« Le mouvement éco-anarchiste détruit les révolutionnaires potentiels » (par Theodore Kaczynski)
Traduction d’un texte du mathématicien Theodore Kaczynski qui date du début des années 2000. Il répond dans cette lettre aux questions d’une anarchiste turque, une dénommée Kara. Kaczynski y explique pourquoi il est passé à l’acte et aborde plusieurs thèmes : technologie, civilisation, violence, éco-anarchisme, société primitive, etc. Sur la base de nombreuses références, il démolit la vision idéalisée des peuples primitifs qui les présente comme parfaitement égalitaires, non violents, respectueux envers les animaux, etc. Il s’attaque à ce qu’il appelle le « Mouvement Anarchiste Vert » qui prône les mêmes valeurs que le système techno-industriel, ce qui risquerait selon lui d’anéantir l’effort de guerre pour mener à bien la Révolution Anti-Tech. Que des gens en soient encore à gaspiller de la salive, du temps et de l’énergie sur des sujets secondaires alors que le système technologique pourrait provoquer l’extinction de l’espèce humaine et détruire la biosphère, transformant ainsi la Terre en une nouvelle Mars ou une nouvelle Vénus, montre à quel point la nuisance progressiste gangrène les esprits.
Chère Kara,
Je suis désolé d’avoir mis si longtemps à répondre à ta lettre du 12 août. Je suis habituellement très occupé, surtout pour répondre au courrier, et ta lettre est de celles auxquelles on ne peut répondre à la hâte, car certaines de tes questions exigent des réponses longues, complexes et mûrement réfléchies.
Pour cette même raison, il me faudrait un temps déraisonnable pour répondre à toutes tes questions. Je ne répondrai donc qu’à certaines d’entre elles, celles qui me paraissent les plus importantes et celles auxquelles il est possible de répondre facilement et brièvement.
Biographie
Kara : Où/quand es-tu né ?
Je suis né le 22 mai 1942 à Chicago dans l’Illinois, aux États-Unis.
Kara : quelles écoles as-tu fréquentées ?
J’ai été diplômé d’une école primaire et d’un lycée à Evergreen Park, dans l’Illinois. J’ai obtenu une licence à l’université de Harvard, ainsi qu’une maîtrise et un doctorat en mathématiques à l’université du Michigan.
Kara : Quel était ton travail ?
Après avoir obtenu mon doctorat à l’université du Michigan, j’ai été professeur adjoint de mathématiques pendant deux ans à l’université de Californie.
Kara : As-tu été marié ? As-tu des enfants ?
Je n’ai jamais été marié et je n’ai pas d’enfants.
Rejet de la civilisation
Kara : Tu étais mathématicien – penses-tu aux encore mathématiques aujourd’hui ? Quel était l’élément déclencheur qui a radicalement changé tes idées ? Quand as-tu commencé à penser que le problème était la civilisation ? Peux-tu dire en quelques mots pourquoi tu en es venu à rejeter la civilisation ? Comment/quand as-tu décidé de vivre dans la forêt ?
Une réponse complète à ces questions serait excessivement longue et compliquée, mais je dirais les choses suivantes :
Le processus par lequel j’en suis venu à rejeter la modernité et la civilisation a commencé lorsque j’avais onze ans. À cet âge, j’ai commencé à être attiré par le mode de vie primitif suite à mes lectures sur la vie de l’homme de Neandertal. Les années suivantes, jusqu’à mon entrée à l’université de Harvard à l’âge de seize ans, je rêvais de m’échapper de la civilisation et d’aller vivre dans un endroit sauvage. Pendant la même période, mon dégoût pour la vie moderne s’est accru à mesure que je prenais conscience que les gens dans la société industrielle étaient réduits au statut de rouages imbriqués dans une machine, qu’ils manquaient de liberté et étaient à la merci des grandes organisations qui contrôlaient leurs conditions de vie.
Après mon entrée à l’université de Harvard, j’ai suivi quelques cours d’anthropologie qui m’ont permis d’en apprendre davantage sur les peuples primitifs et m’ont donné envie d’acquérir certaines des connaissances qui leur permettaient de vivre à l’état sauvage. Par exemple, je souhaitais avoir leur connaissance des plantes comestibles. Mais je ne savais pas du tout où trouver ces connaissances jusqu’à ce que, quelques années plus tard, je découvre à ma grande surprise qu’il existait des livres sur les plantes sauvages comestibles. Le premier livre de ce type que j’ai acheté était Stalking the Wild Asparagus d’Euell Gibbons, et après cela, lorsque je rentrais de l’université et des études supérieures pendant les étés, je me rendais plusieurs fois par semaine dans les réserves forestières du comté de Cook, près de Chicago, pour chercher des plantes comestibles. Au début, cela me paraissait étrange d’aller tout seul dans la forêt, loin de toutes les routes et de tous les chemins. Mais au fur et à mesure que j’apprenais à connaître la forêt et les nombreuses plantes et animaux qui y vivent, le sentiment d’étrangeté disparaissait et je me sentais de plus en plus à l’aise dans la forêt. J’ai également acquis la certitude que je ne voulais pas passer toute ma vie au sein de la civilisation, et que je voulais aller vivre dans un endroit sauvage.
