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Instrumentaliser la biodiversité pour rendre l’oppression technologique désirable

Il n’y a pas une semaine qui passe sans un article dans les médias usant de termes élogieux pour nous conter la fable du progrès :

  • « Quand la technologie vole au secours de la biodiversité[1] », Sciences & Avenir, 2018 ;
  • « L’Afrique a l’opportunité de tirer pleinement parti des bienfaits de la richesse de sa biodiversité & d’explorer les moyens de l’exploiter durablement pour contribuer au développement économique et technologique du continent[2] », compte Twitter français de l’IPBES, mai 2021 ;
  • « Protection de la biodiversité et compteurs d’eau connectés… Elle est smart, ma city[3] », Nouvel Obs, mars 2021 ;
  • « Francesco Bellino (Boston Consulting Group) : “La transition écologique est avant tout un enjeu de performance et de résilience des entreprises[4]” », Forbes, janvier 2021 ;
  • « Green Tech | La Tech pour sauver la planète[5] », Forbes, février 2021 ;
  • « Technologie et biodiversité[6] », France Inter, février 2021 ;
  • « AFD Digital Challenge : 1) Votre projet contribue à la protection du climat et de la biodiversité ; 2) Votre projet a été lancé sur le marché et est en phase d’amorçage ; 3) Votre projet possède une structure juridique ainsi qu’un modèle économique durable et autonome ; 4) Le numérique est au cœur de votre solution. Et vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement sur-mesure, d’une visibilité à l’international et de 20 000€ ? Pour tenter de faire partie des 10 startups sélectionnées. Candidatez ici jusqu’au 26 mai 👉 https://www.afddigitalchallenge.afd.fr/ », compte Facebook de l’AFD[7], mai 2021 [Ce concours s’adresse aux entrepreneurs africains, Ndr] ;
  • « Les 1.000 solutions écologiques identifiées par Bertrand Piccard et Solar Impulse », Futura Sciences[8], mai 2021 ;
  • « L’entreprise contributive doit se synchroniser au vivant[9] », We Demain, avril 2021 ;
  • « Faire cohabiter économie et biodiversité : le pari réussi de l’association Orée[10] », Midi Libre, avril 2021 ;
  • « Protéger le vivant, un défi pour la finance[11] », Le Figaro, janvier 2021 ;
  • « Aigle est la première grande marque de mode à devenir ‘entreprise à mission[12]’ », Les Echos, février 2021 ;
  • « Pourquoi l’État encourage-t-il la Green Tech[13] ? », Futura Sciences, mars 2021 ;
  • « Énergie, agriculture…comment la green tech va verdir notre économie[14] », Capital, mars 2021 ;
  • « La France veut créer des champions technologiques de la transition écologique[15] », La Tribune, mai 2021 ;
  • « La biodiversité est aussi un investissement[16] », Le Temps, mai 2021 ;
  • « La nature, socle de l’économie[17] », Novethic, août 2020 ;
  • « L’érosion de la biodiversité est un risque majeur pour les entreprises[18] », Les Echos, décembre 2020 ;
  • « Robots-plantes : des scientifiques cherchent à combiner technologie et nature[19] », L’Express, avril 2021
  • « Mimesis [exposition à Paris, Ndr], quand la nature inspire la technologie[20] », L’Usine Nouvelle, mai 2021.

Inutile de poursuivre la liste sur des dizaines de pages, ce minuscule échantillon suffit à se faire une idée du matraquage médiatique en faveur du développement technocapitaliste. Le récit du progrès n’est rien d’autre qu’une histoire à dormir debout décrivant comment ingénieurs et entrepreneurs – des hommes et des femmes élevés au rang de héros par les médias – s’attèlent jours et nuits au développement de nouvelles technologies pour sauver la planète. Difficile à croire tant capitalisme et technologies ont accéléré le saccage de ce monde en à peine deux siècles. Mais techniciens et experts, femmes et hommes d’affaires, tous y croient dur comme fer à leur progrès, et cherchent désespérément à convaincre pour nous emporter avec eux au fond de l’abîme.

La protection de la biodiversité est utilisée comme prétexte pour motiver l’ajout de nouvelles couches de progrès technique aux précédentes, alors même que les technologies déployées par le passé, et déjà à l’époque parées de toutes les vertus, ont largement échoué à tenir leurs promesses d’améliorer la condition humaine. Les maladies dites « de civilisation » se multiplient partout où se répand la civilisation industrielle : la moitié de la population mondiale sera en surpoids ou obèse en 2030 ; un tsunami de dépressions et d’affections mentales de toutes sortes, de cancers et de maladies cardiovasculaires déferle sur les pays industrialisés[21] (maladies cardiovasculaires et cancers sont les deux premières causes de mortalité dans le monde[22]) ; allergies et asthme deviennent presque la norme en milieu développé ; une femme sur cinq se fait tabasser ou violer par son partenaire en Europe[23] ; la colonisation de l’existence humaine par les écrans fabrique des « crétins digitaux » par millions[24] ; etc.

Mais cette instrumentalisation de la biodiversité sert aussi à neutraliser la crainte, tout à fait légitime dans l’opinion publique, de voir se développer une surveillance globale et permanente basée sur la reconnaissance faciale, l’Internet des objets, les satellites et l’intelligence artificielle en général. Pour résumer simplement les choses : transition écologique, ça rime quand même un peu avec oppression technologique.

