l’université d’État de Caroline du Nord. Il y a quelques années, Hopkins a donc réuni un groupe de scientifiques intéressés par la conservation des parasites, ils ont alors commencé à partager ce qu’ils avaient appris sur eux. En 2018, ils ont présenté des recherches lors de la conférence de l’Ecological Society of America. Puis, en octobre 2020, ils ont publié le tout premier plan mondial de sauvegarde des parasites dans un numéro spécial de la revue Biological Conservation.

Le paradoxe de la co-extinction est une particularité remarquée par Hopkins et ses collègues. Les parasites ayant par définition besoin d’autres espèces, ils sont particulièrement vulnérables à ce phénomène. Prenez par exemple le pou suceur du cochon pygmée, une espèce menacée. Il ne vit que sur une autre espèce sauvage menacée – le cochon pygmée – qui disparaît peu à peu des prairies des contreforts de l’Himalaya.

Parce qu’elles sont très sensibles à l’extinction, il semble probable que de nombreuses espèces de parasites aient déjà disparu. « Mais ce qui est étrange », d’après Hopkins, « c’est que nous n’avons pratiquement pas documenté d’extinctions de parasites. »

Wood traque les données historiques sur les populations de parasites depuis plus d’une décennie. Jusqu’à présent, elle n’a trouvé que deux ensembles de données utiles : l’un provenant d’une expédition marine de recherche à la fin des années 1940 et l’autre d’un cahier de laboratoire tenu par l’un de ses mentors.

Avec si peu d’informations, Wood estime que « nous n’avons aucune idée si les parasites jouent aujourd’hui le même rôle que par le passé ». « Ça ressemble à une parodie. »

S’il devait y avoir une vedette dans la conservation des parasites, ce serait le pou du condor de Californie, une espèce devenue de façon assez ironique une victime des politiques de conservation. Dans les années 1970, désireux de sauver le condor de Californie, des biologistes ont commencé à élever les oiseaux en captivité. En partant du principe que les parasites étaient mauvais pour les condors, et sans avoir aucune preuve formelle que ce pou représentait une nuisance pour l’oiseau, une partie du protocole consistait à déparasiter chaque individu en employant des pesticides. Le pou du condor de Californie n’a pas été revu depuis.

De même, la sangsue médicinale de Nouvelle-Angleterre n’a pas été aperçue depuis plus de dix ans, et la surpêche a probablement eu raison du ver marin Stichocotyle nephropis qui dépendait des raies pour son cycle de vie. D’innombrables autres vers, protozoaires et insectes parasites sont présumés avoir sombré avec le navire, pour ainsi dire, lorsque leurs hôtes ont disparu.

Un monde sans parasites

Si l’extinction des parasites peut sembler anodine, voire un objectif désirable à atteindre, les écologistes préviennent que leur élimination totale serait probablement synonyme de catastrophe planétaire. Sans les parasites qui les contrôlent, les populations de certains animaux exploseraient, tout comme le font les espèces envahissantes lorsqu’elles sont transportées dans des zones éloignées de leurs prédateurs naturels. Les populations d’autres espèces s’effondreraient probablement dans le chaos qui s’ensuivrait.

Les grands prédateurs charismatiques seraient également perdants. De nombreux parasites ont évolué pour se déplacer vers leur prochain hôte en manipulant l’hôte qui les héberge, ce qui tend à conduire cet hôte dans la gueule d’un prédateur. Les vers nématomorphes se développent par exemple à l’intérieur des grillons mais ont ensuite besoin d’être dans l’eau pour s’accoupler. Ils influencent donc le cerveau des grillons, les poussant à se jeter dans les cours d’eau où ils deviennent une source de nourriture importante pour les truites. Des phénomènes similaires alimentent les oiseaux, les chats et d’autres prédateurs dans le monde entier.