Dans le même temps, je me débrouillais bien en mathématiques. C’était amusant de résoudre des problèmes mathématiques, mais les mathématiques finissaient par être ennuyeuses et vides de sens. Pour moi, elles n’avaient aucun but. Si j’avais travaillé sur les mathématiques appliquées, j’aurais contribué au développement de la société technologique que je détestais, alors je n’ai travaillé que sur les mathématiques pures. Mais les mathématiques pures n’étaient qu’un jeu. Je ne comprenais pas alors, et je ne comprends toujours pas pourquoi les mathématiciens se satisfont de gaspiller leur vie entière avec un simple jeu. J’étais moi-même complètement insatisfait d’une telle vie. Je savais ce que je voulais : partir et vivre dans un endroit sauvage. Mais je ne savais pas comment m’y prendre. À cette époque, il n’y avait pas de mouvements primitivistes, pas de survivalistes, et quiconque abandonnait une carrière prometteuse en mathématiques pour aller vivre au milieu des forêts ou des montagnes aurait été considéré comme fou ou stupide. Je ne connaissais pas une seule personne qui aurait pu comprendre pourquoi je désirais faire une telle chose. Aussi, au fond de mon cœur, j’étais convaincu que je ne parviendrais jamais à échapper à la civilisation.
Comme je trouvais la vie moderne absolument inacceptable, j’étais de plus en plus désespéré jusqu’à ce que, à l’âge de 24 ans, j’arrive à une sorte de crise : je me sentais si malheureux que je me fichais de vivre ou de mourir. Et lorsque j’ai atteint ce point, un changement soudain s’est produit : j’ai réalisé que si je ne me souciais pas de vivre ou de mourir, alors je n’avais pas à craindre les conséquences de ce que je pourrais faire. Je pouvais donc faire tout ce que je voulais. J’étais libre ! Ce fut le grand tournant de ma vie, car c’est à ce moment-là que j’ai acquis le courage qui ne m’a plus jamais quitté depuis. C’est aussi à cette époque que j’ai acquis la certitude que j’irai bientôt vivre dans la nature, quelles qu’en soient les conséquences. J’ai passé deux ans à enseigner à l’université de Californie afin d’économiser un peu d’argent, puis j’ai démissionné de mon poste et je suis parti à la recherche d’un endroit où vivre dans la forêt.
Motivations pour les attentats
Kara : Comment/quand as-tu décidé de passer à l’acte ?
Cela prendrait trop de temps de donner une réponse complète à la dernière partie de ta neuvième question, mais je vais te donner une réponse partielle en citant ce que j’ai écrit dans mon journal le 14 août 1983 :
« Le 5 août, j’ai commencé une randonnée vers l’est. Je suis arrivé à mon camp dissimulé que j’ai établi dans un ravin non loin d’un endroit que j’ai appelé “Diagonal Gulch”. J’y suis resté jusqu’au lendemain, le 6 août. J’y ai ressenti la paix de la forêt. Mais il y a peu de myrtilles là-bas, et bien qu’il y ait des cerfs, il y a très peu de petit gibier. De plus, il y avait longtemps que je n’avais pas vu le beau plateau isolé où prennent naissance les différentes branches de Trout Creek [« ruisseau de la truite », creek signifie « ruisseau », NdT]. J’ai donc décidé de partir pour cette région le 7 août. Un peu après avoir traversé les routes dans le voisinage de Crater Mountain, j’ai commencé à entendre des tronçonneuses ; le bruit semblait provenir du cours supérieur de Roaster Bill Creek. J’ai supposé qu’ils coupaient des arbres ; je n’aimais pas cela, mais je pensais pouvoir éviter ce genre de choses lorsque je serai sur le plateau. En traversant les collines sur mon chemin, j’ai vu en contrebas une nouvelle route qui n’existait pas auparavant, et qui semblait traverser l’une des crêtes qui ferment Stemple Creek. J’ai eu un peu mal au cœur. Néanmoins, j’ai continué jusqu’au plateau. Ce que j’y ai trouvé m’a brisé le cœur. Le plateau était sillonné de nouvelles routes, larges et bien construites pour des routes de ce genre. Le plateau est ruiné à jamais. La seule chose qui pouvait le sauver maintenant serait l’effondrement de la société technologique. Je ne pouvais pas supporter ça. C’était le meilleur endroit, le plus beau et le plus isolé dans le coin, et j’en ai de merveilleux souvenirs.
Une route passait à quelques centaines de mètres d’un endroit charmant où j’ai campé pendant longtemps il y a quelques années et où j’ai passé de nombreuses heures joyeuses. Plein de chagrin et de rage, j’y suis retourné et j’ai campé près de South Fork Humbug Creek.