J’ai regroupé quelques exemples ci-dessous pour illustrer cette instrumentalisation de la biodiversité.

La moto électrique Kalk AP, énième techno-gadget inutile pour lutter contre le braconnage

La startup suédoise Cake a conçu un modèle de moto électrique spécialement adapté pour les missions anti-braconnage dans la brousse sud-africaine. En chevauchant la Kalk AP (AP signifiant anti-poaching pour « anti-braconnage »), les rangers patrouillant les parcs naturels devraient pouvoir intervenir rapidement et en toute discrétion – chose impossible avec des motos thermiques – pour intercepter de dangereux braconniers. Ces bécanes propulsées par la fée électricité sont même équipées de panneaux solaires pour fonctionner hors réseau électrique, en toute autonomie. Fantastique, n’est-ce pas ? Enfin ça, c’est ce qu’on peut lire dans tous les articles sur la Kalk AP, des publications ressemblant davantage à des prospectus de vente pour la mobilité électrique qu’à des articles sérieux sur l’anti-braconnage en Afrique. Naturellement, les médias pro-bagnole (Caradisiac[25]), technoscientiste (Futura Sciences[26]) ou encore technophile (Tom’s Guide[27]) se sont précipités sur cette précieuse information, une excellente matière première pour repeindre en vert la société industrielle.

Un article publié dans le magazine Forbes nous apprend que deux Kalk AP seront déployées initialement dans le parc national du Kruger en Afrique du Sud[28], chose intéressante puisque ce parc abritant la plus importante population de rhinocéros au monde (environ 4 000[29]) est déjà l’un des mieux protégés d’Afrique. Le Kruger dépense annuellement plus de 13,5 millions de dollars dans la lutte anti-braconnage[30]. Les autorités disposent de véhicules tout-terrain, d’hélicoptères, d’avions de surveillance et de chiens de détection ; elles ont même fait appel à l’armée pour surveiller la limite est du parc (également frontière avec le Mozambique voisin), ce qui n’a pas empêché les braconniers de massacrer 70 % des rhinocéros du parc en seulement 10 ans[31]. Mais des motos fonctionnant à l’électricité solaire, ça change tout ! Surtout pour un parc d’une superficie plus de deux fois supérieure à la Corse, soit environ 20 000 km²… Ajoutons également que l’utilisation de drones de surveillance pour la lutte anti-braconnage dans le parc Kruger s’est révélée très décevante, à des années-lumière de l’efficacité vendue par les titres dithyrambiques des médias de masse pro-technologie[32].

Le Kruger est représentatif de l’échec cuisant de la « conservation-forteresse » (aussi parfois appelée « écologie coloniale » ou « colonialisme vert ») qui prétend protéger la nature en vidant plaines et forêts de leurs habitants humains – peuples premiers et communautés rurales. Objectif : privatiser la nature pour la transformer en marchandise exploitable par l’industrie touristique majoritairement aux mains de riches occidentaux. Dans la plupart des cas, les locaux expulsés de leurs terres résistent à l’oppression, et en réponse l’État leur déclare une guerre totale. Fort heureusement, les bureaucrates des pays du Sud peuvent compter sur le soutien des institutions internationales, des États occidentaux et/ou des grandes ONG environnementales (WWF et cie[33]) pour faire le ménage. La moto électrique Kalk AP s’inscrit dans ce même environnementalisme suprémaciste et raciste devenu aujourd’hui hégémonique à l’échelle mondiale. Inventé par les élites scientifiques, politiques et économiques aux États-Unis en 1864, avec la création du parc de Yosemite tâchée par le sang d’Indiens massacrés par l’armée[34], ce modèle échoue lamentablement à protéger la biodiversité depuis plus d’un siècle.

Science participative : une nouvelle forme de divertissement

Depuis quelques années, des projets scientifiques font appel aux botanistes, ornithologues et naturalistes du dimanche pour collecter des données sur leurs espèces végétales et animales favorites. En France par exemple, le comptage annuel des oiseaux vient d’être lancé en mai par la Ligue de Protection des Oiseaux et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), une initiative relayée par la fondation 30 millions d’amis (« Pour les protéger, participez au comptage des oiseaux[35] ! »). Ces gens-là, qui connaissent très bien les causes de l’hécatombe aviaire, nous invitent le plus sérieusement du monde à démarrer une entreprise comptable pour « protéger » les oiseaux de nos campagnes.

« […] les données issues des sciences participatives sont régulièrement utilisées pour la recherche ornithologique. Ainsi, grâce aux observations recueillies par l’Observatoire [des oiseaux des jardins, lancé par le MNHN et la LPO], il est désormais prouvé que le fait de disposer de la nourriture pour oiseaux dans les jardins contribue grandement à leur conservation, notamment dans les zones agricoles intensives où les graines naturelles manquent en hiver. De la même manière, le jeu collaboratif et scientifique « BirdLab » a démontré en 2020 que la Perruche à collier – présente dans les capitales européennes depuis les années 1970 – ne concurrençait pas – ou très peu – les espèces locales dans leur recherche de nourriture. »

Laissons donc l’agriculture industrielle et le BTP poursuivre le carnage puisqu’il suffit de donner à becter aux oiseaux en hiver pour les « conserver » ! On croit rêver devant un tel niveau de niaiserie. Compter les oiseaux, leur donner des boules de graisse issues de déchets de l’agro-industrie[36] et vendues par Carrefour, ou jouer à BirdLab, ça ne « protège » rien du tout. Cela n’est rien d’autre que du divertissement détournant les gens de l’essentiel. D’ailleurs, selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, « protéger » signifie « faire que quelqu’un ou quelque chose soit mis à l’abri d’un danger, d’une agression, d’un risque quelconque ». Aucune des initiatives citées plus haut ne met les oiseaux à l’abri de la destruction et de la fragmentation de leur habitat, ni de la pollution massive de l’air, de l’eau, de la nourriture et du sol.

