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Comment mettre une raclée au système ?

En suivant l’exemple et les conseils du professeur Mohammed Ali. Alors que l’humanité (ou du moins une partie de l’humanité) se prépare au combat du millénaire, contre un système technologique menaçant les conditions environnementales qui ont permis à la vie de prospérer sur Terre durant des centaines de millions d’années, le pragmatisme devrait nous inviter à chercher l’inspiration chez les femmes et les hommes qui ont marqué l’histoire. Malheureusement le pragmatisme, la stratégie, l’efficacité ou encore l’autocritique restent absents du vocabulaire d’un trop grand nombre de personnes soucieuses de la problématique environnementale. Il faut que ça change si nous voulons mettre un terme à cette guerre mondiale contre la nature – contre l’humanité – déclarée et menée tambour battant par les 1% de parasites psychopathes. Jamais un conflit politique de cette magnitude ne pourra être remporté sans intelligence stratégique, sans leaders influents, sans coopération, sans apprendre à esquiver et prendre des coups, sans frapper au bon moment au bon endroit, sans une détermination à toute épreuve. Le monde politique est un ring de boxe, la violence et les coups bas y sont omniprésents.

Notre seule éthique doit être celle du résultat et de l’efficacité. Nous avons besoin de gens sérieux dotés d’un sens du devoir, d’humilité et d’autodiscipline, de personnes prêtes à faire des sacrifices pour défendre leur vision, animées par la rage de vaincre et trépignant d’impatience à l’idée de combattre dans l’arène aux côtés de leurs frères et de leurs sœurs d’armes. Autre priorité, cesser au plus vite les querelles de bac à sable sur des sujets secondaires qui divisent les gens au moment où nous avons plus que jamais besoin de rassembler les forces vives autour de l’objectif prioritaire – sauver le monde (rien que ça).

En multipliant les objectifs, on diminue mécaniquement les ressources allouées à l’objectif prioritaire, et donc la probabilité de l’atteindre. Multiplier les objectifs s’avère aussi être un excellent moyen de saboter un mouvement en semant les graines de la scission (certains peuvent se targuer d’avoir atteint une expertise impressionnante en la matière). Pardonnez-moi, mais la convergence des luttes, c’est une belle connerie. Inutile d’argumenter pour défendre cette position, regardons plutôt les résultats de cette « stratégie » : plusieurs décennies d’échecs pour infléchir le désastre socio-écologique global. Dans un tel cas, les personnes capables d’autocritique analysent leurs échecs et en tirent les conclusions nécessaires pour corriger le tir et augmenter leur efficacité ; de leur côté, les gens bornés et arrogants persistent, collectionnent les défaites et mettent leur déconfiture sur le dos du système, des milliardaires ou de leurs collègues. Pourquoi ne pas accuser la météo tant qu’on y est ?

Il y a quelque chose d’extrêmement naïf et utopiste dans cette idée de convergence (ou intersectionnalité). Elle entretient l’illusion toxique d’une solution universelle à l’ensemble des maux accablant l’humanité, une sorte de package all inclusive censé nous mettre sur la voie du progrès – une société idéale faite d’amour et d’eau fraîche, où l’oisiveté et les câlins auraient remplacé le travail ainsi que toutes les formes de domination, la souffrance, la compétition et la violence. Ce fantasme ne verra probablement jamais le jour ; en revanche réduire considérablement certains de ces maux est de l’ordre du possible, car nous avons matériellement les moyens d’atteindre cet objectif. Comment ? En démantelant le système techno-industriel, première étape incontournable pour créer un milieu favorable à l’émergence de sociétés plus démocratiques, égalitaires et libres fondées sur l’autonomie matérielle, énergétique et alimentaire. Il est parfaitement illusoire d’espérer voir apparaître et se maintenir durablement de telles communautés tant que le système techno-industriel restera en place, et ce pour plusieurs raisons (liste non exhaustive) – l’expansion du système technologique s’accélère et celui-ci entrera très vite en concurrence avec les sociétés alternatives pour l’utilisation des ressources ; les États ont créé via leur système légal un milieu qui force la population vivant sur leur territoire à adopter un mode de vie et une culture uniques (dépendance au marché, à la technologie moderne, à l’argent) ; les cultures et modes de vie alternatifs constituent une menace pour le système technologique, leur seule existence pouvant inciter les inadaptés et les insatisfaits à se rebeller contre le système. L’ensemble de la force de frappe devrait donc se concentrer avant tout sur le système technologique et le sommet de la pyramide sociale – politiciens, milliardaires, bureaucrates, scientifiques et ingénieurs influents.