Le lendemain, je me suis mis en route vers ma cabane. Ma route m’a fait passer devant un endroit magnifique, un de mes endroits préférés où il y avait une source d’eau pure que l’on pouvait boire sans danger sans avoir à la faire bouillir. Je me suis arrêté et j’ai dit une sorte de prière pour l’esprit de la source. C’était une prière dans laquelle je jurais que je me vengerais de ce que la forêt avait subi. »
Mon journal poursuit ainsi : « […] et puis je suis rentré chez moi aussi vite que possible parce que j’avais quelque chose à faire ! »
Tu devines ce que j’avais à faire.
Technologie et civilisation
Kara : Qu’est-ce qui t’a conduit à cibler la technologie ? Comment penses-tu que nous pouvons détruire la civilisation ? Qu’est-ce qui rendra sa destruction plus proche ?
Une réponse complète à ces questions prendrait trop de temps. Mais les remarques suivantes sont pertinentes :
Le problème de la civilisation est identique au problème de la technologie. Permets-moi d’abord d’expliquer que lorsque je parle de technologie, je ne me réfère pas seulement aux appareils physiques tels que les outils et les machines. J’inclus également les techniques, telles que les techniques de la chimie, du génie civil ou de la biotechnologie. Sont également incluses les techniques humaines telles que celles de la propagande ou de la psychologie de l’éducation, ainsi que les techniques d’organisation qui ne pourraient exister à un niveau avancé sans les éléments physiques – les outils, les machines et les structures – dont dépend l’ensemble du système technologique.
Cependant, la technologie au sens large du terme comprend non seulement la technologie moderne, mais aussi les techniques et les appareils physiques qui existaient à des stades antérieurs de la société. Par exemple, les charrues, les harnais pour les animaux, les outils des forgerons, les races de plantes et d’animaux domestiqués et les techniques d’agriculture, d’élevage et de travail des métaux. Les premières civilisations dépendaient de ces technologies, ainsi que des techniques humaines et organisationnelles nécessaires pour gouverner un grand nombre de personnes. Les civilisations ne peuvent exister sans la technologie sur laquelle elles reposent. Inversement, là où la technologie est disponible, la civilisation est susceptible de se développer tôt ou tard.
Ainsi, le problème de la civilisation peut être assimilé au problème de la technologie. Plus nous pouvons faire reculer la technologie, plus nous ferons reculer la civilisation. Si nous pouvions repousser la technologie jusqu’à l’âge de pierre, il n’y aurait plus de civilisation.
Violence
Kara : Ne penses-tu pas que la violence, c’est de la violence ?
En référence à mes actions présumées, tu me demandes : « Ne penses-tu pas que la violence, c’est de la violence ? » Bien sûr, la violence est la violence. Et la violence est aussi une composante nécessaire dans la nature. Si les prédateurs ne tuaient pas les membres des espèces-proies, ces dernières se multiplieraient au point de détruire leur environnement en consommant tout ce qui est comestible. De nombreuses espèces animales sont violentes, même contre les membres de leur propre espèce. Par exemple, il est bien connu que les chimpanzés sauvages tuent souvent d’autres chimpanzés. Voir, par exemple, Time Magazine, 19 août 2002, page 56. Dans certaines régions, les bagarres sont fréquentes entre ours sauvages. Le magazine Bear and Other Top Predators, volume 1, numéro 2, pages 28-29, montre une photographie d’ours se battant et une photographie d’un ours blessé lors d’un combat, et mentionne que ces blessures peuvent être mortelles. Chez les oiseaux de mer appelés fous bruns, deux œufs sont pondus dans chaque nid. Après l’éclosion des œufs, l’un des jeunes oiseaux attaque l’autre et le force à sortir du nid, de sorte qu’il meurt. Voir l’article « Sibling Desperado », Science News, volume 163, 15 février 2003.
Les êtres humains à l’état sauvage constituent l’une des espèces les plus violentes. Une bonne étude générale des cultures des peuples chasseurs-cueilleurs est The Hunting Peoples, de Carleton S. Coon, publié par Little, Brown and Company, Boston et Toronto, 1971. Dans ce livre, tu trouveras de nombreux exemples, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, de violence exercée par des êtres humains contre d’autres êtres humains. Le professeur Coon indique clairement (pages XIX, 3, 4, 9, 10) qu’il admire les peuples de chasseurs-cueilleurs et les considère comme plus chanceux que les peuples civilisés. Mais c’est un homme honnête et il ne censure pas certains aspects de la vie primitive – comme la violence – qui semblent désagréables aux gens modernes.
Ainsi, il est clair qu’une dose importante de violence est une composante naturelle de la vie humaine. Il n’y a rien de mal à la violence en soi. Dans un cas particulier, le caractère bon ou mauvais de la violence dépend de la manière dont elle est utilisée et de l’objectif poursuivi.