Rappel de Wikipédia sur la notion de divertissement :

« Le terme divertissement est d’origine latine, il est apparu en Europe à la fin du XVe siècle. Il désignait alors l’action financière consistant à détourner à son propre profit, ou distraire, une part de l’héritage. Par la suite, on a repris le terme pour l’appliquer à l’action de détourner l’essentiel en général et, par extension, à ce qui détourne quelqu’un de l’essentiel. Progressivement, il s’est associé à l’idée de plaisir et plus tard de loisirs[37]. »

Nous voilà entrés dans l’ère du divertissement écologique, le sacre de la bêtise et de l’inefficacité. Quand un bulldozer s’apprête à raser une forêt ou une zone humide abritant de nombreuses espèces d’oiseaux, quelle est l’action à la fois la plus humaine et la plus efficace ? Démolir le bulldozer ou compter les oiseaux ? Démolir l’entreprise produisant à la chaîne des bulldozers ou compter les oiseaux ? Démolir le système qui a rendu possible la conception et la production en masse de cette arme de destruction massive qu’est le bulldozer, ou compter les oiseaux ?

Prenons un autre exemple de science participative à caractère débilitant : le portail Zooniverse[38]. Celui-ci compte parmi ces initiatives offrant la possibilité de participer à la recherche scientifique sur une grande variété de thématiques, histoire de satisfaire les goûts les plus divers et variés, un peu comme dans un centre commercial ou sur Amazon ; sauf qu’ici c’est du sérieux, le progrès de la Science est en jeu. Un projet propose de repérer des nids d’oiseaux et d’effectuer un suivi en fournissant des données, un autre de regarder des vidéos de ratons-laveurs pour analyser leur comportement, un autre encore d’identifier les animaux présents sur les photos. Il s’agit ni plus ni moins de travailler gratuitement pour entraîner des algorithmes (un travail présenté sous la forme d’un jeu, d’un divertissement), comme nous l’apprend un article du média Tech Republic au sujet d’un projet majeur de Zooniverse – Snapshot Serengeti – récoltant et traitant des images de pièges photographiques disposés dans cette immense réserve de Tanzanie :

« La possibilité de capturer et de diffuser de grandes quantités d’images et d’autres données sur l’internet a permis l’essor de la science citoyenne, où les capacités collectives des non-scientifiques à reconnaitre des espèces animales aident à la classification et à l’analyse de grands ensembles de données. Zooniverse est un portail de science citoyenne de premier plan, avec 105 projets en cours au moment de la rédaction de cet article, couvrant un large éventail de domaines : arts, biologie, climat, histoire, langue, littérature, médecine, nature, physique, sciences sociales et espace.

L’un des projets les plus anciens de Zooniverse est Snapshot Serengeti, qui classe depuis 2010 les images d’animaux capturées par un réseau de pièges photographiques dans le parc national du Serengeti en Tanzanie. Plusieurs utilisateurs visionnent chaque image et notent l’espèce, le nombre d’individus, les comportements associés et la présence de juvéniles à l’aide d’un guide d’identification. Un algorithme regroupe ensuite ces classifications pour obtenir un consensus, un procédé qui a été déterminé par rapport à un sous-ensemble d’images classées par des experts. Après dix saisons, l’ensemble de données Snapshot Serengeti contient quelque 6,7 millions d’images (dont environ 75 % sont vides), avec des marquages établis pour 55 catégories d’animaux, les plus courantes étant le gnou, le zèbre et la gazelle de Thomson.

Ce projet utilisant la « sagesse des foules » offre la possibilité d’étudier la dynamique multi-espèces dans un écosystème d’importance mondiale, en particulier les interactions entre les grands prédateurs et leurs proies herbivores. La clé de cette dynamique est la pluviosité saisonnière qui entraîne la migration annuelle d’environ 1,3 million de gnous et 250 000 zèbres à la recherche des meilleurs pâturages.

Les grands ensembles de données d’images marquées par les humains, comme Snapshot Serengeti, sont également parfaits pour former des algorithmes d’apprentissage profond [deep-learning], qui peuvent ensuite être utilisés pour automatiser la détection et la classification des espèces. »

Un autre projet de ce type, toujours dans le Serengeti (Serengeti Wildebeest Count), exploite la main d’œuvre gratuite fournie par les scientifiques amateurs pour compter les gnous sur les images. Une fois digérées par les algorithmes, les données fournies accélèrent de manière fulgurante le recensement de centaines de milliers d’animaux, le comptage passant à 24h au lieu de trois à six semaines en temps normal. Une prouesse technique qui ravira certainement les gnous du Serengeti dont la migration se trouve toujours plus entravée par des clôtures, l’agriculture intensive, le développement urbain, des routes et d’autres infrastructures nécessaires au développement de la civilisation industrielle[39].

