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Biomasse : brûler les forêts à la place du charbon

Plusieurs des informations présentées ici proviennent d’un article du média environnemental Mongabay.

Aussi fou que cela puisse paraître, les centrales énergétiques brûlant autrefois du charbon, aux États-Unis, en Europe, en Corée du Sud ou au Japon, sont peu à peu transformées ou remplacées par des centrales à biomasse consumant des arbres. Près de 60 % de la production d’énergie renouvelable dans l’Union Européenne provient de la combustion de biomasse – des granulés de bois fabriqués à partir d’arbres entiers ou de déchets provenant entre autres de bois utilisé pour la construction.[1] Début juillet, une étude publiée dans la revue Nature mettait en évidence une forte croissance des coupes de bois dans les forêts européennes depuis 2015, en précisant que la demande de biomasse en était l’une des causes.[2]

Ironiquement, ce sont les pays du nord de l’Union européenne (Finlande, Danemark), les mêmes qui nous sont régulièrement présentés par les médias de masse comme les plus progressistes, où l’expansion de cette source d’énergie est la plus importante. La France quant à elle est le deuxième pays producteur et consommateur de biomasse, une source d’énergie culminant à 40 % dans le mix énergétique renouvelable selon l’Ademe, devant l’hydraulique et l’éolien terrestre.[3]

Carte des centrales à biomasse dans le monde. (source : https://environmentalpaper.org/ )

Malgré les études scientifiques révélant que de brûler les forêts pour générer de l’électricité dévaste la biodiversité, en plus de produire davantage d’émissions de gaz à effet de serre que l’utilisation de charbon, le protocole de Kyoto de 1997 classe la biomasse parmi les sources d’énergie dites « neutres en carbone ».[4] Avec la bénédiction des Nations Unies, l’industrie de la biomasse se développe rapidement et profite de généreuses subventions des États. Russie, Canada, États-Unis, Europe de l’Est et Vietnam rasent leurs forêts pour exporter des granulés de bois vers l’Union Européenne, le Royaume-Uni et d’autres pays se vantant alors d’effectuer leur transition énergétique.

La biomasse solide se présente sous la forme de granulés de bois, un produit souvent associé aux ménages ruraux disposant d’une chaudière à bois. La réalité est tout autre. Au Royaume-Uni, l’entreprise Drax, le plus important consommateur au monde de granulés pour la production d’énergie, connaît une année 2020 florissante et bénéficie annuellement d’un milliard de dollars de subventions. De nombreuses centrales à biomasse sont en projet ou en construction en Europe, de même que des centrales à charbon en conversion. D’après les analystes financiers, les revenus annuels globaux de l’industrie de la biomasse solide devraient doubler entre 2019 et 2027 pour passer de 221,7 milliards à 425,8 milliards de dollars, la plupart de ces revenus provenant de la combustion d’arbres récoltés dans des forêts.

Rappelons pour finir que l’énergie biomasse était déjà dénoncée dans le documentaire Planet of the Humans diffusé sur Youtube par Michael Moore, Jeff Gibs et Ozzie Zehner. Tous les trois ont été la cible d’une chasse aux sorcières des lobbyistes du capitalisme vert dont Bill McKibben et les médias progressistes comme le Guardian ou encore Le Vent Se Lève. Une campagne détestable qui a porté ses fruits puisque le documentaire a été censuré par Youtube pendant un temps. [5]


[1] https://news.mongabay.com/2020/08/are-forests-the-new-coal-global-alarm-sounds-as-biomass-burning-surges/

[2] https://www.nature.com/articles/s41586-020-2438-y

[3] https://www.liberation.fr/planete/2019/02/07/biomasse-un-substitut-au-charbon-plebiscite-en-europe_1706100

[4] Remarque : aucune énergie ne peut-être zéro-carbone. Allumer un feu de camp lors d’un bivouac n’est pas neutre en carbone, développer l’industrie des énergies renouvelables – éolien, solaire, géothermie ou autre – l’est encore moins. La neutralité carbone est un concept trompeur servant à développer un système de compensation où l’on pourrait continuer à émettre toujours plus à condition de « compenser » en développant des solutions de captage du CO2.

[5] https://www.theguardian.com/environment/2020/apr/28/climate-dangerous-documentary-planet-of-the-humans-michael-moore-taken-down

https://www.theguardian.com/film/2020/may/26/michael-moore-film-planet-of-the-humans-removed-from-youtube

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