Alors pourquoi les modernes considèrent-ils la violence comme un mal en soi ? Pour une seule raison : ils ont subi un lavage de cerveau par la propagande. La société moderne utilise diverses formes de propagande pour apprendre aux gens à être effrayés et horrifiés par la violence parce que le système techno-industriel a besoin d’une population craintive, docile, qui a peur de s’affirmer, une population qui ne causera pas de problèmes et ne perturbera pas le fonctionnement ordonné du système. Le pouvoir dépend en définitive de la force physique. En enseignant aux gens que la violence est un mal (sauf, bien sûr, lorsque le système lui-même utilise la violence par le biais de la police ou de l’armée), le système maintient son monopole sur la force physique et garde ainsi tout le pouvoir entre ses mains.
Peu importe les rationalisations philosophiques ou morales que les gens peuvent inventer pour expliquer que la violence est mauvaise, la véritable raison de cette conviction est qu’ils ont inconsciemment absorbé la propagande du système.
Anarchisme Vert
Kara : Comment vois-tu les anarchistes, les anarchistes verts, les anarcho-primitivistes ? Es-tu d’accord avec eux ? Comment vois-tu le végétarisme/végétalisme ? Que penses-tu du refus de manger et d’utiliser des animaux ? Que penses-tu de la libération des animaux/de la terre ? Que penses-tu de groupes tels que Earth First !, Earth Liberation Front et Gardening Guerillas ?
Tous les groupes que tu mentionnes ici font partie d’un seul et même mouvement. (Appelons-le Mouvement Anarchiste Vert (AV)). Bien sûr, ces gens ont raison dans la mesure où ils s’opposent à la civilisation et à la technologie sur laquelle elle est fondée. Mais, en raison de la forme sous laquelle ce mouvement se développe, il peut en fait contribuer à protéger le système techno-industriel et servir d’obstacle à la révolution. Je m’explique :
Il est difficile de supprimer la rébellion directement. Lorsque la rébellion est réprimée par la force, elle éclate très souvent à nouveau plus tard sous une nouvelle forme que les autorités ont plus de mal à contrôler. En 1878, le Reichstag allemand a par exemple promulgué des lois sévères et répressives contre le mouvement social-démocrate, ce qui a eu pour effet d’écraser le mouvement et de semer la confusion, de disperser et décourager ses membres. Mais seulement pour une courte période. Le mouvement s’est rapidement ressaisi, est devenu plus énergique et trouva de nouveaux moyens de diffuser ses idées, de sorte qu’en 1884, il est plus fort que jamais. G. A. Zimmermann, Das Neunzehnte Jahrhundert : Geshichtlicher und kulturhistorischer Rückblick, Druck und Verlag von Geo. Brumder, Milwaukee, 1902, page 23.
Ainsi, les observateurs avisés des affaires humaines savent que les classes puissantes d’une société peuvent se défendre le plus efficacement contre la rébellion en n’utilisant la force et la répression directe que dans une mesure limitée, et en s’appuyant principalement sur la manipulation pour détourner la rébellion. L’un des dispositifs les plus efficaces utilisés consiste à fournir des canaux par lesquels les impulsions rebelles peuvent s’exprimer de manière inoffensive pour le système. Par exemple, il est bien connu qu’en Union soviétique, le magazine satirique Krokodil fût conçu pour offrir un exutoire aux plaintes et au ressentiment à l’égard des autorités d’une manière qui ne conduirait personne à remettre en question la légitimité du système soviétique ou à se rebeller sérieusement contre lui.
Mais le système « démocratique » de l’Occident a développé des mécanismes pour détourner la rébellion beaucoup plus sophistiqués et efficaces que ceux qui existaient en Union soviétique. Il est vraiment remarquable que, dans la société occidentale moderne, les gens se « rebellent » en faveur des valeurs du système même contre lequel ils s’imaginent se rebeller. La gauche se « rebelle » en faveur de l’égalité raciale et religieuse, de l’égalité des femmes et des homosexuels, du traitement humain des animaux, etc. Mais ce sont les valeurs que les médias de masse américains nous enseignent encore et encore chaque jour. Les gauchistes ont subi un tel lavage de cerveau par la propagande médiatique qu’ils ne sont capables de se « rebeller » qu’en fonction de ces valeurs, qui sont les valeurs du système techno-industriel lui-même. De cette façon, le système a réussi à détourner les impulsions rebelles de la gauche vers des canaux inoffensifs pour le système.
Société primitive
La vision romantique
La rébellion contre la technologie et la civilisation est une vraie rébellion, une vraie attaque contre les valeurs du système existant. Mais les anarchistes verts, les anarcho-primitivistes, et ainsi de suite (le « Mouvement AV ») sont tellement influencés par la gauche que leur rébellion contre la civilisation a été en grande partie neutralisée. Au lieu de se rebeller contre les valeurs de la civilisation, ils ont adopté eux-mêmes de nombreuses valeurs civilisées et ont construit une image imaginaire des sociétés primitives qui incarne ces valeurs civilisées. Ils prétendent que les chasseurs-cueilleurs ne travaillaient que deux ou trois heures par jour (ce qui reviendrait à quelque chose comme 14 à 21 heures par semaine), qu’ils bénéficiaient de l’égalité des sexes, qu’ils respectaient les droits des animaux, qu’ils prenaient soin de ne pas endommager leur environnement, etc. Mais tout cela n’est qu’un mythe. Si vous lisez de nombreux rapports écrits par des personnes qui ont personnellement observé des sociétés de chasseurs-cueilleurs à une époque où celles-ci étaient relativement exemptes de l’influence de la civilisation, vous verrez que :
- Toutes ces sociétés mangeaient une certaine forme de nourriture animale, aucune n’était végétalienne.