Quelle est l’utilité concrète de savoir s’il reste environ 1,3 ou 1,2 million de gnous dans la zone ? En quoi savoir si 249 478 ou 251 523 zèbres écument les prairies du Serengeti va nous permettre de mieux les protéger ? Compter les animaux de manière très précise ne sert à rien ou presque pour s’attaquer à la racine du problème, parce que la cause majeure d’éradication des grands mammifères en Afrique, c’est le développement durable financé à coups de milliards de dollars par la Banque mondiale, l’UNEP (programme des Nations Unies pour l’environnement) et les agences de développement occidentales (USAID, AFD, GIZ, pour citer trois poids lourds). L’exemple du Kenya est assez édifiant et détaillé dans une enquête intitulée « Comment l’impulsion du Kenya pour le développement menace ses célèbres terres sauvages », une enquête publiée en 2019 dans le magazine Yale Environment 360 par Adam Welz[40]. Infrastructures routières et ferroviaires, centrales énergétiques (éoliennes et géothermie), réseaux de pipelines et barrages hydroélectriques sont construits au beau milieu de parcs nationaux et dans des zones où la faune sauvage reste encore abondante. Précisions ici que ces grands projets d’infrastructures sont aussi une plaie pour les populations locales[41].

La science participative ne résout évidemment rien, c’est une diversion (une de plus) reposant sur des technologies très gourmandes en énergie et en ressources matérielles. Ne nous laissons pas berner par la science citoyenne, car elle nous est présentée comme une forme de reprise de contrôle de la recherche scientifique par le peuple. Mais à y regarder de plus près, c’est loin d’être le cas. Les scientifiques – les vrais, ceux qui font autorité – se contentent simplement de sous-traiter le travail long et fastidieux de collecte de données à des bénévoles crédules, persuadés d’œuvrer pour le bien, et donnant pour cette raison de leur temps libre au service d’une cause qui leur est chère. Ils n’ont pas l’impression de travailler, c’est un jeu, un divertissement. Quid du devenir des algorithmes ainsi entraînés sans dépenser un sous ? Vont-ils enrichir quelque entrepreneur de la green tech ? À vrai dire, les écologues amateurs s’en moquent. Ils ont fait leur bonne action et peuvent dormir sur leurs deux oreilles. La plèbe se divertit, les scientifiques sous-traitent en partie leur travail à une main d’œuvre gratuite et les entrepreneurs font du pognon. La civilisation progresse, tout le monde est content. Et pendant ce temps, l’anéantissement de la biosphère progresse lui aussi et s’accélère.

Wildlife Watch de Samsung : devenir un « ranger virtuel »

Voilà une bien belle opération de greenwashing récemment lancée par Samsung qui, pour l’occasion, a fait appel à une influenceuse coréenne[42]. La firme propose à la populace de devenir un « ranger virtuel » pour jouer à la lutte anti-braconnage en toute sécurité, depuis son canapé IKEA. Le principe est simple, des téléphones de la marque coréenne équipés d’appareil photo ont été placés dans une réserve privée (Balule) bordant le parc Kruger en Afrique du Sud. Un site permet de s’y connecter, d’observer ce qui s’y passe et de lancer une alerte en cas de présence de braconniers. J’ai tenté l’expérience pendant quelques minutes et, autant vous le dire tout de suite, il ne se passe pas grand-chose à l’écran. Si l’usage de la reconnaissance faciale pour la vidéosurveillance connaît un développement fulgurant, c’est justement pour effectuer ce travail barbant à la place des – et plus efficacement que les – êtres humains. Autrement dit, les responsables de la réserve de Balule et les cadres dirigeants de Samsung à l’origine de ce projet prennent les gens pour des imbéciles en leur laissant croire qu’un tel dispositif peut avoir une quelconque efficacité. Mais l’occasion était trop belle pour une opération de communication donnant l’illusion d’une reconnexion à la nature par l’intermédiaire de la technologie, histoire de verdir ces machines « intelligentes » abrutissant des milliards d’humains sur Terre[43].