Une organisation qui poursuit de multiples objectifs sans les prioriser va mécaniquement perdre en efficacité en raison de la répartition plus diffuse des ressources entre les différents objectifs. C’est pourquoi il est aberrant, a fortiori dans un combat asymétrique, de ne pas prioriser ses objectifs.

Toutefois, il ne faut pas se faire d’illusions. L’élimination du système technologique ne sera pas une entreprise de tout repos et engendrera certainement une période de forte instabilité. Et même si rien n’était fait pour le démanteler, le système poursuivra inexorablement son expansion et provoquera de lui-même des perturbations gigantesques et une violence qui dépasseront de très loin ce que le monde a pu connaître durant la Seconde Guerre mondiale. Entre une phase de transition chaotique à durée limitée offrant ensuite une chance à l’humanité de prendre un nouveau départ, et l’apocalypse planétaire qui conduirait presque certainement à l’extinction de l’espèce (et probablement à la disparition de toutes les formes de vie complexes – mammifères, reptiles, poissons, insectes, oiseaux), le choix est vite fait.

Mohammed Ali était un stratège accompli doté d’un mental en béton armé. Il croyait en lui, ne craignait pas la mort, et n’hésitait pas à humilier ses adversaires avant un combat en les pilonnant des semaines durant de diatribes cruelles par l’intermédiaire des médias. L’éthique, il s’en fichait pas mal. Détruire mentalement son adversaire avant même d’avoir mis un pied sur le ring lui a sans aucun doute procuré l’ascendant psychologique à de nombreuses reprises. Qu’attendons-nous pour commencer à croire en nos capacités collectives ? Qu’attendons-nous pour adopter l’attitude des gagnants ? Combien de temps allons-nous encore ignorer les règles élémentaires de l’art de la guerre ? Cessons de perdre du temps et de l’énergie dans des gesticulations inutiles, et mettons-nous sérieusement au travail pour mettre le système technologique hors d’état de nuire et botter le cul des parasites qui se goinfrent sur le dos des peuples.

Arte diffuse en ce moment une série documentaire relatant de nombreux aspects de la vie de Mohammed Ali, un film inspirant sur le plan sportif, stratégique, psychologique, politique, historique et même spirituel :

En complément, quelques citations célèbres de ce boxeur qui a marqué le XXe siècle :

« Vous croyez que le monde a été choqué par la démission de Nixon ? Attendez que je botte le cul de George Foreman. Je vole comme le papillon et pique comme l’abeille, ses poings ne peuvent pas toucher ce que ses yeux ne voient pas. Là, tu me vois, là tu ne me vois pas. George croit qu’il peut, mais je sais qu’il ne peut pas. Je me suis déjà battu contre un alligator, j’ai déjà lutté avec une baleine. J’ai passé les menottes à la foudre et balancé le tonnerre en prison. La semaine dernière, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, et envoyé une brique à l’hôpital. Je suis tellement cruel que j’arrive à rendre la médecine malade. »

« Les champions ne sont pas créés dans les salles de sport. Les champions sont créés à partir de quelque chose enfouie au plus profond de leur être : un désir, un rêve, une vision. Il faut de la ressource jusqu’à la dernière minute, être légèrement plus rapide, avoir le talent et la volonté. Mais la volonté doit être plus forte que le talent. »

« Mes souffrances physiques en valaient la peine quand je vois ce que j’ai accompli dans la vie. Un homme qui n’est pas assez courageux pour prendre des risques n’accomplira jamais rien dans la vie. »

« Un homme qui voit le monde de la même manière à 50 ans qu’à 20 ans a perdu 30 ans de sa vie. »

« Je n’ai pas peur de mourir. J’ai la foi ; je fais tout ce que je peux pour bien vivre ma vie ; et je crois que la mort me rapprochera de Dieu. »

Mohammed Ali

Philippe Oberlé

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