- La plupart (sinon toutes) de ces sociétés étaient cruelles envers les animaux.
- La majorité de ces sociétés ne pratiquaient pas l’égalité des sexes.
- L’estimation de deux ou trois heures de travail par jour, ou de 14 à 21 heures par semaine, se base sur une définition trompeuse du « travail ». Une estimation minimale plus réaliste pour des chasseurs-cueilleurs entièrement nomades serait probablement d’environ quarante heures de travail par semaine, et certains travaillaient beaucoup plus que cela.
- La plupart de ces sociétés n’étaient pas non-violentes.
- La compétition existait dans la plupart, ou probablement dans toutes ces sociétés. Dans certaines d’entre elles, la concurrence pouvait prendre des formes violentes.
- Ces sociétés variaient grandement quant à la mesure dans laquelle elles prenaient soin de ne pas endommager leur environnement. Certaines ont pu être d’excellentes conservatrices de la nature, mais d’autres ont endommagé leur environnement par une chasse excessive, une utilisation imprudente du feu ou d’autres moyens.
Je pourrais citer de nombreuses sources d’information fiables à l’appui des affirmations qui précèdent, mais si je le faisais, cette lettre deviendrait déraisonnablement longue. Je réserverai donc une documentation complète pour une occasion plus appropriée. Je ne citerai ici que quelques exemples.
Cruauté envers les animaux
Pygmées Mbuti :
« Le jeune homme l’avait éventré dès le premier coup porté, clouant l’animal au sol par la partie charnue de l’estomac. Mais l’animal était encore bien vivant, luttant pour sa liberté. […] Maipe lui planta une autre lance dans le cou, mais il se tordait toujours et se débattait. Ce n’est que lorsqu’une troisième lance lui transperça le cœur qu’il abandonna la lutte. […] [L]es autres Pygmées se tenaient autour d’eux en un groupe. Excités, ils montraient du doigt en riant l’animal mourant. D’autres fois, j’ai vu des Pygmées brûler les plumes d’oiseaux encore vivants, expliquant que la viande est plus tendre si la mort est lente. Et les chiens utilisés pour la chasse, aussi précieux soient-ils, reçoivent d’impitoyables coups de pied du jour de leur naissance au jour de leur mort. »
– Colin Turnbull, The Forest People, Simon and Schuster, 1962, page 101.
Les Esquimaux : les Esquimaux avec lesquels vivait Gontran de Poncins donnaient des coups de pied et battaient brutalement leurs chiens. Gontran de Poncins, Kabloona, Time-Life Books, Alexandria, Virginie, 1980, pages 29, 30, 49, 189, 196, 198-99, 212, 216.
Siriono : les Siriono capturaient parfois de jeunes animaux vivants et les ramenaient au camp, mais ils ne leur donnaient rien à manger, et les animaux étaient traités si rudement par les enfants qu’ils mouraient rapidement. Allan R. Holmberg, Nomads of the Long Bow : The Siriono of Eastern Bolivia, The Natural History Press, Garden City, New York, 1969, pages 69-70, 208. (Les Siriono n’étaient pas de purs chasseurs-cueilleurs, puisqu’ils cultivaient la terre dans une certaine mesure à certaines périodes de l’année, mais ils vivaient principalement de la chasse et de la cueillette. Holmberg, pages 51, 63, 67, 76-77, 82-83, 265).
Manque d’égalité entre les sexes
Les pygmées Mbuti : Turnbull affirme que chez les Mbuti, « Une femme n’est en aucun cas inférieure socialement à un homme » (Colin Turnbull, Wayward Servants, The Natural History Press, Garden City, New York, 1965, page 270), et que « la femme n’est pas discriminée » (Turnbull, Forest People, page 154). Mais dans ces mêmes ouvrages, Turnbull énonce un certain nombre de faits qui montrent que les Mbuti n’avaient pas l’égalité des sexes au sens où on l’entend aujourd’hui. « Une certaine quantité de coups portés à la femme est considérée comme une bonne chose, et on attend de la femme qu’elle se défende. » Wayward Servants, page 287. « Il a dit qu’il était très satisfait de sa femme, et qu’il n’avait pas trouvé nécessaire de la battre souvent. » Forest People, page 205. L’homme jette sa femme à terre et la gifle. Wayward Servants, page 211. Le mari bat sa femme. Wayward Servants, page 192. Les Mbuti pratiquent ce que les Américains appelleraient le date rape [« viol par une connaissance », NdT]. Wayward Servants, page 137. Turnbull mentionne deux cas d’hommes donnant des ordres à leurs femmes. Wayward Servants, pages 288-89 ; Forest People, page 265. Je n’ai trouvé aucun exemple dans les livres de Turnbull de femmes donnant des ordres à leurs maris.