La réserve sud-africaine de Balule n’en est pas à son coup d’essai en communication, comme l’illustre la création il y a quelques années des Black Mambas. Fondée en 2013 par Craig Spencer, un sud-africain blanc également fondateur et directeur de l’entreprise Transfrontier Africa gérant la réserve de Balule, cette unité de rangers exclusivement féminine a obtenu en 2015 le titre de « Champion de la Terre » délivré par l’ONU ; un titre obtenu en 2018 par notre bon roi Macron pour ses efforts incommensurables en faveur de l’écologie, ici en France, preuve du sérieux que l’on peut accorder à cette récompense et aux Nations Unies en général. Et comme médias et philanthro-capitalistes raffolent du woman empowerment à l’ango-saxonne, une autre unité anti-braconnage féminine – et végétalienne – recrutant des femmes démunies a vu le jour au Zimbabwe, fondée par Damien Mander, un autre homme, blanc, australien, vétéran de la guerre en Irak et antispéciste. Pour en savoir plus, vous pouvez regarder le court-métrage Akashinga : la guerre de l’ivoire coproduit par James Cameron (lui-aussi végétalien) et diffusé par National Geographic, une ode somptueuse à l’impérialisme occidental en Afrique[44]. Loin de moi l’idée de dénigrer le travail de toutes les ONG en Afrique. Celles qui ne cherchent pas à occidentaliser le continent, qui sont à l’écoute des communautés villageoises, qui galèrent financièrement, qui valorisent le savoir-faire et la culture des locaux, qui sont réellement efficaces dans leur travail malgré le manque de moyens, les médias de masse n’en parlent quasiment jamais. La presse et la télévision ne font que la promotion des ONG cherchant à développer l’Afrique selon les standards occidentaux, par exemple en améliorant l’accès à l’électricité. Mais l’une des premières choses que va faire un ménage pauvre obtenant un accès à l’électricité, par exemple via des panneaux solaires, c’est d’acheter une télévision. On trouve d’ailleurs des exemples similaires en Asie et en Amérique du Sud, la télévision devenant un marqueur d’élévation sociale – le fameux « progrès » – dans une communauté peu à peu phagocytée par la société techno-industrielle capitaliste. Et quand en Europe, vous expliquez aux gens que l’Occident ferait mieux de s’inspirer de l’Afrique et de son immense richesse culturelle au lieu de chercher à développer les « pauvres », c’est-à-dire éradiquer la diversité humaine sur Terre, vous obtenez des réactions à forte connotation suprémaciste de la part d’une majorité qui refuse de voir la réalité en face : les innombrables cultures traditionnelles africaines ont su coexister durant des millénaires avec de grands mammifères ; sur le Vieux Continent, les civilisations qui se succèdent depuis l’Antiquité ont toujours été incapables de coexister avec le non-humain (grande faune exterminée ; forêts rasées ; lacs, montagnes et rivières défigurés et pollués ; et moult joyeusetés du même acabit).

Retour à Samsung. Davy Moons, Marketing Manager Mobile chez Samsung Belgique, a pour sa part déclaré à propos du projet Wildlife Watch :

« Alors que nos vies deviennent plus virtuelles, le pouvoir de la technologie de rassembler les gens pour œuvrer au bien et au bénéfice de tous, n’a jamais été aussi évident. Wildlife Watch est un projet pilote vraiment passionnant et nous espérons que la réutilisation d’un de nos derniers appareils dans ce but permettra d’augmenter le nombre d’yeux rivés sur ces animaux afin non seulement de soutenir la surveillance existante, de sensibiliser davantage de monde, mais également d’apporter du plaisir en permettant à tout un chacun de découvrir la vie sauvage et d’en apprendre davantage à ce sujet depuis son salon. »

Se reconnecter à la vie sauvage depuis son canapé, devant une série Netflix, le tout en s’empiffrant de pizzas Domino’s commandées sur un téléphone « intelligent » et livrées par un esclave à bicyclette électrique exploité par Deliveroo. Pour nous autres, les culs terreux vomissant le monde moderne, ses villes et son totalitarisme technologique, il nous est difficile de considérer cela comme une élévation de la condition humaine. Mais dans l’esprit des gens raffinés et cultivés de la trempe de Davy Moons, cette absurdité nommée « progrès » doit certainement faire sens.

Wildlife Insights de Google : quand la reconnaissance faciale s’attaque aux animaux

C’est le média escrologiste We Demain qui nous rapportait la nouvelle en 2020 : Google, en partenariat avec deux poids lourds mondiaux de la conservation de la nature – le WWF et Conservation International –, a lancé la plateforme collaborative Wildlife Insights en 2019[45].

« Pour étudier les animaux sauvages, des milliers de caméras à détecteurs de mouvements ont été installées dans des zones naturelles du monde entier, dont des forêts. Elles se déclenchent au moindre mouvement et emmagasinent des milliers de clichés chaque jour. Une quantité de données que des chercheurs mettraient énormément de temps à exploiter…

L’intelligence artificielle développée par Google, elle, traite 3,6 millions de clichés par heure. L’algorithme a été entrainé pour reconnaître 614 espèces et offrirait un taux de réussite de 80 % à 98,6 %, selon la qualité de l’image et la quantité de données accumulées sur l’animal photographié. »

Merveilleux. Au passage, l’auteur de l’article omet de préciser que les machines sont en réalité complètement abruties, car elles sont incapables d’apprendre par elles-mêmes. Des humains doivent les entraîner à reconnaître des espèces animales ; pas une ou deux fois, mais des milliers, ou peut-être des millions de fois. Une machine ne reconnaîtra pas un zèbre avec une efficacité proche de 100 % après en avoir scanné un seul, il lui faudra ingurgiter une somme colossale de photographies de zèbres prises dans différents contextes pour apprendre à les reconnaître dans chaque situation spécifique. À l’opposé, il suffit à un enfant d’apercevoir une seule fois un zèbre pour reconnaître instantanément l’animal dans toutes les situations possibles et imaginables (animal isolé, en troupeau, caché par de la végétation ou carcasse). La machine est stupide, l’intelligence est humaine.