Même la santé humaine ne bénéficierait pas entièrement de l’éradication des parasites. Dans des pays comme les États-Unis, où nous avons éliminé la plupart des parasites intestinaux, nous faisons face à des maladies auto-immunes qui sont pratiquement inconnues dans les endroits du monde où les gens possèdent ces parasites intestinaux. Selon certains, le système immunitaire humain a évolué avec toute une clique de vers et de parasites protozoaires. Lorsque nous les avons éliminés, notre système immunitaire a commencé à se retourner contre nous. Certaines personnes atteintes de la maladie de Crohn se sont même infectées volontairement avec des vers intestinaux pour tenter de rétablir l’équilibre écologique de leurs intestins, avec des résultats mitigés.

Cela dit, les scientifiques ne sont pas impatients de sauver tous les parasites. Le ver de Guinée, entre autres, ne fait pas l’unanimité, même parmi les défenseurs les plus acharnés de l’environnement. Il se développe jusqu’à l’âge adulte dans l’abdomen d’une personne, atteignant souvent plusieurs dizaines de centimètres de long, puis se déplace vers la jambe et émerge douloureusement par le pied. La fondation de l’ancien président Jimmy Carter s’est donné pour mission de faire disparaître ce ver, et il ne manquera pas à grand monde une fois qu’il aura disparu.

Une personne susceptible de vouloir exterminer l’ensemble des parasites pourrait bien être Bobbi Pritt. En tant que directrice médicale du laboratoire de parasitologie humaine de la Mayo Clinic, Pritt identifie les parasites présents dans tout le pays et dans toutes les parties du corps. Au cours d’une journée type, elle peut travailler sur du sang porteur de parasites de la malaria, sur des tissus cérébraux peuplés par Toxoplasma gondii ou sur des échantillons d’orteils contenant des puces de sable emportées en marchant pieds nus sur la plage.

Pourtant, même Pritt a un faible pour les parasites. Elle publie un blog intitulé Creepy Dreadful Wonderful Parasites (« Parasites effrayants et merveilleux »), et passe ses week-ends à étudier les tiques dans les environs de son chalet de vacances. Lorsqu’elle porte sa casquette de médecin, elle défend l’idée d’une éradication des parasites dans les endroits où ils provoquent des maladies et des souffrances. « Mais en tant que biologiste, l’idée d’essayer délibérément de faire disparaître quelque chose ne me plaît pas du tout », rapporte Pritt.

Un instructif documentaire d’Arte sur le parasitisme.

En définitive, l’objectif de la promotion de la conservation des parasites n’est pas de faire en sorte que tout le monde en tombe amoureux. Il s’agit plutôt d’appeler à une trêve dans la guerre que nous leur menons. Nous comprenons encore très peu leur importance pour les écosystèmes et peut-être même pour les humains. Et si vous n’êtes pas convaincu de l’utilité des parasites, considérez le point de vue de Kevin Lafferty :

« Une personne croyante estimerait que toutes des créatures de Dieu devraient bénéficier d’un même traitement. C’est en quelque sorte l’approche qui a été adoptée par les biologistes de la conservation, à une exception près : ils ont oublié les parasites. »

Erika Engelhaupt

Commentaire et traduction : Philippe Oberlé


  1. Citations tirées du film « À quoi servent les parasites », un documentaire diffusé par Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/101940-001-A/a-quoi-servent-les-parasites/

  2. https://www.nationalgeographic.com/science/article/parasites-are-going-extinct-heres-why-we-need-to-save-them

  3. https://theconversation.com/parasites-inside-your-body-could-be-protecting-you-from-disease-83068

  4. https://www.partage-le.com/2015/07/26/la-mondialisation-les-ravages-de-la-nouvelle-pangee-ray-grigg/

  5. Charles C. Mann, 1493 : comment la découverte de l’Amérique a transformé le monde, 2011.

  6. https://www.partage-le.com/2017/03/06/le-microbiome-des-occidentaux-est-une-catastrophe-ecologique-compare-a-celui-de-chasseurs-cueilleurs/

  7. Daniel E. Lieberman, L’histoire du corps humain : évolution, dysévolution et nouvelles maladies, 2013.

  8. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/toxoplasmose/definition-symptomes-complications-possibles

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