Siriono : les Siriono ne battaient pas leurs femmes. Holmberg, page 128. Mais : « Une femme est soumise à son mari. » Holmberg, page 125. « La famille élargie est généralement dominée par l’homme actif le plus âgé. » Page 129. « Les femmes […] sont dominées par les hommes. » Page 147. « Les avances sexuelles sont généralement faites par les hommes. […] Si un homme se trouve seul dans la forêt avec une femme, il peut la jeter à terre brutalement et prendre son butin sans même dire un mot. » Page 163. Les parents préfèrent nettement avoir des enfants de sexe masculin. Page 202. Voir aussi les pages 148, 156, 168-69, 210, 224.
Aborigènes d’Australie : « Plus loin au nord et à l’ouest [en Australie] […] le pouvoir perceptible se trouvait entre les mains des hommes matures, pleinement initiés et généralement polygynes, âgés de trente à cinquante ans, et le contrôle sur les femmes et les jeunes hommes se partageait entre eux. » Carleton S. Coon, The Hunting Peoples (cité précédemment), page 255. Parmi certaines tribus australiennes, les jeunes femmes étaient forcées d’épouser des hommes âgés, principalement dans le but de les faire travailler pour ces hommes. Les femmes qui refusaient étaient battues jusqu’à ce qu’elles cèdent. Voir Aldo Massola, The Aborigines of South-Eastern Australia : As They Were, The Griffin Press, Adelaide, Australie, 1971. Je n’ai pas la page exacte, mais vous trouverez probablement ce qui précède entre les pages 70 et 80.
Temps passé à travailler
Une bonne étude générale sur ce sujet est livrée par Elizabeth Cashdan, Hunters and Gatherers : Economic Behaviour in Bands, dans Stuart Plattner (éditeur), Economic Anthropology, Stanford University Press, 1989, pages 21-48. Cashdan évoque une étude de Richard Lee, qui a découvert qu’un certain groupe de Bushmen !Kung travaillait un peu plus de quarante heures par semaine. Elle souligne, aux pages 24 et 25, que l’étude de Lee a été réalisée à une période de l’année où les !Kung travaillaient le moins, et qu’ils ont pu travailler beaucoup plus à d’autres moments de l’année. Elle souligne à la page 26 que l’étude de Lee n’incluait pas le temps passé à s’occuper des enfants. Et aux pages 24-25, elle mentionne d’autres chasseurs-cueilleurs qui travaillaient plus longtemps que les Bushmen étudiés par Lee. Quarante heures par semaine représente probablement une estimation minimale du temps de travail des chasseurs-cueilleurs totalement nomades. Gontran de Poncins, Kabloona (cité précédemment), page 111, affirme que les Esquimaux avec lesquels il a vécu travaillaient quinze heures par jour. Il ne voulait probablement pas dire qu’ils travaillaient quinze heures chaque jour, mais il ressort clairement de son livre que les Esquimaux étudiés travaillaient beaucoup.
Chez les pygmées Mbuti qui utilisent des filets pour chasser, « la fabrication de filets est pratiquement une occupation à plein temps […] à laquelle hommes et femmes s’adonnent dès qu’ils en ont le temps et l’envie. » Turnbull, Forest People, page 131. Chez les Siriono, les hommes chassaient, en moyenne, tous les deux jours. Holmberg, pages 75-76. Ils partaient au lever du jour et revenaient au camp généralement entre quatre et six heures de l’après-midi. Holmberg, pages 100-101. Cela fait en moyenne au moins onze heures de chasse, et à raison de trois jours et demi par semaine, cela donne une moyenne de 38 heures de chasse par semaine, au minimum. Comme les hommes effectuaient également une quantité importante de travail les jours où ils ne chassaient pas (pages 76, 100), leur semaine de travail, en moyenne sur l’année, devait être bien supérieure à quarante heures. En fait, Holmberg estime que les Siriono passaient environ la moitié de leur temps éveillé à chasser et à chercher de la nourriture (page 222), ce qui signifie qu’ils consacraient environ 56 heures par semaine à ces seules activités. Si l’on inclut les autres travaux, la semaine de travail aurait dû être bien supérieure à soixante heures. La femme Siriono « jouit d’encore moins de répit dans le travail que son mari » et « l’obligation d’amener ses enfants à maturité lui laisse peu de temps pour se reposer. » Holmberg, page 224. Pour d’autres informations indiquant à quel point les Siriono devaient travailler dur, voir les pages 87, 107, 157, 213, 220, 223, 246, 248-49, 254, 268.