Au début de l’article, on peut lire ceci :

« Souvent considérée comme une menace pour nos libertés, la reconnaissance faciale peut aussi servir de bonnes causes. Aider à préserver les animaux, par exemple. »

En d’autres termes, la poursuite infernale du développement technologique pourrait finir par anéantir le peu de libertés dont nous disposons encore, mais en contrepartie, c’est tout de même chouette, parce que la technologie va sauver des animaux ! Outre le fait que cette affirmation soit fausse – l’augmentation de la puissance technologique est presque toujours suivie d’un accroissement de la destruction écologique[46] –, il faut dénoncer et combattre cette propagande inepte, violente et dangereuse.

Il existe une autre raison de se méfier des grandes ONG environnementales et, dans le cas présent, particulièrement de Conservation International. Wesley G. Bush, ancien PDG de Northrop Grumman, un important fabricant états-unien d’armement (dont des drones de combat), siège en tant que président du comité exécutif de Conservation International. D’autres personnalités au profil intéressant apparaissent au comité directeur de cette ONG influente au budget annuel dépassant allègrement les 100 millions de dollars[47] :

  • L’acteur Harrison Ford (vice-président) ;
  • L’acteur Idris Elba ;
  • Rob Walton, de la richissime famille Walton, fondatrice du géant mondial de la distribution Walmart ;
  • Lisa Jackson, vice-présidente « environnement, initiatives sociales et politiques » chez Apple ;
  • L. Rafael Reif, président du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ;
  • Hon. Alexander Karsner, stratégiste pour Alphabet’s Lab, Alphabet Inc. étant un conglomérat détenant entre autres Google ;
  • Valerie Mars, de la richissime famille Mars, propriétaire du géant mondial de l’agroalimentaire Mars[48].

Peter Seligmann, PDG et fondateur de Conservation International, a le bras long :

« Peter fait partie du conseil consultatif du Jackson Hole Land Trust et est directeur de First Eagle Holdings, Inc. Il est membre du Council on Foreign Relations et a fait partie du comité consultatif international de la Coca-Cola Company de 2011 à 2014. Peter a également été nommé au conseil de l’initiative Enterprise for the Americas par le président Clinton en 2000[49]. »

Fondée en 1864, First Eagle Investment Management est une « firme indépendante gérant approximativement 109 milliards d’actifs pour des clients individuels et institutionnels[50] » et le Council on Foreign Relations est un think tank états-unien très influent au niveau international qui publie notamment la revue Foreign Affairs.

Voilà le genre d’informations occultées ou ignorées par les médias faussement écologistes tels que We Demain. Quelques autres titres laissent peu de doute sur la ligne éditoriale pro-système de ce torchon : « Élections régionales : pourquoi elles sont cruciales pour l’écologie[51] » ; « Shopping de printemps durable et made in France[52] » ; « Derrière Bitcoin et Ethereum, ces cryptomonnaies au succès fou[53] » ; « La blockchain à la rescousse des agriculteurs argentins[54] » ; etc.

Le projet ICARUS : créer un « Internet des Animaux »

À seulement quelques mois d’intervalles, le célèbre New York Times a publié deux articles sur un projet assez symptomatique de la folie technoscientiste, moteur du progrès au sein de la civilisation industrielle[55]. Voici le principe de l’Internet des Animaux énoncé en quelques lignes dans l’un des articles :

« Chaque capteur recueillera des données sur la position, la physiologie et le microclimat de son porteur et les enverra à un récepteur de la station spatiale internationale, qui les retransmettra à des ordinateurs au sol. Les scientifiques pourront ainsi suivre les mouvements collectifs des créatures sauvages qui parcourent la planète d’une manière techniquement inimaginable jusqu’à récemment : en continu, tout au long de leur vie et presque partout sur Terre. »

Pucer les animaux par milliers pour les traquer dans les moindres recoins du globe a-t-il un intérêt quelconque pour sauvegarder la richesse et la diversité du vivant ? Pas vraiment, puisque ce projet repose sur des technologies extrêmement gourmandes en ressources énergétiques et matérielles nécessitant d’arracher toujours plus de matières premières à la croûte terrestre. D’autre part, les causes de l’éradication des espèces vivantes sont connues depuis des lustres et détaillées dans de nombreux rapports, dont Le dangereux déclin de la nature publié en 2019 par le panel de l’IPBES :

« Pour accroître la pertinence politique du rapport, les auteurs de l’évaluation ont classé, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les plus forts impacts à l’échelle mondiale. Les facteurs responsables sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l’exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes[56]. »

