Convergence NBIC : vers une domination totale de la nature par la technologie
Le terme de convergence NBIC désigne les interactions croissantes entre quatre ensembles de sciences et technologies – nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives. La convergence NBIC est souvent associée au transhumanisme, ce mouvement porté par des humains en perdition qui rêvent de fusionner avec la machine.
Ce dossier regroupe des articles et des traductions publiés ces derniers mois. Ils abordent ce que les enthousiastes, aveuglés par le pouvoir colossal mis entre les mains d’Homo sapiens par ces avancées techniques, nomment la « nouvelle Renaissance » ou la « Quatrième Révolution Industrielle ». La recherche sur le cerveau a permis de construire des algorithmes reproduisant ses fonctions de traitement de l’information (réseau de neurones artificiels par exemple), ouvrant la voie au développement de l’intelligence artificielle. La puissance des ordinateurs et de l’intelligence artificielle permet aujourd’hui de décrypter les génomes des espèces vivantes à une échelle industrielle, ce qui incite les grandes firmes comme BASF à breveter des séquences génétiques de milliers d’espèces pour s’approprier le vivant. Récemment, des scientifiques sont parvenus à créer le premier organisme vivant entièrement artificiel, le xenobot. Ce dernier est capable de se déplacer, de se régénérer et de s’autoreproduire.
La convergence NBIC, c’est la poursuite du « délire prométhéen d’une maîtrise infinie du monde », pour reprendre les termes de l’économiste Geneviève Azam. Il s’agit de prendre le contrôle des processus biophysiques et biochimiques sur Terre, de domestiquer tous les êtres vivants, le climat, et en définitive la totalité de la biosphère. Problème, dans un monde entièrement refaçonné par les forces technologiques, il se pourrait bien que seuls des êtres enfantés par la technologie soient capables de survire. Si rien n’est fait pour stopper le développement technologique au cours des prochaines décennies, la Terre pourrait tout aussi bien être transformée en un caillou désertique similaire à Mars ou en une planète à l’atmosphère surchauffée et toxique de type Vénus.
Convergence NBIC, un projet de société (par Hélène Tordjman)
Le premier chapitre du livre La croissance verte contre la nature : critique de l’écologie marchande (2021) de l’économiste Hélène Tordjman a été entièrement reproduit avec les notes et références. Il se compose de deux parties :
- « Des technologies convergentes pour augmenter la performance humaine » : une utopie en marche ;
- De la convergence NBIC à la « bioéconomie ».
Nanotechnologies : applications, implications et risques (par Nicholas Winstead)
Traduction d’un article paru sur le Center for Security, Innovation and New Technology du site de l’American University of Washington, DC. On y apprend par exemple que les avancées des biotechnologies dans le domaine de la médecine peuvent également servir à fabriquer des armes biologiques dévastatrices.
Machine contre humain : le « grand remplacement », c’est pour quand ?
Suite à l’annonce d’Elon Musk sur la sortie d’un robot humanoïde par son entreprise Tesla, un article du Financial Times abordait récemment la question du remplacement des êtres humains par les robots.
Scientifiques et firmes s’approprient des morceaux d’ADN de milliers d’espèces
Les grandes firmes des biotechnologies déposent des brevets sur des séquences génétiques pour s’approprier des processus à la base de la vie, ce qui laisse craindre une prise de contrôle totale de la vie sur Terre par le système technologique.
L’avenir de la civilisation : le totalitarisme ou l’apocalypse (probablement les deux)
Analyse critique d’un article publié par le philosophe transhumaniste Nick Bostrom dans la revue Global Policy, et repris dans le magazine Aeon. L’auteur explique sans complexe que pour garder sous contrôle le développement technologique, pour éviter par exemple que des technologies surpuissantes conduisent à l’éradication de l’espèce humaine, il faudra transformer la planète entière en « panoptique high-tech ».