Violence
Comme nous l’avons déjà mentionné, on trouve de nombreux exemples de violence dans The Hunting Peoples de Coon. Selon Gontran de Poncins, Kabloona, pages 116-120, 125, 162-165, 237-238, 244, les homicides – généralement par un coup de couteau dans le dos – étaient plutôt courants chez ses Esquimaux. Les pygmées Mbuti étaient probablement l’un des peuples primitifs les moins violents que je connaisse, puisque Turnbull ne rapporte aucun cas d’homicide parmi eux (hormis l’infanticide ; voir Wayward Servants, page 130). Cependant, tout au long de The Forest People et Wayward Servants, Turnbull mentionne de nombreux cas de coups et de bagarres à coups de poing ou de bâton. Paul Schebesta, Die Bambuti-Pygäen vom Ituri, Volume I, Institut Royal Colonial Belge, Bruxelles, 1938, pages 81-84, rapporte des preuves qu’au cours de la première moitié du XIXe siècle, les Mbuti ont mené une guerre meurtrière contre les Africains vivant dans les villages qui habitaient également dans leur forêt. (Pour l’infanticide, voir Schebesta, page 138).
Compétition
La présence de la concurrence dans les sociétés pratiquant chasse et cueillette est prouvée par les combats qui ont eu lieu dans certaines d’entre elles. Voir par exemple Coon, Hunting Peoples, pages 238, 252, 257-58. Si un combat physique n’est pas une forme de compétition, alors rien ne l’est.
Les bagarres peuvent résulter d’une compétition pour des partenaires. Par exemple, Turnbull, Wayward Servants, page 206, mentionne une femme qui a perdu trois dents en se battant avec une autre femme pour un homme. Coon, page 260, mentionne des combats entre aborigènes australiens pour l’obtention de femmes. La compétition pour la nourriture peut également conduire à des querelles. « Cela ne veut pas dire que le partage [de la viande] se fait sans aucune dispute ni acrimonie. Au contraire, lorsque les chasseurs rapportent leur butin au camp, les disputes qui s’en suivent sont fréquemment longues et bruyantes […]. » Turnbull, Wayward Servants, page 158. Coon fait référence à des « disputes véhémentes » au sujet du partage de la viande de baleine chez certains Eskimos. Hunting Peoples, page 125.
Conclusion
Je pourrais continuer encore et encore à citer des faits concrets qui montrent à quel point est ridicule l’image de peuples primitifs protégeant l’environnement, ne connaissant pas la compétition, pratiquant le végétarisme, l’égalité des sexes et respectant les droits des animaux, ou encore n’ayant pas besoin de travailler pour vivre. Mais cette lettre est déjà trop longue, aussi les exemples déjà donnés devront-ils suffire.
Je ne veux pas dire par là que le mode de vie de chasseur-cueilleur était pire que la vie moderne. Au contraire, je crois qu’il était meilleur au-delà de toute comparaison. Beaucoup, voire la plupart des chercheurs qui ont étudié les chasseurs-cueilleurs ont exprimé leur respect, leur admiration, voire leur envie à l’égard de ces cultures. Par exemple, Cashdan, page 21, qualifie le mode de vie de chasse et de cueillette de « très réussi ». Coon, page XIX, fait référence à la « vie pleine et satisfaisante » des chasseurs-cueilleurs. Turnbull, Forest People, page 26, écrit :
« [Les Mbuti] étaient un peuple qui avait trouvé dans la forêt quelque chose qui rendait leur vie plus que digne d’être vécue, quelque chose qui en faisait, avec toutes ses difficultés, ses problèmes et ses tragédies, une chose merveilleuse, pleine de joie et de bonheur et exempte de soucis. »
Schebesta écrit, page 73 :
« Combien sont variés les dangers, mais aussi les expériences joyeuses lors de ces excursions de chasse et de ces innombrables voyages à travers la forêt vierge ! Nous, qui vivons un âge mécanique dépourvu de poésie, ne pouvons qu’avoir une vague idée de la profondeur avec laquelle tout cela façonne l’attitude des habitants de la forêt et les touche dans leur pensée mystico-magique. »
Et à la page 205 :
« Les pygmées se présentent à nous comme l’une des races humaines les plus naturelles, comme des personnes qui vivent exclusivement en accord avec la nature et sans violation de leur organisme physique. Parmi leurs principaux traits de caractère, on peut citer une nature et une vivacité exceptionnellement robustes, une gaieté et une insouciance sans pareilles. Ce sont des personnes dont la vie se déroule en conformité avec les lois de la nature. »
Mais il est évident que les raisons pour lesquelles la vie primitive était meilleure que la vie civilisée n’avaient rien à voir avec l’égalité des sexes, la gentillesse envers les animaux, l’absence de compétition ou la non-violence. Ces valeurs sont les valeurs ramollies de la civilisation moderne. En projetant ces valeurs sur les sociétés de chasse et de cueillette, le mouvement éco-anarchiste a créé le mythe d’une utopie primitive qui n’a en réalité jamais existé.
Anarchisme Vert et révolution
Ainsi, même si le mouvement Anarchiste Vert (AV) prétend rejeter la civilisation et la modernité, il reste asservi à certaines des valeurs les plus importantes de la société moderne. Pour cette raison, le mouvement AV ne peut pas être un mouvement révolutionnaire efficace.