Le projet ICARUS ne pourrait exister sans la société industrielle et ses satellites, son réseau Internet, ses milliards de terminaux pour s’y connecter, ses centrales énergétiques, ses infrastructures et ses machines produisant et transportant cette énergie, ses mines d’extraction de cuivre dévastant le Chili et le Pérou, sa mine de fer géante de Carajas située au beau milieu de l’Amazonie brésilienne, ses gigantesques dépotoirs de déchets électroniques au Ghana et ses plateformes pétrolières dans le delta du Niger. ICARUS risque presque certainement d’accentuer les changements d’usage des terres et de la mer (deep-sea mining) pour maintenir en état de marche les technologies existantes, mais aussi pour en développer de nouvelles, plus puissantes et gourmandes en ressources. Donc une telle initiative ne s’attaque en rien à la première cause d’extinction des espèces, et elle pourrait en prime accentuer le changement climatique et la pollution. Pour ne rien arranger, connaître précisément les déplacements de la faune faciliterait grandement sa capture par les trafiquants d’animaux sauvages qui exploitent déjà les nouvelles technologies pour développer leur juteux business. Un article publié par le média public états-unien PBS titrait en octobre 2020 « Le cyber-braconnage est la menace du XXIème siècle pour la faune sauvage[57] ». Même l’ONU, à travers son office contre les drogues et le crime (UNODC), révélait dans le Wildlife Crime Report 2020 que le trafic physique était peu à peu remplacé par le trafic en ligne[58]. C’est particulièrement le cas pour les animaux de compagnie exotiques où les plateformes de réseaux sociaux – dont Facebook – sont couramment utilisées par vendeurs et acheteurs. Lorsque des actions de répression sont organisées, rien de plus facile que de changer de plateforme pour les vendeurs. Les auteurs du rapport ajoutent à propos du trafic numérique :

 « [Il] est particulièrement difficile à traiter car il est discret, la réglementation manque de cohérence et les autorités manquent de ressources pour se spécialiser afin de combattre ce trafic. »

Comme si cela ne suffisait pas, l’UNODC indique qu’il existe de nombreuses vidéos explicatives publiées sur Youtube enseignant des techniques de capture et s’adressant à de potentiels braconniers.

Comme tant d’autres projets scientifiques, les données récoltées par ICARUS vont avoir pour principale utilité non pas de sauvegarder la biosphère, mais la civilisation, de l’aveu même de l’initiateur du projet Martin Wikelski :

« Certains pensent que la nature devrait conserver un degré de mystère et être préservée de la surveillance spatiale. Mais sans surprise, le Dr Wikelski n’est pas d’accord.

‘Ces animaux fournissent des informations vraiment importantes, peut-être que la survie de l’humanité est en jeu’, précise Wikelski. ‘Nous devrions obtenir ces informations.’ »

L’article du New York Times nous en dit un peu plus :

« La technologie peut également être utilisée pour atteindre une série d’objectifs dépassant l’étude de la faune.

Wikelski a étudié l’aptitude des vaches, des chèvres domestiques et des moutons en Italie à détecter les tremblements de terre et les éruptions volcaniques des heures avant qu’ils ne surviennent. Ces changements de comportement peuvent être détectés par les capteurs, de sorte que le comportement du troupeau peut fournir une alerte précoce.

Wikelski :

‘Nous pensons que lorsque quelque chose va mal pour eux et qu’il y a de l’électricité statique dans l’air, alors ils déménagent dans des zones boisées pour se mettre à l’abri.’

Les scientifiques ne savent pas encore pourquoi les animaux réagissent de cette manière.

ICARUS pourrait également aider à suivre les éléphants vulnérables au braconnage en Afrique, ou garder un œil sur les espèces de chauves-souris, pangolins et autres animaux qui ont joué un rôle dans les épidémies virales.

‘En connaissant la température de leur peau, nous pouvons savoir quand la prochaine grippe aviaire commencera chez les canards en Chine’, a déclaré le Dr Wikelski. »

On comprend mieux pourquoi de tels projets obtiennent financements et couverture médiatique, d’autant plus qu’il y aura certainement aussi des opportunités économiques avec l’ouverture au public de l’Internet des Animaux :

« En prime, les gens du monde entier pourront un jour se connecter avec une application pour smartphone à ce que l’on appelle l’internet des animaux pour suivre leur oiseau, tortue ou poisson préféré pendant sa migration, un voyage surveillé par la station spatiale pratiquement en temps réel. »


[1] https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/quand-les-technologies-volent-au-secours-de-la-biodiversite_130484

[2] https://twitter.com/ipbesfr/status/1393174254817058818

[3] https://www.nouvelobs.com/bouger-demain/20210311.OBS41227/protection-de-la-biodiversite-et-compteurs-d-eau-connectes-elle-est-smart-ma-city.html

[4] https://www.forbes.fr/technologie/francesco-bellino-bcg-la-transition-ecologique-est-avant-tout-un-enjeu-de-performance-et-de-resilience-des-entreprises/

[5] https://www.forbes.fr/technologie/greentech-la-tech-pour-sauver-la-planete/

[6] https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-environnement/la-chronique-environnement-15-fevrier-2021

[7] https://www.facebook.com/AFDOfficiel/photos/a.202253903151504/4162467613796760/

[8] https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-1000-solutions-ecologiques-identifiees-bertrand-piccard-solar-impulse-87211/

[9] https://www.wedemain.fr/dechiffrer/entreprise-contributive-utile-perenne/

[10] https://www.midilibre.fr/2021/04/28/cohabiter-sans-se-marcher-dessus-9513849.php

[11] https://www.lefigaro.fr/economie/proteger-le-vivant-un-defi-pour-la-finance-20210112

[12] https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/aigle-est-la-premiere-marque-de-mode-a-devenir-entreprise-a-mission-1292713

[13] https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/gaz-effet-serre-etat-encourage-t-il-green-tech-85983/

[14] https://www.capital.fr/economie-politique/energie-agriculturecomment-la-green-tech-va-verdir-notre-economie-1396451

[15] https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/la-france-veut-creer-des-champions-technologiques-de-la-transition-ecologique-884636.html

[16] https://www.letemps.ch/economie/biodiversite-un-investissement

[17] https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/vive-la-biodiversite-la-nature-socle-de-l-economie-148822.html

[18] https://www.lesechos.fr/thema/economie-durable/lerosion-de-la-biodiversite-est-un-risque-majeur-pour-les-entreprises-1273068

[19] https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/robots-plantes-des-scientifiques-cherchent-a-combiner-technologie-et-nature_2148280.html

[20] https://www.usinenouvelle.com/photos/innovation/mimesis-quand-la-nature-inspire-la-technologie.1088499/dans-le-vent-la-grain.1

[21] Depression is a disease of civilization, conference TEDx du psychologue Stephen Illardi (2013) et disponible sur Youtube : https://youtu.be/drv3BP0Fdi8.