En premier lieu, une partie de l’énergie du mouvement AV est détournée du véritable objectif révolutionnaire – éliminer la technologie moderne et la civilisation en général – en faveur de questions pseudo-révolutionnaires (racisme, sexisme, droits des animaux, droits des homosexuels, et ainsi de suite).
En second lieu, à cause de son engagement dans ces questions pseudo-révolutionnaires, le mouvement AV pourrait attirer trop de gauchistes – des gens qui sont moins intéressés par l’élimination de la civilisation moderne que par les questions gauchistes de racisme, de sexisme, etc. Cela entraînerait une nouvelle déviation de l’énergie du mouvement au détriment des questions de la technologie et de la civilisation.
En troisième lieu, l’objectif de garantir les droits des femmes, des homosexuels, des animaux, etc., est incompatible avec l’objectif d’éliminer la civilisation, car les femmes et les homosexuels dans les sociétés primitives n’ont souvent pas l’égalité, et ces sociétés sont généralement cruelles envers les animaux. Si l’objectif est de garantir les droits de ces groupes, la meilleure politique est de s’en tenir à la civilisation moderne.
En quatrième lieu, l’adoption par le mouvement AV de nombreuses valeurs progressistes de la civilisation moderne, ainsi que son mythe d’une utopie primitive progressiste, attire trop de personnes ramollies et idéalistes, des incapables et des paresseux plus enclins à se réfugier dans des fantasmes utopiques qu’à prendre des mesures efficaces et réalistes pour se débarrasser du système techno-industriel.
En fait, il existe un grave danger que le mouvement AV prenne la même voie que le christianisme. À l’origine, sous la direction personnelle de Jésus-Christ, le christianisme n’était pas seulement un mouvement religieux, mais aussi un mouvement de révolution sociale. En tant que mouvement purement religieux, le christianisme s’est avéré être un succès, mais en tant que mouvement révolutionnaire, il a été un échec total. Il n’a rien fait pour corriger les inégalités sociales de son époque et, dès que les chrétiens ont eu l’occasion de conclure un accord avec l’empereur Constantin, ils se sont vendus et ont intégré la structure de pouvoir de l’Empire romain.
Il semble y avoir des ressemblances troublantes entre la psychologie du mouvement AV et celle du christianisme primitif. Les analogies entre les deux mouvements sont frappantes : l’utopie primitive = le Jardin d’Eden ; le développement de la civilisation = la Chute, le péché originel, le fait de manger la pomme de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal ; la Révolution = le Jour du Jugement ; le retour à l’utopie primitive = l’arrivée du Royaume de Dieu. Le véganisme joue probablement le même rôle psychologique que les restrictions alimentaires du christianisme (jeûne pendant le Carême) et d’autres religions. Les risques pris par les activistes en utilisant leur corps pour bloquer les engins forestiers et d’autres choses de ce genre peuvent être comparés au martyre des premiers chrétiens qui se sont sacrifiés pour leurs croyances (sauf que le martyre des chrétiens exigeait beaucoup plus de courage que les tactiques des activistes d’aujourd’hui). Si le mouvement AV prend le même chemin que le christianisme, il sera lui aussi un échec total en tant que mouvement révolutionnaire.
Le Mouvement AV peut être non seulement inutile, mais pire qu’inutile, car il peut être un obstacle au développement d’un mouvement révolutionnaire efficace. Puisque l’opposition à la technologie et à la civilisation est une partie importante du programme du mouvement AV, les jeunes qui sont préoccupés par ce que la civilisation technologique fait au monde sont attirés par ce mouvement. Certes, tous ces jeunes ne sont pas des gauchistes ou des gens mous, rêveurs et inefficaces ; certains d’entre eux ont le potentiel pour devenir de véritables révolutionnaires. Mais dans le mouvement AV, ils sont moins nombreux que les gauchistes et autres personnes inutiles. Ils finissent donc par être neutralisés et corrompus, et leur potentiel révolutionnaire est gaspillé. En ce sens, on peut dire que le mouvement AV détruit les révolutionnaires potentiels.
Il sera nécessaire de construire un nouveau mouvement révolutionnaire qui se tiendra strictement séparé du mouvement AV et de ses valeurs progressistes et civilisées. Je ne veux pas dire qu’il y a quelque chose de mal avec l’égalité des sexes, la gentillesse envers les animaux, la tolérance de l’homosexualité, etc. Mais ces valeurs n’ont aucun rapport avec l’effort visant à éliminer la civilisation technologique. Ce ne sont pas des valeurs révolutionnaires. Un mouvement révolutionnaire efficace devra adopter à la place les valeurs inflexibles des sociétés primitives, telles que l’habileté, l’autodiscipline, l’honnêteté, l’endurance physique et mentale, l’intolérance aux contraintes imposées de l’extérieur, la capacité à supporter la douleur physique et, par-dessus tout, le courage.
P.S. Les lettres qui me sont adressées ne me parviennent pas toujours. Si tu m’écris et que tu ne reçois pas de réponse, c’est que je n’ai probablement pas reçu ta lettre. – TJK
Cordialement,
Ted Kaczynski