Un monde obèse, Arte, 2020 : https://www.arte.tv/fr/videos/083970-000-A/un-monde-obese/

https://www.theguardian.com/news/2013/nov/20/mental-health-antidepressants-global-trends

[22] https://ourworldindata.org/causes-of-death

[23] https://www.liberation.fr/france/2015/11/24/en-2015-une-femme-sur-cinq-victime-de-violences-physiques-en-europe_1415860/

[24] La Fabrique du crétin digital, Michel Desmurget, 2019.

[25] https://www.caradisiac.com/une-moto-electrique-pour-lutter-contre-le-braconnage-en-afrique-du-sud-187824.htm

[26] https://www.futura-sciences.com/tech/breves/moto-electrique-motos-electriques-traquer-braconniers-afrique-sud-3662/

[27] https://www.tomsguide.fr/cake-kalk-ap-un-velo-electrique-pour-lutter-contre-le-braconnage-en-afrique/

[28] https://www.forbes.com/sites/nargessbanks/2021/01/27/cake-kalk-ap-is-a-solar-powered-anti-poaching-electric-off-road-motorbike/

[29] https://www.nationalgeographic.fr/animaux/en-10-ans-la-plus-grande-population-de-rhinoceros-a-decline-de-70-braconnage

[30] https://news.mongabay.com/2020/03/poaching-and-the-problem-with-conservation-in-africa-commentary/

[31] https://www.nationalgeographic.fr/animaux/en-10-ans-la-plus-grande-population-de-rhinoceros-a-decline-de-70-braconnage

[32] https://oxpeckers.org/2016/05/kruger-drones-struggle-to-take-off/

[33] https://www.buzzfeednews.com/article/tomwarren/wwf-world-wide-fund-nature-parks-torture-death

L’invention du colonialisme vert – Pour en finir avec le mythe de l’Éden africain, Guillaume Blanc, 2020.

[34] https://blogs.scientificamerican.com/primate-diaries/how-john-muir-s-brand-of-conservation-led-to-the-decline-of-yosemite/

[35] https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/20972-pour-les-proteger-participez-au-comptage-des-oiseaux/

[36] https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/nourrir-oiseaux-hiver-que-faire-ne-surtout-pas-faire-1755787.html

[37] https://fr.wikipedia.org/wiki/Divertissement

[38] https://www.zooniverse.org/

[39] https://conservationaction.co.za/recent-news/wildebeest-migrations-in-east-africa-face-extinction-what-must-be-done-2/

[40] https://e360.yale.edu/features/how-kenyas-push-for-development-is-threatening-its-prized-wild-lands

[41] https://theconversation.com/massive-african-infrastructure-projects-often-hurt-rather-than-help-local-people-132699

[42] https://news.samsung.com/be_fr/wildlife-watch-de-samsung-vous-invite-a-devenir-un-ranger-virtuel-et-a-surveiller-en-direct-les-especes-menacees-du-bush-africain

[43] https://www.bbc.com/afrique/monde-54747935

[44] https://youtu.be/IGHy4mgIvDk

[45] https://www.wedemain.fr/inventer/la-reconnaissance-faciale-ca-sert-aussi-a-preserver-les-animaux_a4535-html/

[46] https://greenwashingeconomy.com/de-nouvelles-technologies-energetiques-peuvent-elles-sauver-la-planete-posez-la-question-au-cachalot/

[47] https://www.conservation.org/about/annual-report

[48] https://www.conservation.org/about/board-of-directors

[49] https://www.conservation.org/experts-list/peter-seligmann

[50] https://www.feim.com/

[51] https://www.wedemain.fr/dechiffrer/elections-regionales-pourquoi-est-ce-un-enjeu-cle-pour-lecologie/

[52] https://www.wedemain.fr/decouvrir/velo-en-cafe-peinture-en-coquillage-shopping-de-printemps-insolite-et-durable/

[53] https://www.wedemain.fr/decouvrir/derriere-bitcoin-et-ethereum-ces-cryptomonnaies-improbables/

[54] https://www.wedemain.fr/inventer/la-blockchain-a-la-rescousse-des-agriculteurs-argentins/

[55] https://www.nytimes.com/2020/06/09/science/space-station-wildlife.html

https://www.nytimes.com/interactive/2021/01/12/magazine/animal-tracking-icarus.html

[56] https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr

[57] https://www.pbs.org/wgbh/nova/article/21st-century-threat-wildlife-cyberpoaching/

[58] https://www.unodc.org/unodc/fr/data-and-analysis/wildlife.html

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